dimanche 28 juin 2009

Merci, mille fois Merci , Président Wade,


Maure et de surcroît originaire du Nord-Ouest, je serais censé être plus éloigné que les autres maures par rapport aux régions du Sud et leur prolongement naturel, le Sénégal millénaire, le Sénégal de la Teranga, c’est-à-dire du dialogue fraternel, de la compassion, de la patience et, il faut le dire, de l’intelligence.



Le Président Wade est peut être l’homme qui symbolise aujourd’hui toutes ces qualités en Afrique par sa sagesse incontestable, par son expérience politique immense, lui qui a milité humblement, plus d’un quart de siècle ; et souvent dans la frustration, pour conquérir le pouvoir par les urnes, c’est-à-dire la seule voie légitime pour un homme d’accéder à la magistrature suprême dans un pays qui se respecte, un pays qui veut compter à part entière parmi les nations.
Lors des élections sénégalaises de 2000, j’avais toute la nuit veillé pour égrener mentalement avec la radio Walfadjri les milliers de voix qui ont compté pour mener M. Wade à la tête du Sénégal, évènement inattendu pour le monde dans un pays où d’habitude le président en place devait tout naturellement gagner.
Le Président Wade, grand humaniste qui se définit lui-même comme un panafricaniste de souche, a toujours gardé un regard serein sur les évènements et sur les choses en général, sans jamais toutefois se détacher de ses principes souverains en tant qu’homme : aider l’africain à dépasser ses contradictions, faire accepter à ses frères du continent le principe d’envisager l’avenir avec sérénité tout en leur inculquant le désir de partager, encore partager ; partager et non s’exclure les uns les autres comme on a souvent l’occasion malheureuse de le voir tous les jours .
Le Président Wade, spécialiste de la communication par sa formation, tire aussi sa force incroyable de sa capacité à résister à la tentation de jeter l’éponge à l’inverse de l’africain qui par atavisme se réfugie dans la fatalité pour justifier la mauvaise tournure qu’ont pris certains moments de l’Histoire.
Homme de culture, philosophe s’il en est, mais par devoir plus que par tendance de goût, le Président Wade peut conter la Mauritanie comme il peut le faire pour enseigner l’Histoire du Sénégal, du Niger ou du Bostwana.
Aussi, le Président Wade est- il le mieux indiqué pour résoudre les conflits politiques sur notre continent, conflits ou crises qu’il analyse comme des « phénomènes de société », aussi graves et délicats qu’un conflit de famille ou de clan.
Le Président Wade, tout modestement, nous a donné à tous, mauritaniens et africains une bonne leçon d’Histoire contemporaine : La Mauritanie n’est pas plus un pays du Nord africain qu’un pays du Sud du Sahara.

Le long périple de négociations se serait déroulé en Tunisie, au Maroc ou ailleurs, et par des personnalités autres que le Président Wade et M. Gadio, aurions nous eu les mêmes effets ? Rien n’est moins sûr !
Le Président Wade a fait sienne la crise mauritanienne tant et si bien qu’il a fédéré les deux pays, le Sénégal et la Mauritanie, devenus de fait un seul et unique pays pendant près de trois mois.
Lorsque j’écoute le président Wade, chose extraordinaire, je le comprends comme un pur semblable de souche. Ses réflexions sont les miennes ; ses colères tranquilles, je les ressens comme son fils Karim les ressentirait, comme un sénégalais les appréhenderait.
Je pense que l’effet Wade n’est pas un phénomène isolé à attribuer aux seules particularités intrinsèques de l’homme.

Ce phénomène, car cela en est bien un, c’est l’appel biologique du sang fraternel, l’appel lointain de plusieurs millénaires d’histoire commune entre les peuples de notre sous-région, peuples qui ont partagé le bonheur d’une culture profondément
humaine et qui transcende de manière magnifique la religion ou la couleur ; entre des peuples qui ont partagé aussi les souffrances de l’adversité liées à la nature hostile et incomprise, au colonisateur implacable et calculateur.
Au fur et à mesure qu’il a fréquenté notre ville, Nouakchott, tout au long de cette crise politique, j’ai vu le Président Wade prendre sereinement toute son aise.

Il n’était plus un homme venu de l’autre coté de la rive.

A le voir on se disait : en sortant du Palais de Congrès, il irait prendre un café à côté. J’étais moi aussi tout aussi à l’aise que lui dans son élément. J’étais tout simplement son concitoyen et, mieux, son semblable.
Je sentais que j’avais envie d’adhérer à ce qu’il dira avec son style tout particulier, encensé de formules à l’emporte-pièce légendaires, que je goûtais comme un élixir miraculeux.
Ce fameux vendredi soir, M. Wade, l’homme, était plus présent parmi nous que Wade le Président du Sénégal.

Il ressentait les mêmes émotions de peine comme de joie, surtout quand le Président Sidi a parlé de manière pathétique à ses concitoyens et à ses pairs pour offrir la paix et la stabilité son pays.
Nous nous réveillons ce matin avec une profonde amertume : nos problèmes intra mauritaniens sont réglés mais le Président Wade, l’ami fidèle et protecteur, nous quitte sur la pointe des pieds nous laissant dormir comme il le ferait à ses enfants.
Que Dieu lui donne longue vie et que notre pays lui rende les honneurs et la reconnaissance qu’il mérite.
Merci, merci, et encore merci, Président Wade !

MAOB (+)

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