mercredi 6 mai 2009

Dans un mois, le scrutin.

C’est vrai qu’en ce moment la pression du Front et du RFD par l’occupation de la rue et la répression qui s’en suit en termes de réaction du pouvoir à travers la violence n’augurent pas d’un avenir pacifique. Mais, de grâce, messieurs du pouvoir et de l’opposition, ne mettez pas ce pays à feu et à sang.



Dans un mois, le scrutin.
Le FNDD et le RFD sont devenus désormais compagnons de misère. On est à un mois du 06/06/09, ce fameux jour de scrutin qui risque de parachever pour de bon l’échec cuisant d’une classe politique dont les acteurs ont pêché par un amateurisme et une naïveté surprenants … 

Mis devant le fait accompli d’un coup d’Etat militaire, les uns se sont cantonnés (oralement) à l’exigence (utopique) d’un rétablissement du président déchu dans ses fonctions et les autres se sont accrochés à une compréhensibilité feinte et intéressée à l’égard d’ un militaire devenu trop ambitieux pour jouer une fois de plus au faiseur de rois… 

Que ce soient d’une part Ould Boulkheir, Ould Maouloud, Ould Mansour, Ould Houmeid, entre autres leaders du FNDD, ou d’autre part Ould Daddah, leader du RFD et chef de file de l’opposition, tous les adversaires du camp adossé à Mohamed Ould Abdel Aziz se sont disqualifiés d’une compétition dont ils ont en réalité laissé fixer les règles par le HCE et ses partisans. 



D’abord au niveau des Etats Généraux de la Démocratie. Sachant que leurs conclusions engageraient l’avenir du pays les partis du Front ont boycotté ces assises tandis que le RFD y a pris part. 

Sans avoir pu orienter les débats dans le sens qui l’arrange, Ahmed Ould Daddah est sorti défait de ces EGD mais ne s’est pas montré suffisamment ferme face au Général et son camp. Le FNDD, en ayant pas participé a laissé faire et a continué à espérer que la communauté internationale l’aiderait à bouter le Général hors du palais.

Ensuite au face aux efforts de médiation entre protagonistes de la crise. Fini le ballet diplomatique des premières semaines qui ont suivi le putsch, voilà nos protagonistes répondant (poliment) aux invitations d’un Kadhafi qui viendra les humilier à Nouakchott, leur infligeant de longues heures de folklore pour finir par se payer la tête de tous les mauritaniens. 

Là aussi, le front a raté une occasion: se faire flexible et s’engager dans cette élection derrière un candidat suffisamment consensuel pour barrer la route au Général. A condition bien sûr que l’écueil des conflits de personnalités soit levé. 

Enfin dans la manière de résister. Le Front et le RFD se disent aujourd’hui déterminés à faire échouer «l’agenda unilatéral». Les deux formations perdent de vue que cet agenda n’est que la résultante d’un processus dont ils n’ont à aucun moment eu le contrôle. Le Général a eu huit mois pour faire le tour de la Mauritanie, se faire connaitre des populations de « la Mauritanie des profondeurs » et les convaincre à le suivre. 

Pendant ce temps, les dirigeants du Front et celui du RFD ont fait beaucoup de déplacement à l’étranger. Ould Abdel Aziz, aussi a fait des sorties à l’étranger. Mais, ses adversaires lui ont laissé le champ intérieur libre. Il a suffisamment utilisé cette surface de réparation où il finira certainement par être le seul à marquer le but de la victoire. 

Car, il lui a été donné l’opportunité d’être confronté à des candidats, il faut le dire, pas suffisamment lourds pour le battre vu les conditions dans lesquelles va se dérouler l’élection: matériellement, le Général domine. Mentalement aussi, puisque des trois autres candidats l’opinion dit que c’est lui qui les a suscités. Sans compter que cette fois-ci, avec ou sans la majorité des électeurs il y aura belle et bien une élection présidentielle. 

Entre temps, le cafouillage est bien là: du côté du RFD, en plus de la scission, le président se laisse piéger par une interview où il jette le discrédit sur ses nouveaux amis du Front (voir ses déclarations mises en ligne par certains sites-web). Du côté du FNDD, c’est à Ould Maouloud qu’il a été prêté des propos sur la "mauritanité" de certains candidats. Tout ça a de quoi faire peur. 

C’est vrai qu’en ce moment la pression du Front et du RFD par l’occupation de la rue et la répression qui s’en suit en termes de réaction du pouvoir à travers la violence n’augurent pas d’un avenir pacifique. Mais, de grâce, messieurs du pouvoir et de l’opposition, ne mettez pas ce pays à feu et à sang. 

Kissima 

source : La Tribune

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