jeudi 6 août 2009

Et le passif humanitaire ?



Les Négro-mauritaniens, qui ont élu, massivement, Mohamed Ould Abdel Aziz, attendent, eux aussi, beaucoup du nouvel élu. Celui-ci, quelques mois après avoir pris, par la force, le pouvoir, s’était décidé à un geste, significatif, envers la composante négro-mauritanienne, victime, on se le rappelle, de purges sanglantes, dans l’armée mauritanienne, sous le magistère d’Ould Taya. En reconnaissant la responsabilité de l’Etat, non celle des hommes en treillis, et en choisissant, pour traiter du passif humanitaire, de ne traiter qu’avec le collectif des victimes COVIRE, Ould Abdel Aziz a su, tout à la fois, temporiser et s’attirer la sympathie des électeurs négro-mauritaniens, qui ont vu, en lui, l’homme qui «a essuyé leurs larmes». Même si ce qui a été posé n’a pas satisfait tous les organismes des droits de l’Homme qui combattent pour la reconnaissance, la justice et la réparation des dols perpétrés, la question a enregistré, là, une avancée significative, sur le chemin de la réconciliation. Reste à savoir si l’action du chef de l’Etat de l’époque, à dimension manifestement électoraliste, aura, aujourd’hui, la même faveur et priorité pour le président élu que celui-ci est devenu. Les membres de COVIRE y croient, dur comme fer, Chez les autres, c’est la prudence qui domine, car on voit mal Ould Abdel Aziz accepter d’aborder la question, centrale, de la cohabitation entre les Négro-mauritaniens et la communauté maure. Centrale, parce que, pour de nombreux négro-mauritaniens, le coup d’Etat de 1987 et les évènements, tragiques, de 89/91 tirent leur cause essentielle, dans cette histoire de cohabitation mal négociée. Après les réparations, octroyées aux ayant-droits des victimes, les rescapés de l’armée et de la police bénéficieront-ils de compensations, comme promis? Les défalqués de la fonction publique retrouveront-ils leur poste ou, à défaut, seront-ils admis à faire valoir leurs droits à la retraite? N’en déplaise à certains extrémistes, les Négro-mauritaniens et les Haratines souffrent d’un véritable problème de représentativité et d’une certaine marginalisation politique. Faut-il rappeler, à ceux-là, que ceux-ci, réunis, constituent deux-tiers de la population mauritanienne ? En quelles instances officielles, cette réalité est-elle, simplement, visible? Le fameux document des FLAM, en 86, et le manifeste des Haratines, en 2008, sont les témoignages du malaise de ces composantes nationales. Le président Mohamed Ould Abdel Aziz saura-t-il opérer, sur ce plan, la nécessaire révolution tranquille qu’on aurait pu, naturellement, attendre d’un Messaoud Ould Boulkheir ? Remettra-t-il en cause les quotas, iniques, au sein du gouvernement, de l’administration territoriale, des commandements des différents corps d’armée et de sécurité, de la diplomatie, etc. ? Le nouveau raïs accèdera-t-il à la requête du président de l’AJD/MR, Ibrahima Sarr, à savoir le service obligatoire dans l’armée, pour tous les jeunes Mauritaniens âgés de 18 ans ? Se faisant, ceux-ci se frotteraient et se limeraient les cervelles, au contact les uns des autres. Un vrai ciment, pour l’unité nationale.


© Le Calame

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