samedi 8 août 2009

Mauritanie : attentat suicide près de l'ambassade de France, deux Français hospitalisés




NOUAKCHOTT - Un kamikaze s'est tué samedi après-midi près de l'ambassade de France à Nouakchott, en se faisant exploser au passage de deux Français qui n'ont pas été blessés mais ont été conduits à l'hôpital, a-t-on appris auprès de l'ambassade.

La Mauritanie, cible d'attaques de la branche maghrébine d'Al-Qaïda, n'avait jamais été le théâtre d'actions-suicide jusqu'à ce jour.

"Deux Français, employés de la sécurité de l'ambassade de France, se trouvaient à proximité de l'homme au moment de l'explosion. Ils sont à l'hôpital, ils n'ont aucune blessure, mais se trouvent sous le choc", a indiqué à l'AFP un conseiller à l'ambassade de France, Marc Flattot.

Selon cette source, les deux Français faisaient leur jogging lorsque le kamikaze s'est fait exploser dans la rue, peu avant 19H00 (heures locale et GMT).

Le corps déchiqueté du jeune terroriste présumé gisait sur le trottoir ensablé d'une rue passant entre l'ambassade de France et l'ambassade de Libye, a constaté un correspondant de l'AFP.

Une source policière sur place a déclaré à l'AFP que "deux Occidentaux avaient été conduits à l'hôpital", tout en soulignant que leurs jours n'étaient pas en danger.

Deux Mauritaniens se disant témoins de l'explosion ont, quant à eux, affirmé à l'AFP que "deux Français" avaient été "légèrement blessés, ainsi qu'une femme mauritanienne". "L'un des Français avait du sang sur la poitrine, l'autre sur le bras", a assuré ce "témoin".

Cette attaque intervient un mois et demi après l'assassinat d'un Américain à Nouakchott - revendiqué par Al-Qaïda au Maghreb islamique - et trois jours après l'investiture de l'ex-général putschiste Mohamed Ould Abdel Aziz dans ses fonctions de président élu de la Mauritanie.

Le 24 décembre 2007, quatre touristes français avaient été assassinés à Aleg (250 km à l'est de Nouakchott). Trois jeunes Mauritaniens proches d'Aqmi, exécutants présumés des assassinats de ces Français, sont actuellement détenus.

(©AFP / 08 août 2009 22h37)


Attentat à Nouakchott : un kamikaze prend pour cible 2 français [Reportage Photos]


Samedi 08 août, aux alentours de 18 heures trente, vers le carrefour de l’ambassade de France de Nouakchott, un kamikaze dont la nationalité n’a pas été encore déterminée, s’est fait exploser à coté de deux français qui faisaient du footing.

Le Kamikaze s’est littéralement coupé en deux. Les deux français (agents de sécurité), cibles de l’attentat, ont été légèrement blessés. L’ambassade de France, à en croire RFI, a confirmé être la cible de l’attentat. Un mauritanien, pas loin de l’explosion a été également très légèrement blessé au bras.

La police a établi un cordon de sécurité autour du lieu de l’attentat. Depuis quelques années, laMauritanie est la cible d’attentats terroristes. Il y a un mois un ressortissant américain a été assassiné en plein jour dans un quartier périphérique de Nouakchott.

Khalilou Diagana
Pour Cridem


Avec Cridem comme si vous y étiez...







Entourés en rouge, d'une part le corps du kamikaze, d'autre part sa tête







L'un des mauritaniens légèrement blessé au bras





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Mauritanie: attentat suicide près de l'ambassade de France, 2 Français hospitalisés




Photo CRIDEM

NOUAKCHOTT - Un kamikaze s'est tué en faisant exploser la ceinture d'explosifs qu'il portait sur lui samedi à Nouakchott près de l'ambassade de France, à proximité de deux Français qui ont été hospitalisés, a-t-on appris auprès de l'ambassade.

"Deux Français, employés de la sécurité de l'ambassade de France, se trouvaient à proximité de l'homme au moment de l'explosion. Ils sont à l'hôpital, ils n'ont aucune blessure, mais se trouvent sous le choc", a-t-on indiqué de même source.

Le kamikaze s'est fait exploser peu avant 19H00 (locales et GMT) sur une route proche du mur d'enceinte de l'ambassade de France.

"Des Occidentaux ont été hospitalisés mais leurs jours ne sont pas en danger", a également déclaré à l'AFP une source policière locale.

(©AFP / 08 août 2009 21h55)


ALERTE - Mauritanie: attentat suicide près de l'ambassade de France, 2 blessés

NOUAKCHOTT - Deux personnes ont été blessées samedi par un kamikaze qui a fait exploser la ceinture d'explosifs qu'il portait sur lui samedi à proximité de l'ambassade de France à Nouakchott, a-t-on appris auprès de l'ambassade de France et de source policière mauritanienne.

(©AFP / 08 août 2009 21h36)


Ely Ould Mohamed Vall et les 6 millions $ US du Qatar




Pour ‘’ l’hirondelle du printemps africain’’ de Gaston Kelman, la gifle électorale a été à la hauteur de la désillusion : M. Ely Ould Mohamed Vall, ne trinquera pas cette fois ci dans la cour de la gotha et de la 'jet set' en tant que président de la République Islamique de Mauritanie, le peuple lui ayant démontré un cruel mépris avec prés de 3, 8 % des suffrages exprimés. En somme, l’ancien gourou de la Sûreté de l’Etat dans les sombres années de braise de la Tayatie triomphante n’a pas pu revenir sur les lieux de son sacre d’antan…, mais ce ne sont pas les fonds qui ont manqué... . Selon des sources autorisées, il semblerait qu’ Ely Ould Mohamed Vall, le pathétique frère de ‘’l’enfant de Treblinka, et de la fillette d’Auschwitz’’ qu’il pleure dans ses songes de grand militant de la détresse humaine de l’holocauste, ait reçu la modique somme de 6 millions de dollars américains, cadeau royal de Leurs Altesses Cheikh Hamed Ibn Khalifa Al-Thâni, émir du Qatar et de la princesse Cheikha Mowzah Bint Nacer Al Misnad, son épouse.
Ainsi, le colonel Ely Ould Mohamed Vall, aurait été généreusement financé aux frais de la princesse Cheikha Mowzah Bint Nacer Al Misnad, pour sa folle course poursuite à la magistrature suprême de la Mauritanie, et ce en deux temps et de multiples mouvements entre Nouakchott et Doha : d’abord en recevant un premier acompte de 4 millions de dollars, suivi des 2 autres millions de dollars convoyés par les soins de son fils, employé dans la puissante Fondation du Qatar. Il semble que tous les frais de déplacements d'Ely Ould Mohamed Vall, vers sa caverne d’Ali Baba de Doha, soient financés, dans la même dynamique de curieuse générosité, par l’ambassadeur du Qatar accrédité à Nouakchott, qui aurait délivré les titres de voyages, en first classe bien entendu, auxquels s’ajoutent les divers ‘’perdiems’’ d’usage… On se demande quels pourraient être les arguments développés par Ely Ould Mohamed Vall, lui qui, dans son propre pays, apparaît comme un illustre inconnu, accident de l’histoire du Comité militaire pour la Justice et la Démocratie, pour convaincre ainsi l’Emira qatarie, ambassadrice de l’Unesco pour l’enseignement et l’éducation de base, présidente de la Fondation du Qatar, et initiatrice du Centre de Doha pour la liberté de la presse. A moins que notre malheureux candidat aux élections présidentielles, n’ait été inspiré par le Français Robert Ménard, ancien secrétaire général de l’ONG, Reporters sans frontières (RSF), co - fondateur du Centre de Doha pour la liberté de la presse et n’ait eu l’espoir de rejouer un remake du parfait démocrate. Dans l'imaginaire mauritanien, le colonel Ely Ould Mohamed Vall, est lié à quatre événements marquants. Il a longuement dormi un certain 3 août 2005 avant de se voir confier les rennes du pouvoir par accident.
Il a été le premier Président de la République Islamique de Mauritanie à verser des chaudes larmes lors du lancement du projet Aladin de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah en déclarant avec émotion "Ce serait nier mon humanité même que de dire oui cette abjection a eu lieu, non, elle ne me regarde pas “, alors qu’il jamais eu la moindre compassion, ni repentance pour les centaines de morts et les dizaines de milliers de déportés de son propre pays. Il est le seul ancien chef d’Etat richissime souvent cité dans des ‘affaires ‘’ financières. Et il est celui qui a été battu à plate couture par son peuple en lui réservant la plus violente des morts politiques : moins de 4 % des suffrages aux élections présidentielles. Dans ce contexte, il est tout de même ridicule de constater que la seule personnalité étrangère à avoir contesté les résultats des élections présidentielles, ait été une égyptienne, amie de Ould Mohamed Vall, et employée dans la Fondation du Qatar…
Dia Ismaila

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Dia Ismaila

Aziz à l'heure des comptes




Après avoir tout promis, l’ancien chef de la junte et nouveau président voit aujourd’hui affluer requêtes et doléances. Mais les finances de l’État ne lui laissent guère de marge de manœuvre. Le 26 juillet, une lettre au ton bien péremptoire a été adressée à Mohamed Ould Abdelaziz. Son signataire, le Collectif des habitants de la Socogim Plage, un lotissement de Nouakchott qui s’étend en bordure d’océan, « souhaite attirer l’attention du président des pauvres » sur les problèmes rencontrés « tous les jours » dans le quartier : « coupures chroniques d’électricité, surtout durant la nuit », et d’eau, « pour des durées importantes allant d’une semaine à un mois voire plus ». Le style est courtois. Jusqu’ici tout au moins. Car, pour finir, les auteurs se permettent ce qui ressemble à une injonction à chef d’État, exigeant de Mohamed Ould Abdelaziz rien moins qu’une « résolution catégorique de [leurs] problèmes » ! Des lettres de doléances comme celle-là, « Aziz » risque d’en recevoir par paquets. C’est la rançon de son élection, le 18 juillet, sur une lourde promesse de campagne : je serai le « président des pauvres » a martelé l’ex-général (il lui a fallu démissionner de l’armée pour être candidat à la présidentielle) depuis son putsch du 6 août 2008. Un slogan qu’il a assorti de quelques actes concrets, se déplaçant dans les bidonvilles pour annoncer le relogement des habitants, ordonnant lui-même l’achat d’un scanner – encore récemment, il n’y en avait qu’un en Mauritanie –, faisant transformer la résidence flambant neuve du Premier ministre en hôpital « de la mère et de l’enfant »… Physiquement sur plusieurs fronts, en contact direct avec les plus démunis, Aziz a joué les omnipotents onze mois durant. Maintenant qu’il est élu, c’est donc vers lui que l’on se tourne pour la moindre requête. Un possible sauveur Eau, électricité, soins, alimentation, infrastructures de transport : des attentes essentielles pèsent sur les épaules de celui qui a tout promis. En sortant du bureau de vote le 18 juillet, Meina, 38 ans, qui venait de cocher la case « Aziz » sur le bulletin, expliquait ainsi son choix : « J’ai voté pour lui parce que, sur une courte période, il a fait beaucoup de choses pour les pauvres : il a distribué des terrains, il a fait baisser les prix, il a construit des routes. Pour la première fois, nous avons à Nouakchott un trottoir en goudron, sans sable. » Reconnaissante, cette mère de deux enfants n’en restait pas moins exigeante : « Il devra continuer ce qu’il a commencé. » Quatrième chef de l’État en quatre ans – après Ely Ould Mohamed Vall, Sidi Ould Cheikh Abdallahi et Ba M’Baré –, Mohamed Ould Abdelaziz a été choisi par des électeurs que le spectacle des gesticulations politiques a désenchantés. En ce militaire qui leur a prêté une attention inédite, ils ont vu se profiler un possible sauveur. Mais leur stock de patience s’épuisera vite si le « candidat des pauvres » ne se transforme pas en « président des pauvres ». Réussira-t-il sa mue ? « On verra si ces onze mois, c’était de la poudre aux yeux », prévient un économiste. Un mandat de cinq ans ne suffira pas à sortir de la pauvreté 1,5 million de Mauritaniens. Car l’État, aux abois – le 20 juillet, des professeurs de l’enseignement supérieur attendaient encore leur salaire de juin –, ne dispose que d’une étroite marge de manœuvre. Il est endetté auprès du secteur privé, voit ses recettes – douanières notamment – diminuer et les factures des importations augmenter. Corollaire de la promesse du partage des richesses, celle de la lutte contre la corruption a marqué les esprits. Mais est-elle tenable ? En général, l’indispensable soutien financier qu’apportent les lobbies des hommes d’affaires à une campagne électorale se rétribue par le clientélisme. Reste à voir si la tradition sera respectée avec Mohamed Ould Bouamatou – patron de Bouamatou SA, entreprise présente dans le commerce de cigarettes, le secteur aérien, la concession automobile… –, qui a ouvertement et généreusement aidé Aziz. Militaire, Arabo-Berbère issu d’une tribu du nord de la Mauritanie (les Ouled Besbah) : si son profil est précis, Mohamed Ould Abdelaziz a ratissé large le jour du scrutin. Dans la vallée du fleuve Sénégal, les Négro-Mauritaniens, d’ordinaire en grande partie acquis à Ibrahima Sarr, sont nombreux à avoir voté pour lui. Ils ont certainement été sensibles aux prises de position d’Aziz sur le « passif humanitaire », pudique expression désignant les exactions dont ils ont été victimes à la fin des années 1980 et au début des années 1990. Aziz a reconnu qu’il fallait « panser les plaies encore béantes » et s’est engagé à indemniser les familles. Mais il n’est pas dit que la compensation pécuniaire suffise. « On ne peut pas pardonner comme cela, prévient Ibrahima Sarr. Il faut une investigation pour situer les responsabilités. » Une exigence de justice difficile à satisfaire quand la hiérarchie militaire, dont le soutien est indispensable pour rester au pouvoir, a quelque chose à voir avec ces « années de braises ». La menace d’Al-Qaïda Dans l’immédiat, ce sont d’autres fronts que va occuper Mohamed Ould Abdelaziz. Il y a celui de la sécurité nationale, sur laquelle plane la menace d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) : il est admis aujourd’hui que plusieurs dizaines d’éléments mauritaniens ont été entraînés dans ses camps, dans le nord du Mali et le sud de l’Algérie. Pour celui qui, porté par ses galons de général, a joué la carte de l’homme fort, maîtriser ces terroristes potentiels est indispensable à son image. Plus important encore, le front de la politique. Aziz dissoudra-t-il l’Assemblée nationale? Elle est présidée par son détracteur le plus farouche, Messaoud Ould Boulkheir, qui, de concert avec Ahmed Ould Daddah, leader du Rassemblement des forces démocratiques, dénonçait le 28 juillet une élection « ni libre, ni démocratique, ni transparente ». Mais l’organisation de législatives anticipées serait coûteuse. Sans compter que le chef de l’État est censé disposer de la majorité à l’Assemblée. Peut-être attendra-t-il donc la fin de la législature et le vote de la loi de finances 2010. D’ici là, il lui faudra asseoir une légitimité que les accusations de fraude électorale continuent d’entacher. Et, une fois investi – la cérémonie est prévue le 5 août –, composer son équipe, premier indice sur le degré d’une « rupture » tant promise.


Source: Jeune Afrique

vendredi 7 août 2009

Amadou Toumani Touré à l’investiture du nouveau président mauritanien Ould Abdel Aziz

Par M FOFANA - 07/08/2009

Le président du Mali a assisté mercredi dernier à l’investiture du nouveau président mauritanien Mohamed Oul Abdel Aziz. Les raisons d'une présence.

A la fin de son séjour en Mauritanien Att a fait le point de sa visite et a donné son point de vue sur certaines questions d’actualité à travers l’interview de notre confrère de l’ORTM Salif Sanogo

Expliquant sa présence à l’investiture du présent mauritanien Mohamed Oul Abdel Aziz, le chef de l’Etat malien a indiqué avoir répondu à une invitation d’un pays avec qui le Mali a des intérêts stratégiques (commerciales). Notre pays partage en effet avec la Mauritanie 200 km de frontières communes, une route bitumée relie les deux capitales et une importante communauté malienne vit en Territoire mauritanien. Il a dit d’avoir rencontré cette communauté malienne à la maison des jeunes de Nouakchott.

Amadou Toumani Touré a rappelé à cette occasion un souvenir d’élève officier fraîchement émoulu de l’école militaire. Apres leur sortie les élèves officiers devaient, comme il était de coutume, effectuer un voyage d’étude dans le pays profond. Dans ce cadre de sa promotion, il a joué un mach de foot amical contre les jeunes de localité de Gogui à la frontière avec la Mauritanie. À la fin de la partie, un responsable de la localité lui appris que les deux équipes ont joué à la fois en territoire malien et mauritanien, car la ligne médiane de l’air de jeu coïncidait avec la frontière entre les deux pays.

Amadou Toumani Touré et Abdoulaye Wade du Sénégal étaient les deux présidents de la sous région présents à cette cérémonie d’investiture du nouveau président fraîchement élu. Les autres pays comme la Tunisie, l’Egypte, l'Italie, l'Algérie ou la France n’ont envoyé que leurs représentants

A rappeler que le président Amadou Toumani a reçu en audience son homologue mauritanien en visite de courtoisie. Les deux chefs d’Etat ont passé en revue les relations bilatérales que les deux capitales s’engagent à approfondir. Le chef de malien a annoncé avoir proposé à son homologue mauritanien d’effectuer à une date qui lui conviendra un visite de travail dans notre pays.


    © http://4.bp.blogspot.com

Le président a saisi cette opportunité pour expliquer à nos compatriotes la reforme du code de famille. Cette réforme, a-t-il assuré, s’imposait en raison des impératifs que la société a voulu

Il a estimé que le projet de loi adopté par l’assemblée nationale reflétait l’expression de la volonté politique et du changement social que les acteurs de la société ont voulu. Le chef de l’Etat a aussi rappelé que notre pays avait ratifié certains textes internationaux qui consacrent les droits de la personne. C’est pourquoi il a tenu à remercié la commission des lois de l’assemblée nationale, les députés, le gouvernement, les acteurs de la société civile « cette loi qui contient un millier d’articles, n’est ni contre les femmes ni contre les hommes. Elle n’a été imposée mais par l’évolution du temps. La loi ne porte pas atteinte à nos traditions » a-t-il jugé.

Evoquant les vacances gouvernementales du mois d’Août, le chef de l’Etat a souligné qu’une partie des ministres est en repos tandis qu’une autre évacue les affaires courantes. Lui-même, a-t-il précisé aimerait profiter de ses vacances pour effectuer une excursion en bateau de Koulikoro à Gao.


© Le Journal du Mali


Lancement d’un projet de protection et assistance juridique des filles domestiques mineures

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Les ONGs de lutte pour les droits humains "Terre des Hommes" et l’"Association des Femmes Chef de familles"(AFCF) ont , en collaboration avec le programme de coopération Espagnole (AECID), organisé jeudi à 12 heures , à l’hôtel Wissal, la cérémonie de lancement d’un « Projet de Protection et d’Assistance juridique des Filles Domestiques Mineures ».

Ces Organisations de défense des droits humains initiatrices de ce projet veulent inscrire leur action dans le cadre de la protection des couches vulnérables de la société, notamment les nt les filles mineures soumises aux sévisses des personnes âgées et de leurs employeurs.
Ces filles mineures identifiées comme étant souvent victimes de maltraitance, de violences gratuites, d’abus sexuels, sont employées dans une grande précarité. Elles ne sont ni sûres d’être rémunérées, ni sûres d’échapper aux bastonnades et à la prison. Certains de leurs employeurs les accusent, à tort, de commettre des vols quand elles ne se soumettent pas à leurs caprices.
Ces organisations ont recommandé une assistance particulière à ces jeunes mineures, aussi bien de la part de l’administration, que de la part des ONG et des services sécuritaires.

© ANI

COVIRE: Déclaration



COVIRE: Déclaration
Déclaration

Le changement intervenu au sommet de l’état le 06 Août 2008, a initié un processus de règlement du passif humanitaire et une redéfinition des conditions de rapatriement des déportés.

L’audience accordée au Collectif des Victimes de la répression en Mauritanie (COVIRE) par le Général Mohamed ould Abdel Aziz, chef de l’Etat et Président du HCE en date 10 novembre 2008 a fini de convaincre les plus sceptiques, sur la volonté manifeste du chef l’Etat de l’époque à instaurer un climat serein pour le renforcement de l’unité nationale.
Toutes les victimes civiles et militaires avaient salué en son temps le courage et la détermination du Général pour la concrétisation de certaines recommandations formulées au cours des Journées de Nationales Concertation et de mobilisation pour le retour des déportés et le règlement du passif humanitaire, de Novembre 2007, et retenues dans les conclusions des Etats Généraux de la Démocratie en Décembre 2008 – Janvier 2009.
Le discours tenu à Kaédi, la prière nationale aux morts effectuée le 25 Mars 2009, sont autant de signes de reconnaissance à l’endroit des victimes qui ont été confrontées durant près de deux décennies au déni.

Néanmoins la gestion calamiteuse de ce dossier par le Colonnel Dia Adama en relation avec ses acolytes dirigeants du COVIRE a instauré un climat de suspicion, d’incapacité à satisfaire les attentes des victimes.

Ainsi donc , l’absence d’un mandat défini sur la mission du Colonnel Dia Adama qui s’est présenté comme chargé du dossier du passif humanitaire , le déficit de concertation avec les victimes, l’opacité des relations entre ce dernier et les victimes , la gestion unilatérale du dossier, la cooptation d’une commission des victimes chargée du passif humanitaire aux ordres,la mauvaise gouvernance constatée dans la gestion des fonds alloués par l’Etat aux missions de COVIRE, l’abus de confiance dans la signature d’un protocole tripartite du règlement du passif humanitaire par des veuves n’ayant pas été informées du contenu du document , le traitement sélectif des dossiers des veuves ,constituent tant de manquements qui amènent à une reprise totale du processus qui a été débuté.

A cet effet, Nous, comite de crise des organisations membres de COVIRE signataires de cette déclaration :

Demandons aux nouvelles autorités, la mise en œuvre des recommandations des Journées Nationales de Concertation et de mobilisation, pour le retour des déportés et le règlement du passif humanitaire, de Novembre 2007 qui sont le fruit d’un large consensus.

Rappelons que la mise en place d’une Commission Nationale Indépendante en concertation avec les victimes et tous les partenaires est la seule garantie d’une gestion transparente du dossier, permettant le respect des principes universels de la lutte contre l’impunité à savoir les devoirs de vérité, de justice, de mémoire et de réparation.

Recommandons le contrôle par l’IGE des fonds publics alloués à COVIRE.

Saluons l’aide sociale octroyée aux veuves (officier : 2 million MRO, Sous officier : 1 million huit cent mille MRO, Homme de Troupe : 1 million six cent mille MRO) et espérons que les 153 veuves qui attendent toujours leurs dû seront remises dans leurs droits dans les plus brefs délais.

Nous félicitons du retour de la Mauritanie à l’ordre constitutionnel et la victoire de Mohamed ould Abdel Aziz aux élections présidentielles du 18 juillet 2009 et l’exhortons à poursuivre et améliorer le processus du règlement définitif du passif humanitaire, du retour des déportés et de toutes les violations des droits humains qui minent la cohésion nationale.

Lançons un appel à la communauté internationale et a l’opinion nationale afin qu’ils apportent leur contribution pour le règlement de ce dossier.


Fait à Nouakchott le 03 Août 2009

covire@yahoo.fr /Tél : 678 95 72 / 643 67 63 / 241 40 71

Les signataires :

Collectif des Veuves

Collectif Rescapés Militaires

Collectif des Rescapés Anciens Détenus Politiques Civiles Torturés

Collectif des Enfants des Victimes Civiles et Militaires

Regroupent des Victimes des Evènements 89

Collectif des Policiers

Collectif des Opérateurs Economiques victimes 89


© COVIRE


Les eaux stagnantes, un danger pour Nouakchott


Les eaux stagnantes, un danger pour Nouakchott
Après une pluie de 20 mm tombée sur la ville de Nouakchott, capitale mauritanienne, durant la nuit du 27 juillet 2009, les eaux de ruissellement non évacuées continuent jusqu'à ce jour à stagner dans différents endroits de la capitale, constituant une source de complications sanitaires pour les habitants.

D'habitude, à chaque saison hivernale, la ville de Nouakchott connaît un tel phénomène, en raison du manque criant de voies fiables d'évacuation des eaux usées et de ruissellement.

Les autorités municipales investissent, parfois des moyens importants pour venir à bout des ces eaux de tous les dangers, mais l'ampleur des mares est aussi importante, pour que ces moyens traditionnels et dérisoires de la commune suffisent pour leur pompage et leur déversement dans des zones situées loin des centres urbains.

Les risques sont énormes

Devant l'impuissance des moyens de l'Etat, d'ailleurs très mal préparés pour faire face à de tels imprévus, les eaux saumâtres se trouvent partout, laissant échapper des exhalaisons difficiles à supporter et qui provoquent des allergies respiratoires chez les populations.

Ces eaux constituant un milieu idéal pour la multiplication des moustiques viennent s'ajouter aux fosses septiques qui, à elle seules, font de la ville de Nouakchott une zone paludéenne endémique. En l'absence d'un réseau fiable d'évacuation des eaux sanitaires, les ménages font recours à des fosses perdues pour se débarrasser de leurs déchets ! Avec le temps, cela pourrait conduire à d'autres complications, surtout qu'avec le voisinage de la mer et les nappes superficielles abondantes, tous les risques peuvent se multiplier, et le pire reste à craindre.

Réhabiliter les infrastructures

Selon les autorités sanitaires, ces eaux offrent un milieu idéal pour la prolifération de microbes pouvant provoquer des allergies respiratoires et cutanées, ainsi que des lésions de différentes natures.

La société française responsable de l'assainissement de la ville ne prend pas en compte les déchets liquides et les menaces d'épidémie sont de plus en plus grandissantes avec la présence de petites mares en ce milieu urbain.

Nouakchott dont la pose de la première pierre a eu lieu en 1958 était, initialement, conçue pour accueillir trente mille habitants. La ville ayant largement dépassé les prévisions de ses bâtisseurs, connaît actuellement des problèmes liés à l'urbanisation accélérée, notamment le réseau d'évacuation des eaux usées et de ruissellement devenu vétuste et mal entretenu, ne couvrant qu'une infime partie de la cité, notamment les quelques plus vieux quartiers.

La solution idéale à envisager pour résorber les effets de cette situation des eaux stagnantes qui sévit par intermittence, demeure la réhabilitation du réseau existant et son extension afin qu'il puisse prendre en compte à l'ensemble des quartiers de Nouakchott.

Les services d'hygiène communaux doivent rester à cheval sur l'application des textes de lois régissant le traitement des déchets, en général, et ménagers en particulier. Les nouvelles autorités du pays, ayant déjà engagé des chantiers visant à moderniser la ville de Nouakchott, ferait mieux de prendre en considération le problème de l'évacuation des eaux de pluies et des eaux ménagères, pour assurer une meilleure salubrité pour la cité.

Par Ely Ould Maghlah

© Xinhua

Comité de crise « Pour le contrôle par l’IGE des fonds publics alloués au Covire.»


« …la gestion calamiteuse du dossier du règlement du passif humanitaire par le Colonel Dia Adama en relation avec ses acolytes dirigeants du COVIRE a instauré un climat de suspicion, d’incapacité à satisfaire les attentes des victimes

Dans une déclaration (voir ci-dessous) rendue publique vendredi 07 aout, le comité de crise des organisations membres deCOVIRE dénonce « la mauvaise gestion » du dossier du règlement du passif humanitaire confié par le général Ould Abdel Aziz au colonel Dia Adama. Le comité de crise recommande « le contrôle par l’IGE des fonds publics alloués au Covire

Après son coup d’Etat du six aout 2008, le général Mohamed Ould Abdel Aziz, a pris l’engagement de trouver, avec les victimes, un règlement au passif humanitaire né des violations massives des droits humains dont ont été victimes les populations négro-africaines originaires du sud de la Mauritanie. Le Général confie le dossier au Colonel Dia, membre duHaut Conseil d’Etat, la junte au pouvoir.

Le 10 novembre 2008, le général reçoit les représentants du collectif des victimes de la répression en Mauritanie (COVIRE). Le 25 mars 2009, à Kaédi, le général, dans un discours, compatis à la douleur des victimes et réitère son engagement de trouver solution à leur problème. Ce discours est suivi d’une prière à la mémoire des victimes du passif humanitaire.

Cette prière a été suivie de la signature d’un protocole d’accord portant indemnisation de 244 veuves de militaires victimes d’exécutions extrajudiciaires. Les indemnisations étaient ainsi reparties : 02 millions d’UM pour les veuves d’officiers, 01 millions 800 000 pour les sous officiers, et les hommes de troupe 01 million 600 000.

Une centaine d’ayant droit a effectivement bénéficié de ces sommes. Il était prévu qu’en plus de ces sommes, les ayants-droit bénéficient de terrains situés au quartier Tevragh Zeina. Selon le comité de crise, à ce jour, aucune veuves n’a reçu un terrain.

« Nous avons salué le courage du général quand il a décidé de s’attaquer au passif humanitaire. Mais le processus de règlement a été biaisé. Comme il est élu président de la République, nous lui demandons d’apporter les rectifications nécessaires » a dit KaneMamadou. « Tous les engagements du général ont été bâclés par le Colonel » renchéritDiop Abdoulaye.

Khalilou Diagana

Déclaration :

Le changement intervenu au sommet de l’Etat le 06 aout 2008, a initié un processus de règlement du passif humanitaire et une redéfinition des conditions de rapatriement des déportés.

L’audience accordée au collectif des victimes de la répression en Mauritanie (COVIRE) par le général Mohamed Ould Abdel Aziz, chef de l’Etat et président du HCE le 10 novembre 2008 a fini de convaincre les plus sceptiques, sur la volonté manifeste du chef de l’Etat de l’époque à instaurer un climat serein pour le renforcement de l’unité nationale.

Toutes les victimes civiles et militaires avaient salué en son temps le courage et la détermination du général pour la concrétisation de certaines recommandations formulées au cours des journées nationales de concertation et de mobilisation pour le retour des déportés et le règlement du passif humanitaire, de novembre 2007, et retenues dans les conclusions des états généraux de la démocratie en décembre 2008/ janvier 2009.

Le discours tenu à Kaédi, la prière nationale aux morts effectuée le 25 mars 2009 sont autant de signes de reconnaissance à l’endroit des victimes qui ont été confrontées durant près de deux décennies au déni. Néanmoins, la gestion calamiteuse de ce dossier par le Colonel DiaAdama en relation avec ses acolytes dirigeants du COVIRE a instauré un climat de suspicion, d’incapacité à satisfaire les attentes des victimes.

Ainsi donc, l’absence d’un mandat défini sur la mission du colonel Dia Adama qui s’est présenté comme chargé du dossier du passif humanitaire, le déficit de concertation avec les victimes, l’opacité des relations entre ce dernier et les victimes, la gestion unilatérale du dossier, la cooptation d’une commission des victimes chargée du passif humanitaire aux ordres, la mauvaise gouvernance constatée dans la gestion des fonds alloués par l’Etat aux missions du COVIRE, l’abus de confiance dans la signature d’un protocole tripartite du règlement du passif humanitaire par des veuves n’ayant pas été informées du contenu du document, le traitement sélectif des dossiers des veuves, constituent tant de manquements qui amènent à une reprise totale du processus qui a été entamé.

A cet effet, nous comité de crise des organisations membres de COVIRE signataires de cette déclaration :

Demandons aux nouvelles autorités, la mise en œuvre des recommandations des journées nationales de concertation et de mobilisation, pour le retour des déportés et le règlement du passif humanitaire, de novembre 2007 qui sont le fruit d’un large consensus.

Rappelons que la mise en place d’une commission nationale indépendante en concertation avec les victimes et tous les partenaires est la seules garantie d’une gestion transparente du dossier, permettant le respect des principes universels de la lutte contre l’impunité à savoir les devoirs de vérité, de justice, de mémoire et de réparation. Recommandons le contrôle par l’IGEdes fonds publics alloués à COVIRE.

Saluons l’aide sociale octroyée aux veuves (Officier 02 millions MRO, sous officier : 01 Million 800 000 MRO, homme de troupe : 01 million 600 000 MRO) et espérons que les 153 veuves qui attendent toujours leur dû seront remises dans leurs droits dans les plus brefs délais.

Nous nous félicitons du retour de la Mauritanie à l’ordre constitutionnel et la victoire deMohamed Ould Abdel Aziz aux élections présidentielle du 18 juillet 2009 et l’exhortons à poursuivre et améliorer le processus du règlement définitif du passif humanitaire, du retour des déportés et de toutes les violations des droits humains qui minent la cohésion nationale.

Lançons un appel à la communauté internationale et à l’opinion nationale afin quelles apportent leur contribution pour le règlement de ce dossier.

Nouakchott le 03 aout 2009

Les signataires :

Collectif des veuves
Collectif rescapés militaires
Collectif des rescapés anciens détenus politiques civils torturés.

Collectif des enfants des victimes civiles et militaires
Regroupement des victimes des événements de 89
Collectif des policiers
Collectif des opérateurs économiques victimes 89.


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Les réfugiés réclament leurs terres.


Depuis plusieurs mois le rapatriement des réfugiés mauritaniens se poursuit, mais les conditions dans lesquelles il se déroule laissent à désirer, sur bien des aspects.

En effet ces réfugiés rentrent sans trouver sur place un accueil préparé. Il reçoivent il est vrai une ration alimentaire, des tentes pour habitat, mais peinent à obtenir la restitution de leurs pièces d’état civil.

Mais par-dessus tout, depuis janvier 2008, les réfugiés rentrés au terroir continuent de réclamer leurs terres de culture, sans y parvenir. L’Etat mauritanien, apparemment, ne semble pas vouloir faire face à cette revendication légitime des réfugiés qui se voient interdire leurs terres et leurs villages.

Or un Paysan ne peut vivre sans sa terre. Voilà pourquoi le Comité des réfugiés invite l’Etat mauritanien à mettre fin rapidement à cette situation, dangereuse pour la paix sociale. Telle doit être l'une des priorités du nouveau Président élu.

Le HCR, le Gouvernement du Sénégal et le Gouvernement mauritanien doivent prendre leur responsabilité. Le Comité invite les partenaires de la Mauritanie à soutenir les efforts du Gouvernement mauritanien pour trouver une solution durable à l’intégration des réfugiés qui passe nécessairement par la restitution de leurs terres, de leurs villages et leur indemnisation.

Le Comité Directeur
Le 06 Août 2009


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Entretien avec le Président Mohamed Ould Abdelaziz : L'ère Mohamed Ould Abdelaziz


Le président mauritanien Mohamed Ould Abdelaziz a bien voulu revenir sur les circonstances de son élection à la présidence de son pays. Il parle sans détours, et trace les grands axes de ce qu’il compte réaliser pour son pays, et faire pour ses compatriotes.

Dans la période d’interrègne, qui va de son élection, le 18 juillet, au jour de son investiture, le 5 août 2009, le président Mohamed Ould Abdelaziz, qui avait élu domicile dans son ancien quartier général de campagne Al Khaïma City – un immeuble de bureaux en plein centre ville – recevait sans arrêt des visiteurs.

Ces nombreuses consultations précèdent des décisions stratégiques sur le choix des hommes qui vont incarner cette ère nouvelle et le projet de société qu’il entend impulser. C’est dans ce contexte qu’il nous a reçu, pendant quarante minutes, pour son tout premier entretien à la presse internationale.

Malgré de faux airs de timide, il sait ce qu’il veut. Il se veut porteur d’un vrai projet de société. Et il veut, en tout état de cause, s’en donner les moyens. On ne va pas tarder à le juger sur les actes.

Des informations, qui circulent dans les cercles les mieux informés et des confidences recueillis ici ou là, indiquent que le nouvel homme fort de la Mauritanie va s’appuyer, dans cette phase, sur un gouvernement de techniciens pour mettre le pays sur la voie de la réforme. Il en sera l’architecte en chef.

En abandonnant ses habits de militaire, en avril dernier, il a marqué sa volonté de se choisir un autre destin. Celui d’un civil au pouvoir. Au fil de cette rencontre, souriant, très en forme et chaleureux, le nouveau président n'a esquivé aucune question.

Cela laisse augurer sa volonté de mettre en valeur son visage humain, rompant avec l’image du militaire sévère et strict. Quand on le pousse plus loin sur l’alchimie du pouvoir et son côté aphrodisiaque, il répond, sans ambages – manière de dire qu’il en est conscient et sait donc s’en prémunir – que ce sont souvent les courtisans qui poussent vers cette « ivresse ».



Entretien avec le Président Mohamed Ould Abdelaziz : L'ère Mohamed Ould Abdelaziz
On ne peut s’empêcher de faire un retour en arrière en s’interrogeant sur les circonstances du putsch de 2008. Etait-il vraiment nécessaire ? Qu’est-ce qui le justifiait ? Que signifie pour vous le processus de rectification ?

Je crois qu’il faut revenir à 2005, et même avant, pour comprendre ce qui s’est passé en août 2008. Il y avait une démocratie de façade - en réalité une dictature - qui a fait vivre les pires maux à la Mauritanie : tentatives de coups d’Etat à répétition, liquidations physiques, injustice sociale, corruption, gaspillage…

Tout ce qu’on peut imaginer dans un Etat de non droit. C’est ce ras-le-bol qui a conduit au changement de 2005, avec pour objectif de ramener le pays sur la bonne voie. Malheureusement, au bout de quelques mois seulement, l’équipe en place n’a pas su maintenir le cap initial.

Pourtant vous y étiez associé…

Non ! Je n’y ai pas été associé, même si, en réalité, j’en ai été probablement été le principal artisan. J’ai agi, avec quelques officiers, pour un changement radical qui devait permettre de tourner la page. Malheureusement, au bout de quelques mois, nous sommes revenus en arrière : les mêmes équipes, les mêmes gens symbolisant le passé ont repris le contrôle. Nous avons dû gérer la situation jusqu’à la fin, organiser des élections démocratiques, libres, transparentes et crédibles. Mais la vie est parfois décevante, et, au final, nous avons élu un président pire que les précédents. Il a brillé par son absence et, de ce fait, ceux qui régnaient depuis un demi-siècle ont réaccaparé le pouvoir.
En face, les parlementaires, élus du peuple et qui souhaitaient le changement, résistaient : ils ont protesté, manifesté contre ce retour au passé. Les équipes au pouvoir ont alors conseillé au président de se débarrasser des principaux opposants et de limoger les principaux chefs militaires, en une seule matinée. Voilà ce qui s'est produit, sans le moindre respect de la loi. Le matin du 6 août 2008, je suis allé à mon bureau pour travailler, et non pour fomenter un coup d’Etat. J’y ai été contraint par l’action illégale

Après votre victoire électorale et la reconnaissance internationale, dans quel état d’esprit êtes-vous aujourd’hui ?

J’estime que c’est le peuple mauritanien qui sort victorieux d’une épreuve qui a duré pratiquement trois ans, après que son espoir, dû au changement du 3 août 2005, a été déçu par les gouvernements qui se sont succédé. Cette victoire prouve que les Mauritaniens ont opté pour un changement qui va permettre au pays de sortir de la crise, d’entrer dans une ère que nous pensons être meilleure, et d'avancer sur la voie du développement, de la stabilité politique et de la sécurité.

Cette période a été, pour vous, riche d'enseignements. Comment avez-vous pu gérer les données, la situation et les comportements ?

Effectivement, cette période m'a beaucoup apporté. Je suis convaincu que l'on peut faire beaucoup pour ce pays, qui est riche. Je n’ai cessé de le dire, et je le prouverai. Malheureusement, la Mauritanie a été victime de son élite et d’une classe politique qui ont régné sur le pays pendant 50 ans, de l’indépendance à aujourd'hui. En parlant de classe politique, je ne désigne pas des individus en particulier. Ce sont une vision, une stratégie, une conception et une façon de faire qui ont été néfastes. Grâce au peuple mauritanien, la page est maintenant tournée.

Que pensez-vous de ceux qui continuent de contester les résultats malgré leur validation par les observateurs étrangers ?

Ce genre de contestations n’est pas spécifique à la Mauritanie. Chaque élection comporte un gagnant et, parfois, plusieurs perdants. Par conséquent, il est tout à fait normal que les perdants contestent le résultat. En tout cas, s’il y a eu fraude, ce n’est pas dans mon camp. C’est la première fois que je me présente aux élections et mon staff est constitué de jeunes, inexpérimentés. L’autre camp a l'habitude des élections, a pratiqué la fraude, la manipulation et la désinformation. Comme ils ont perdu, il faut trouver une raison à leur défaite.

Le grand public vous connaît peu. Vous êtes réservé et pudique. Qu’est-ce qui explique cet extérieur presque ascétique chez vous ? La vie de militaire vous a-t-elle façonné une carapace pour dominer toute émotion ?

Oui, c’est ma vie de militaire, c’est aussi ma manière d’être, mon tempérament.

On dit que vous êtes le « président des pauvres », est-ce une façon de jouer le peuple contre une certaine élite ?

Je ne joue pas le peuple contre une certaine élite. Je ne manipule pas le peuple. Ma politique n’est pas populiste. Nous avons énormément de pauvres dans ce pays et des laissés-pourcompte. Il suffit d’aller vers ces gens et de régler ce qui peut l’être immédiatement. Vivant à Nouakchott, je connais la situation depuis longtemps. Même lorsque j'étais dans les allées de la présidence, je savais ce qui se passait et ce qui devait être fait.

Vous aviez une pleine connaissance de la difficile situation de vos compatriotes…

Oui, simplement parce que je voyais clairement la situation, et j’étais écoeuré ! C’est tout. Il a fallu mettre en oeuvre certaines choses. J’ai commencé par distribuer des parcelles de terrain aux populations nécessiteuses. Notre territoire couvre plus d’un million de km2 et tandis qu'une minorité possède des dizaines et des dizaines d’hectares, certains vivaient sur de toutes petites superficies, des familles entières ne pouvaient se loger. C’est intolérable, inadmissible et surtout injuste ! Cela peut se régler sans qu'il soit nécessaire d’attendre un financement de la Banque mondiale ou un autre.

Corruption, népotisme, détournements d’argent, trafics en tout genre, qu’est-ce qui explique que le pays ait été, des années durant, dans cette culture ? Votre rôle de redresseur de situation ne risque-t-il pas de susciter l’hostilité des lobbies financiers qui ont déjà joué contre vous ?

Effectivement, cela peut les déranger. Mais, en définitive, ils comprendront que c'est aussi une manière de leur rendre service. Parce que cette situation peut conduire à l’insécurité et à l’éclatement du pays. Vivre dans un pays ou la grande majorité des Mauritaniens se trouve sous le seuil de pauvreté, dans la misère, alors qu’une infime minorité dispose de toutes les richesses, est moralement inacceptable, dangereux et peut les conduire à de l’ancien Président, engagée dans un cadre familial et non officiel. J’étais obligé de réagir pour sauver le pays, parce que le peuple mauritanien n’avait pas voté pour ce retour en arrière. C’est la véritable raison de ce coup d’Etat. Un coup de trop, peut-être, pour certains, mais nécessaire, voire vital pour le pays.

Comment jugez-vous l’attitude d’Ely Ould Mohamed Val, votre cousin germain et votre allié d’hier ? Votre mésalliance a-t-elle produit des dégâts dans le clan familial ?

Il ne faut pas lier la candidature de l’ancien président du Comité militaire pour la justice et la démocratie (CMJD) au clan familial. Cela n’a rien de familial. Et puis, s’il y a un jugement à ce sujet, il a été fait à travers les élections. Il a eu ce que le peuple mauritanien a voulu lui accorder. C’est tout.

Quels seront vos grands chantiers pour les premiers 100 jours, et vos priorités pour la Mauritanie ?

J’ai un programme que j’estime être la meilleure voie pour sortir le pays de cette situation. Il s'agit essentiellement d'améliorer les conditions de vie des citoyens en les faisant bénéficier des ressources de leur pays. Je l’ai dit, et je le répète, nous sommes un pays riche. Nous avons un million de km2, pour une population de trois millions d’habitants. Nos ressources sont extrêmement nombreuses, il suffit de ne pas les dilapider, de lutter contre la corruption et le gaspillage. Il faut faire profiter les Mauritaniens de ces ressources d’une manière juste, équitable et judicieuse, encourager les investisseurs en instaurant une justice indépendante.

Concrètement, quels sont vos grands chantiers ?

L’amélioration les conditions de vie par la création des infrastructures nécessaires. Le développement de l’éducation, d'une formation professionnelle adaptée à nos besoins actuels, ce qui se répercutera sur la santé. Nous avons des médecins, mais nous manquons d'équipements. Tout cela aussi dans un pays sécurisé et stabilisé.
perdre tout ce qu’ils ont accumulé pendant des années. Je crois qu’eux-mêmes savent qu’ils sont en tort. Répartir les richesses de manière équitable, aider les pauvres, améliorer leurs conditions de vie est en fait un gage de stabilité et de sécurité pour tout le monde, y compris pour ceux-là même qui sont habitués à se servir des ressources du pays. Je crois que la force du peuple est plus importante que toute autre. L'ensemble des Mauritaniens a opté pour le changement. Les autres suivront.

Nouakchott frappe par son manque d’infrastructures. Qu’est-ce qui explique cette réalité, alors que le pays a des ressources : or, fer, pétrole, pêche, tourisme… ?

Cette situation est le fait de la classe politique qui a régné sur le pays depuis plusieurs décennies. Voilà ce qu'est son bilan ! Elle a pratiqué un pillage systématique de tous les biens et le résultat final est nul. Nous avons effectivement des mines de fer, d’or, de cuivre, du pétrole, nous avons les ressources halieutiques probablement les plus importantes de la région. Nous exportons tous ces produits à l’étranger. Malheureusement, cela n’a servi que les intérêts personnels d'une poignée d’individus. C’est pourquoi le pays n’a pas progressé.

Cela est-il dû aux mauvaises habitudes héritées de la période écoulée ?

Ce n’est pas la pratique d’une seule personne. C’est le produit d’un système.

Quelles seront les principales orientations de votre diplomatie régionale ?

Nous devons tout d’abord améliorer, renforcer et diversifier les relations avec tous les pays voisins et frères : les pays du Maghreb Arabe et les pays membres de Organisation de la mise en valeur du fleuve Sénégal (OMVS). Nous entretenons déjà de bonnes relations avec ces pays, cependant je voudrais à l’avenir – car il y va de l’intérêt de tous – les consolider.

Sur un autre plan, qu’est-ce qui explique les hésitations des grandes puissances comme les états-Unis, la France et d’autres, à votre arrivée au pouvoir en août 2008 ?

Je comprends parfaitement cette réaction. Ils se sont basés sur des principes; moi j’ai agi suivant mes raisons.

Le terrorisme est un facteur menaçant pour la Mauritanie. Vous avez même participé personnellement à l’arrestation de certains terroristes djihadistes. Comment se fait-il que ces réseaux frappent avec une facilité déconcertante au coeur même de la capitale mauritanienne ? Le terrorisme ne touche pas seulement la Mauritanie. Il ne connaît ni les frontières ni les nationalités. Il s’agit chez nous d’un terrorisme naissant. Comme tous les pays, nous avons une jeunesse parfois égarée, qui se trouve prise dans les mailles du filet ; elle est alors embrigadée, entraînée et se retourne parfois contre son propre pays.

Nous devons combattre ce phénomène, en coordination avec d’autres pays partenaires. Il faut s’y attaquer sur plusieurs fronts, notamment au plan militaire et sécuritaire. Il faut aussi protéger notre jeunesse en luttant contre la pauvreté, l’exclusion et la misère, qui pourraient la conduire à se jeter dans les bras du terrorisme.

Dans cette lutte, êtes-vous conseillés, aidés et appuyés par des experts américains, européens et autres ?

Nous nous entraidons! Le phénomène du terrorisme est mondial. Nous avons besoin de faire des échanges d’idées, des formations, etc. Nous le faisons déjà ! Dans la lutte contre le terrorisme chacun a ses méthodes, ses procédés. C'est pourquoi il faut un échange d’informations et d’assistance. Pas un pays ne peut, seul, combattre le terrorisme, à cause de ses ramifications d'une part, à cause des liens des terroristes avec de nombreux pays d'autre part. Nos Etats ont besoin d'une coopération mutuelle, de même que les terroristes coopèrent très bien entre eux.

Pensez-vous jouer un rôle, notamment au plan régional, pour impulser l’UMA et être un facilitateur entre le Marocet l’Algérie ?

Ce n’est pas à moi seul de le faire ! C’est le devoir de tous les chefs d’Etat du Maghreb arabe d’aller dans ce sens. Et chacun en fonction de ses capacités, de ses possibilités…

Pour les opportunités d’affaires, y aura-t-il des critères pour accéder au marché mauritanien. Pensez-vous faire jouer la concurrence entre les entreprises ?

Le pays est assez grand pour accueillir tout le monde. On a besoin de tous : Chinois, Américains ou Russes… L’objectif essentiel, pour nous, étant l’intérêt du pays et l’amélioration des conditions de vie des citoyens, dans la transparence et la clarté.

Evénement rare et gardé secret jusqu’ici, lors de votre campagne électorale, votre hélicoptère a eu de sérieux ennuis techniques en plein désert. Racontez-nous les circonstances de cet incident ?

Je ne sais pas si c’est la baraka, mais je n’ai jamais pensé que je mourrais ce jour-là. Je savais que j’allais me présenter aux élections et que je deviendrai président de la République, avec un vrai projet de société pour mon pays.
Répartir les richesses de manière équitable, aider les pauvres, améliorer leurs conditions de vie est en fait un gage de stabilité et de sécurité pour tout le monde, y compris pour ceux-là même qui sont habitués à se servir des ressources du pays.

Interview réalisée par Hichem Ben Yaïche, envoyé spécial à Nouakchott
Septembre - Octobre 2009 New African n 25


© Africasia
via CRIDEM


L’Etat de droit ! Mais de quel Etat de droit en Mauritanie ? BÂ Kassoum Sidiki

Entre l’exception et la règle, la norme et son envers, la Mauritanie aura été soumise au retournement inattendu de situations. Au lendemain d’élections transparentes portant sidioca au pouvoir nous pensions nous ancrer dans la démocratie, ce fut un coup de force qui nous réveilla de l’idéal démocratique. Ce que nous croyions impossible se fit jour : le retour des militaires.



C’était encore l’aurore mouvementée dans la lueur des sabres, l’aube agitée d’une grêle poudreuse. Les canons se pointèrent pendant que les chars s’agglutinaient auprès de nos demeures. Une voix nous annonçait le commencement d’une cité heureuse, ce matin du 6 août où le Général Ould abdel Aziz prit le pouvoir. Il trancha en chef militaire plutôt qu’un sage. Le ciel serti de baïonnettes, la forfaiture se fit même dans une offre de grâce : la lutte contre le terrorisme, la corruption et la gabegie. Ould Abdel Aziz présenta un programme plutôt qu’un projet. De facto il se banalisait dans une posture de chef de parti, celui des généraux, ses pairs, qui s’invitait dans l’arène politique. Encore un édifice nous promit-on alors que nous pensions nos fondations installées et stables. Un coup d’Etat allait à nouveau détruire nos rêves de modèle. Un président élu démocratiquement, comme dans aucune autre élection en Mauritanie, venait d’être renversé. Ainsi nous recommencions la fermeture, les états-majors nous remettaient dans la répétition du même. « Ce lent vertige qui nous fait tourner, mon pays et moi, prendra-t-il fin ? » susurrait le chef des Diallobé dans l’Aventure ambiguë de Cheikh Hamidou Kane.

Il y a là un aspect prégnant et inquiétant de l’éternel retour : la résurgence de l’un, le tourbillon du même. Quelle condition de l’homme et du citoyen que celle de sentir une gésine sans terme. Se retrouver au même point dans l’aller et retour, observer les mêmes péripéties dans l’écoulement du temps comme si l’histoire recommençait, ne prenait que des tournures identiques. Ce saisissement métaphysique a de quoi bouleverser la conscience la plus quiète. C’est l’implication éthique d’une telle figuration de l’histoire qui requiert réflexion. En effet revoir les mêmes évènements se répéter, les mêmes scènes se jouer noue le regard, remue l’esprit, pose l’énigme du temps et le sens de l’histoire. Nietzsche lui-même, selon ses proches, parlait à voix basse, dès qu’il évoquait le thème de « l’éternel retour », en tremblant de tous ses membres. Depuis 1978 les événements et les hommes se sont enveloppés dans une configuration unique. Ce fut un parcours circulaire qui repassait par les mêmes lieux et les mêmes procédés. Toujours un militaire ou un chef de tribu ou de clan tapi à l’ombre avec le regard plein du pouvoir dont il veut s’emparer. Aziz a largement été élu et l’inverse eut été très surprenant. Qui organise les élections, quand il est au pouvoir, les gagne dans nos contrées. Ce qui est déroutant ce n’est ni l’intention, ni le discours. C’est la parenthèse ouverte à la prise de pouvoir contre la légitimité constitutionnelle. C’est l’exemple donné à qui veut faire entendre ses bruits de botte, le crépitement de ses lances. Un coup d’état dans une démocratie, même si celle-ci a des insuffisances, est contre-nature. Ainsi c’est l’empire et le réseau qui nous dominent. L’empire entendu comme centre, ici l’autorité militaire avec ses divisions et sa hiérarchie, ses connexions tribales et régionales, ses relais nationaux et locaux ; le réseau comme domaine des circuits économiques, financiers, sociaux, culturels dont la fonction est de maintenir le pouvoir qui doit circuler au sein d’un même groupe. Le réseau assure les mécanismes de contrôle, contraint dans les détails les savoirs et les volontés. C’est le pouvoir éclaté en sa périphérie, qui se manifeste aussi dans les marges assujetties à la position générale. C’est une tache pour le savoir (sociologique, historique) que de saisir les extrémités, les fils tenus par lesquels un ordre massif de domination s’exerce. La domination peut être parcellaire, satellitaire. Elle a des dimensions locales, régionales et des techniques particulières pour la faire circuler. Un pouvoir fonctionne en chaîne ; il a un centre et une périphérie et c’est à cela aussi qu’il faut faire attention. C’est que le pouvoir transite par l’individu, des associations, des organisations. L’armée est partout, elle a infiltré nos vies. C’est la dimension de sujet qui est niée en chaque mauritanien. Dans l’acte libre du vote une direction était donnée pour le pays. Le fait politique mauritanien prenait sens. Le Président Sidi Ould Cheikh Abadallahi comprit la vérité d’une Mauritanie multinationale, la fracture profonde qui la minait. Il porta la mémoire collective dans ce qu’elle nous réconcilie. Il se hissa à une dimension historique d’une dignité pédagogique et morale exemplaire. Willy Brandt alors Chancelier s’était agenouillé, au nom du peuple allemand face à l’holocauste, lors d’une visite en Pologne, devant le mémorial juif, pour demander pardon. Sidioca lui sut trouver les mots justes pour la veuve et l’orphelin, le déporté et le supplicié. « Au cours des années 80, reconnaît le Président, notre pays a été le théâtre d’atteintes massives aux droits de l’homme qui devaient culminer en 1989-90-91. Des citoyens mauritaniens à l’intérieur et à l’extérieur du pays ainsi que des résidents établis en Mauritanie ont été victimes d’exactions graves et injustifiées. Des populations paisibles se sont vues contraintes à quitter leur pays… Je voudrais ici, au nom de la république, exprimer ma compassion à l’égard de toutes les victimes de ces années sombres » (Discours du 29 juin 2007). Fonder c’est promouvoir une idée, inscrire la perspective dans l’éblouissement du beau, dans une différence singularisée dans une unité. « Penser, disait Camus, c’est avant tout vouloir créer un monde » (In Le Mythe de Sisyphe) Ainsi la parole du président s’était épaissie, enrôlée dans l’amplitude du juste. Et c’est cet itinéraire qui doit servir de repère, ce modèle qui doit inspirer. Puiser dans la parole qui a osé formulé le passif humanitaire ; de sélective pour la gloriole du chef elle évoqua avec Sidioca les échecs et illumina l’ombre par le sceau de la vérité. Le possible démocratique, le désir d’une Mauritanie d’égalité et de liberté avaient éclairé notre imaginaire pour réaliser l’état de droit. La criminalisation de l’esclavage, l’assurance d’une égalité civile entre les citoyens, avaient ouvert une ère de renouveau mauritanien. L’essence de la démocratie est de produire des normes en préservant les différences, de réaliser au mieux la nature humaine. Sous Sidioca le droit ne s’identifiait plus à la force, à la puissance victorieuse comme dans le régime de terreur sous Taya où l’Etat s’égarait dans le massacre et la négation de l’autre.



Rien ne doit justifier qu’un seul individu ou un groupe restreint se tienne au-dessus de la société et décide de son avenir. L’individu fut-il empereur ou césar n’est pas en droit de faire régner son ordre. La démocratie est « l’union des hommes en tout » pensait Spinoza dans le Traité Théologico-politique. C’est donc à la multitude d’être un sujet politique, acteur de ses promesses d’avenir. La multitude se conçoit comme une pluralité de différences. « La multitude est une multiplicité de différences singulières » écrivent Antonio Negri et Michel Hardt dans Multitude. Elle ne se réduit pas à une unité ou à une identité singulière : Arabité, Africanité, Francité, Latinité. Elle est le socle de différences de culture, de couleur, d’ethnicité, de genre mais aussi différentes manières de vivre, différentes façons de parler. La multitude, qui n’est ni le peuple souvent victime de propagande ni la masse au caractère indifférencié et fréquemment aveugle, est l’instance sur laquelle doit s’appuyer le projet, la responsabilité de la définition du commun. Le commun c’est ce que les hommes d’une société ont en partage. Il nous permet de communiquer et d’agir ensemble dans le maintien des identités et des singularités. Vivre en commun c’est vivre ensemble dans une diversité reconnue.



Le coup d’état comme outil de pouvoir et de commandement au détriment du vote des citoyens pose la pertinence de ce mode de légitimation. Ce qui revient à analyser la place dévolue à l’armée. Hector sur son char défendait la ville de Troie, Oumarou Moctar la Libye tandis que Silâmaka Yéro et son fidèle compagnon Poullôrou Galhaawa chevauchaient pour la libération du Macîna. La défense du territoire et la sécurité sont les rôles dévolus à l’armée, au soldat. Quand le fait accompli, le coup d’état fait droit c’est que la démocratie s’assombrit. Kant se refusait dans Le projet de paix perpétuelle à discriminer les guerres, à savoir si telle guerre est plus juste qu’une autre ; puisque dans la guerre on tue ou on se fait se tuer simplement, logique impliquant que toutes les guerres se ressembleraient. Se pose alors la question de la justesse du coup d’état d’Aziz même si ce dernier l’a contourné par une élection. Eliminer la représentation de l’armée dans les institutions politiques, réduire son droit de regard et ses possibilités de prise de pouvoir sont des moyens pour s’atteler à l’essentiel : résoudre la question nationale, travailler au respect de toutes les cultures, à l’équité sociale de tous les mauritaniens. C’est véritablement là l’évènement. A la limite une élection n’est pas en soi un évènement. Ce qui fait évènement c’est le déplacement des réponses, la prise en compte de la spécificité mauritanienne. A l’ère de l’individu et du transnational, du sacre de la société civile, réfléchir à la place de l’ancien et du nouveau, de ce qu’est être citoyen mauritanien au XXI è siècle, ce que représente le progrès dans un pays très pauvre classé parmi les moins avancés, n’est pas vain. Une institution ne tire pas sa valeur dans le fatalisme des milieux modestes, dans l’arrogance de l’Etat. Elle se met en dimension par la donation de sens, la réalisation de soi, le bonheur du plus grand nombre d’hommes possible.

. Contre vents et marées, au prix même de sanctions économiques mettant à rude épreuve le pays, Ould Abdel Aziz, militaire de carrière, aura réussi à se hisser sur les crêtes du pouvoir. Plus que le pouvoir ce qui importe c’est ce qu’on fait de celui-ci. Dans un monde où l’insurrection de la liberté se finalise en démocratie, être élu ne saurait être une prime de commandement, une magnificence, l’éclat de la défaite des autres. Si la légalité est affaire de loi, la légitimité est affaire de pratique de bonne gouvernance. C’est la qualité des solutions qui fait une présidence, l’inversion des souffrances. Ould Abdel Aziz qui vient du sérail militaire a été élu, avec un certain talent, beaucoup de ruse, Président de la République , en s’emparant de thèmes porteurs. Il lui appartient maintenant, de mettre fin définitivement à l’intrusion des militaires, de faire de la Mauritanie une puissance culturelle forte de la diversité de ses composantes nationales. Mais il sera jugé sur sa parole contre l’oppression, dans ses actes pour résorber la fracture nationale, le problème racial, les inégalités sociales. Son pouvoir devra être analysé non pas de l’intérieur, dans ses intentions, dans ce qu’il dit de lui-même mais surtout et davantage par les œuvres accomplies. Spinoza osait avancer (T.T.P, chap. XIV) que les meilleures œuvres de foi sont la Justice et l’Humanité.


BÂ Kassoum Sidiki

© AVOMM.com

Ould Abdel Aziz va-t-il bénéficier d’un temps de grâce ?




La cérémonie d’investiture du président de la république, le général démissionnaire, Mohamed Ould Abdel Aziz a été ce mercredi 5 août, un temps fort dans la vie de la nation mauritanienne, tant et si bien que l’évènement, célébrée en grande pompe, avait rassemblé des milliers de personnes venues assister dans la ferveur au serment de l’homme qui désormais conduira les destinées de la Mauritanie. Le discours du nouvel homme fort est révolutionnaire mais le peuple, lui, attend des actes concrets.
Les organisateurs de l’évènement n’avait pas manqué de mettre les petits plats dans les grands en dépit du manque d’organisations notoire ayant même empêché quelques journalistes et autres personnalités d’avoir accès au stade olympique pour suivre et couvrir l’évènement exceptionnel ayant vu la présence de figures de marque de la France, de la Libye, de l’Union Africaine, de la Ligue Arabe et de tous les groupes internationaux qui ont eu a joué un rôle prépondérant dans la signature de l’Accord de Dakar. Parmi eux, on notait la présence effective du chef d’Etat sénégalais, maître Abdoulaye Wade et héros de la médiation fructueuse ayant abouti au règlement de la crise mauritanienne. Il y avait aussi dans la tribune réservée aux officiels, le président malien Amadou Toumani Touré. La cérémonie a commencé par la lecture d’un verset coranique, suivie d’une brève allocution du président du Conseil Constitutionnel, le magistrat Abdallahi Ould Ely Salem qui est revenu sur la décision de l’institution qu’il dirige, relative à la prestation de serment. 19h 17mn exactement sonnait quand le tout nouvel homme fort de la Mauritanie, Ould Abdel Aziz prêta serment sur les ovations nourries du public. Après ce moment intense qui caractérise l’officialisation dans ses fonction de président de la république, Ould Adel Aziz entouré de ses collaborateurs et écouté par ses invités venus d’ici et d’ailleurs prononça un discours pour dérouler les grands axes de son programme gouvernemental devant des milliers de personnes pressées de connaître les priorités du chef de l’État.
« Je pense aux milliers de pauvres et de déshérités qui fondent sur notre programme électoral d’immenses espoirs pour avoir droit à une vie qui préserve leur dignité, leur honneur et leur fait oublier les spleens et souffrances qu’ils ont vécus pendant longtemps » a-t-il déclaré pour camper son propos avant d’ajouter « A ceux-là, je tiens à affirmer que je ne les décevrai pas, car je suis là pour eux et parce que je sais qu’ils m’ont élu pour que je mette fin à leurs souffrances. Le 18 juillet dernier, le peuple mauritanien a tourné la page de la gabegie et des mauvaises pratiques et ouvert une page qui sera, in Chaa Allah, lumineuse dans l’histoire de la Mauritanie Nouvelle ». Suffisant pour voir tout le public présent debout avec un standing ovation des grands jours. Mais le nouveau chef d’Etat a-t-il entendu les clameurs qui l’ont accompagné tout au long de cette cérémonie ? a-t-il décodé le message à travers les applaudissements des mauritaniens venus de tout bord ? Sera-t-il en mesure de transformer les déclarations de bonne intension en actes concrets afin de convaincre le peuple mauritanien qui l’a élu dès le premier tour du scrutin dernier ? Au-delà de la lutte contre la gabegie et la corruption, saura-t-il tenir ces promesses de campagne en ayant comme objectif annoncé de bâtir un Etat fondé sur la justice, l’égalité et les valeurs républicaines, où le peuple puisse jouir d’une sécurité certaine et de la stabilité .Le président nouvellement installé dans ses prérogatives aura donné les gages de sa bonne foi en parlant de l’éradication de la pauvreté et de ses causes qui constitue un objectif à atteindre dans les meilleurs délais. « Tous les efforts nécessaires à la réalisation de cet objectif seront consentis en comptant d’abord sur nos propres ressources, puis sur la coopération avec nos partenaires au développement. Dans ce cadre, nous poursuivrons les efforts déjà déployés pour réduire le chômage » a laissé entendre l’homme du 18 juillet. . En attendant, le peuple, lui, continue de trinquer et les symboles de la gabegie et de la corruption restent aux aguets. Le temps presse et le pays encore embrasé de la crise politique, a grandement besoin d’une équipe qui va s’appliquer immédiatement au travail pour faire hisser très haut la Mauritanie, dans le concert des nations émergentes. . Face aux urgences de l’heure et aux multiples défis qui assaillent la nation, il s’agit tout simplement de faire de telle sorte que la population vive mieux et que toutes les questions ayant trait à l’agonie des secteurs vitaux tels que l’éducation, la santé, l’agriculture, l’élevage etc…soient le leitmotiv d’un plan d’action de nature à sortir de la situation catastrophique dans laquelle se trouve engloutie le pays. Autrement dit, il s’agira, en vérité, de répondre concrètement aux attentes de ces populations qui n’ont que trop souffert de l’impasse socio politique et économique accentuée par les effets néfastes de la crise économique mondiale

Mamadou Ousmane Tall






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