mercredi 1 juillet 2009

Scrutin du 18 juillet prochain : Forces et faiblesses des candidats

Scrutin du 18 juillet prochain : Forces et faiblesses des candidats
A un peu plus de deux semaines de la joute électorale tant attendue du 18 juillet, plus que jamais, chaque candidat affûte ses armes et se prépare à l’assaut final. Toutefois les candidats ne vont pas à armes égales et il semble que la grande bataille va concerner 3 ou 4 prétendants sur les 10 candidatures retenues par le Conseil Constitutionnel.

Les 10 candidats sont Mohamed Ould Abdel Aziz, Sarr Ibrahima, Sghair Ould M’Bareck, Kane Hamidou Baba, Ahmed Ould Daddah, Messaoud Ould Boulkheir, Jemil Mansour, Ely Ould Mohamed Vall, Hamada Ould Meimou et Saleh Ould Hanena. Ci-après un décryptage des forces et faibles de ces différents postulants à la magistrature suprême.

• Mohamed Ould Abdel Aziz : principal favori, ce candidat a pris une longueur d’avance sur ses concurrents. Après avoir bouclé la première campagne, Ould Abdel Aziz a profité de la période de blocage après la signature des accords de Dakar pour se rendre à nouveau en tournée à l’intérieur du pays. Bénéficiant du soutien d’une administration qu’il a installée et d’un réel élan populaire surtout parmi les couches pauvres, Aziz sera l’homme à battre.

Surfant sur la terre des ses ennemis ; rupture des relations avec Israël (pour le courant islamiste), début du règlement du passif humanitaire et promotion de nombreux cadres négro-africains (Ibrahima Moctar Sarr), distributions de terrains et de vivres à l’endroit des couches pauvres de Nouakchott (Messaoud), Ould Abdel Aziz a une avance qu’il sera difficile de combler pour ses adversaires. Son talon d’Achille : une attitude carrée, un discours virulent contre ses adversaires et une équipe qui a montré ses limites.

• Ibrahima Moctar Sarr : arrivé à la surprise générale 5e de l’élection présidentielle de mars 2007, le leader de l’AJD/MR s’est alors classé dans le camp des grands leaders de l’opposition. Disposant d’un électorat acquis à sa cause, Ibrahima Moctar Sarr est un sérieux postulant dont l’apport pourrait être déterminant dans le cadre d’un éventuel 2ème tour. Toutefois après le retour des réfugiés et un début de règlement de la question du passif humanitaire, le « Mandela de Mauritanie », perd une partie de ses principales revendications.

En outre Sarr a du faire face également à quelques frondes qui se sont soldées par le départ de nombreux cadres du parti. Il est reproché enfin à ce candidat de vouloir troquer des idéaux chers à lui pour s’adonner à une certaine bourgeoisie. Son divorce d’avec la femme qui l’avait soutenu durant la période des vaches maigres et son remariage dans le milieu torodo attestent de ce penchant selon ces détracteurs.

• Hamidou Baba Kane : Candidat avec quelques chances pour le scrutin annulé du 06 juin, l’ancien bras droit d’Ahmed Ould Daddah pourrait être le principal perdant de l’élection du 18 juillet. En effet, si sa candidature avait un sens alors qu’Ahmed étant partisan du boycott, aujourd’hui elle parait désuète du fait de la présence du chef du RFD.

Pis de nombreux cadres et jeunes qui soutenaient Hamidou Baba ont plié bagages pour rejoindre d’autres candidats. Et encore que comme Sarr et Shair, ce candidat a déjà dépensé de considérables fonds pour la campagne précédente. Les choses risquent d’être corsées pour ce candidat coincé entre un Ahmed Ould Daddah de retour et un Ibrahima Sarr qui garde jalousement son électorat du Sud.

• Sghair Ould M’bareck : Tout comme Kane Hamidou Baba, sa présence devient fortuite pour l’élection du 18 juillet, Messaoud Ould Boulkheir étant là. Se réclamant partisan d’une arabisation complète du pays, ce candidat s’est mis à dos la communauté négro-africaine.

Et encore que l’Est qui est âprement disputé entre les grands candidats (Ould Abdel Aziz, Daddah, Ely, Messaoud) ne risque pas de lui être d’un grand secours. Après avoir investi des dizaines de millions pour l’élection annulée du 06 juin, on se demande si ce candidat aura de la ressource pour se lancer à nouveau dans une course aussi éreintante que coûteuse.

• Ahmed Ould Daddah : présent à tous les scrutins présidentiels à l’exception de celui de novembre 1997, le leader du RFD bat le record de participation à ce rendez-vous. Arrivé 2ème lors de la présidentielle de mars 2007, Ahmed Ould Daddah avait montré qu’il était non seulement un puissant mais aussi un incontournable leader politique. Son parti qui avait arraché plus de 17 sièges de députés et des dizaines de mairies se positionnait comme le principale force de l’opposition.

Toutefois depuis le coup d’Etat, le RFD semble avoir perdu de sa verve. Son ralliement « au mouvement de rectification » puis son adhésion au front de refus du coup d’Etat ont créé la confusion. La fronde Kane Hamidou Baba et le départ de nombreux cadres affaiblit certainement le parti. Ahmed Ould Daddah se voit contraint de se lancer dans une bataille aussi décisive que difficile avec un lourd handicape. Si tout le monde s’accorde à dire qu’il devrait figurer dans le peloton de tête, il est difficile de croire qu’il pourra rééditer le score de 2007.

• Messaoud Ould Boulkheir : candidat du FNDD, ce leader charismatique a pris une nouvelle dimension depuis le coup d’Etat du 06 août. En effet, en s’opposant farouchement au HCE et gardant la même ligne de conduite durant plus de 10 mois, Messaoud a séduit de nombreux mauritaniens. Si cet homme avait paru jusque là uniquement comme le défenseur de la couche haratine, il atteint un nouveau pallié aujourd’hui en étant propulsé candidat du FNDD.

Avec l’UDP et Adil en plus de l’APP et de quelques mouvements politiques, Messaoud n’a jamais paru aussi fort. D’aucun le voient d’ailleurs au 2ème tour. Un pas un peu trop vite franchi tout de même si l’on tient compte du peu de temps dont dispose ce candidat pour croiser le fer contre Ould Abdel Aziz.

• Jemil Ould Mansour : leader sans conteste du parti Tewassoul, Gemil se présente pour la première fois à l’élection présidentielle. A la tête d’un parti structuré et certainement le plus discipliné, Gemil peut compter sur un important électorat disséminé dans les quatre coins du pays. Se revendiquant d’un islamisme modéré, ce jeune leader politique pourra tout de même difficilement expliquer ses accointances avec les kadihines de l’UFP lors de leur marche commune au sein du FNDD.

Autre difficulté, les récurrentes attaques du mouvement islamiste, El Qaida au Maghreb contre le pays. L’assassinat du citoyen américain il y a une semaine ne profite pas à ce parti qui a toujours tenu à se démarquer de la nébuleuse islamiste.

• Ely Ould Mohamed Vall : L’ex chef du CMJD est sorti auréolé d’un jugement satisfaisant après une transition 2 ans et le passage à témoin du pouvoir à un Président démocratiquement élu. Pour avoir mis fin au régime de Ould Taya et tenté de remettre sur les rails le pays qui était au bord de la banqueroute financière et en proie à une instabilité sécuritaire, Ely s’est distingué. C’est ce capital qu’il veut mettre aujourd’hui à profit pour titiller son cousin de général.

Cependant pour avoir été l’un des piliers du régime de Ould Taya durant 20 ans, ce candidat traine un passé peu glorieux. De nombreuses voies s’élèvent également contre la fortune qu’il aurait amassée pendant cette période. Sans parti politique, ce candidat compte sur son ancienne équipe (gouvernement du CMJD) et de nombreuses personnalités frustrées par les discours de Aziz qui sont venues lui apporter leurs concours. Fort de centaines de millions d’UM et du soutien de nombreuses notabilités de l’intérieur du pays, Ely se positionne comme le principal adversaire de son cousin.

• Hamadi Ould Meimou : Député de Kobeni, Hamadi Ould Meimou avait été nommé, Ambassadeur au cours du mandat présidentiel écourté de Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi. C’est un poids lourd de la politique nationale. Même s’il doit lutter fortement pour être parmi les favoris d’une élection présidentielle âprement disputée, au point de nécessiter l’organisation d’un second tour pour départager les deux premiers, Hamadi Ould Meimou, s’il n’est pas finaliste, sera incontestablement courtisé par les candidats restés dans la course à la magistrature suprême.

En effet, son soutien étant incontournable pour départager les deux candidats restés en lice, en raison de son importance, pourrait donner une sérieuse longueur d’avance au prétendant qui en bénéficiera sur son rival. La déduction qu’on pourrait alors tirer de cette analyse, c’est la certitude que Hamadi Ould Meimou sera une personnalité clé du prochain régime dont il aura beaucoup œuvré pour que le président élu remporte les élections présidentielles. Alors, quel est ce candidat heureux parmi des postulants au palais ocre, qui aura cette grande chance d’être soutenu par Ould Meimou ?

Certainement, l’homme resté très discret dans son action politique, serait depuis longtemps, comme il l’a d’ailleurs toujours été, l’objet d’une véritable convoitise politique de la part des grands favoris de la présidentielle de juillet prochain.

• Saleh Ould Hanena : C’est le cerveau du coup d’Etat manqué contre Maaouiya de juin 2003. Après cet échec, Ould Hanenna s’enfuie à l’étranger et forme avec des compagnons d’arme, le mouvement des Cavaliers du Changement. Il a été arrêté le 9 Octobre 2004. Une condamnation à mort a été prononcée contre lui à son procès à Ouad Naga.

En août 2005, il retrouve sa liberté dans le cadre d’une amnistie décrétée par le Cmjd. En janvier 2007, Saleh devient président du parti Hatem. Il se porte candidat aux élections de mars 2007 et obtient 7.65% au premier tour, avant de décider de soutenir Ahmed Ould Daddah au second tour.

Depuis le coup d’Etat du 6 août dernier, il milite au sein de la majorité qui soutient Mohamed Ould Abdel Aziz. Ce soutien est resté fidèle jusqu’à la semaine dernière, où devant des changements fondamentaux de la donne politique, Hatem s’est vu dans l’obligation de réajuster ses positions pour ne pas se trouver out. C’est peut-être pour ces raisons que le parti a finalement opté pour investir Ould Hanena à la prochaine élection.

Alors, Saleh rééditera-t-il le score remarquable de mars 2007, où cette fois, dépourvu du soutien des islamistes qui ont leur propre candidat, il risque d’être parmi les derniers du peloton dans cette élection présidentielle, âprement disputée du 18 juillet prochain ?

Abdou Fall et MOML

Source : Le Rénovateur Quotidien

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