mardi 28 avril 2009

Bios Diallo : Une plume à la croisée des cultures.




Présentateur attitré d’émission à la Télévision de Mauritanie, poète engagé et essayiste, Bios Diallo, puisque c’est de lui qu’il s’agit, n’est plus à présenter dans le microcosme intellectuel nouakchottois. 

Pourtant, la majorité des Mauritaniens ne savent pas encore grand chose de lui sinon qu’il anime l’émission bimensuelle«Mauritanie plus» à la télévision nationale.

Moussa Diallo, pour ceux qui le ne le connaissent pas bien, frappe d’abord par la trajectoire peu commune qu’il a, très tôt, empruntée dans la vie : une trajectoire étonnamment jalonnée de rencontres avec des sommités du monde littéraire et journalistique.

En effet, c’est encore au lycée de Sélibaby, une wilaya de l’extrême sud du pays que ce peul«diallobé», très tôt passionné de littérature africaine, a commencé à correspondre avecLéopold Sédar Senghor du haut de son piédestal de chantre de la négritude, d’illustre poète et de premier président de la république sœur du Sénégal. En fait, ce privilège, exceptionnel pour ceux qui savent capter et interpréter les signes, était une preuve que la promesse des fleurs chez ce lycéen du Guidimaka, serait à la hauteur des futurs fruits. 

Cette tendance se confirmera maintes fois par la suite dans ses rencontres avec des personnalités de la trempe d’Aimé Césaire, l’autre chantre du courant littéraire de la négritude à qui d’ailleurs il consacra un essai intitulé «Césaire et nous», essai écrit en collaboration avec d’autres auteurs. 

Ensuite, ce sera Cheikh Hamidou Kane, son cousin peul et auteur du chef d’oeuvre«l’Aventure ambiguë» qui préfacera bien après son livre «De la naissance au mariage, chez les peuls de Mauritanie» (Edition Karthala).

Et la liste est loin d’être terminée car, il verra, au fil des années, le père de la nation mauritanienne feu Moktar Ould Daddah pendant leur commun exil en FranceBéchir Ben Yahmed et presque tout le staff du journal «Jeune Afrique» Senen AdriamiradoSiradiou Diallo tous deux aujourd’hui «sous terre»Amine MaaloufTahar Ben Jelloun et Wole Soyinka, deux prix Nobel, Jean Pierre N’Diaye….) 

j’allais oublier feu Sony Labou Tamsi et Henri Lopez deux écrivains congolais de grosse pointure. Taille moyenne, joues pleines, sourire toujours au coin des lèvres, lunettes à fine monture, un attaché-case plein de documents toujours en main, Bios présente un vrai look d’intello. Ses activités culturelles très tôt surchargées n’ont, pourtant, pas perturbé ses études qu’il mena sans bobos. 

Ecoles primaire et secondaire à SelibabyBaba Moussa (un autre pseudonyme avec lequel il signe ses nombreux articles dans la presse locale) a obtenu son baccalaureat littéraire en 1990 et sa maîtrise en philosophie en 1994 à l’Université de Nouakchott. «Pourtant, certains de mes professeurs voulaient que je poursuive, coûte que coûte, mes supérieures en anglais mais j’ai fini par opter pour la discipline de la remise en question perpétuelle. 

Je n’ai pas regretté ce choix car, il a renforcé ma capacité d’analyse, de discernement et m’a permis d’appréhender, à leurs justes valeurs, beaucoup de rites, de coutumes et d’us de l’ethnie peuhle»
. Puis, il ajoute : «Mon passage à l’université de Nouakchott a mis sur mon chemin le linguiste et poète feu Ousmane Moussa Diagana qui m’a beaucoup marqué. Que la terre lui soit légère.» Nanti du parchemin obtenu à Nouakchott, Bios s’inscrira, l’année suivante, à l’Université de la Sorbonne à Paris où il obtint un DEA (Diplôme d’Etudes Approfondies) en lettres.

«Dans ce temple du savoir, j’ai surtout côtoyé le professeur titulaire de la chaire de lettres, M. Jacques Sevier qui est aussi auteur d’une célèbre anthologie sur la littérature négre». AParis, poursuit-il , j’ai rencontré tout le gotha de la littérature africaine : Mongo Béti, leGoncourt Ahmadou KouroumaCalixthe Beyala, Elimane Kane, le philosophe Boubacar Boris Diop… Ces rencontres seront, sans doute, pour quelque chose dans la réalisation de son ouvrage «les Paris des Africains», paru en 2002 aux éditions «Cauris»

Diallo est aussi auteur de deux recueils de poésie : «Les pleurs de l’arc-en-ciel» et «Les os de la terre» qui vient de paraître aussi aux éditions l’Harmattan, deux livres traversés comme un fil d’Ariane par «un amour obsessionnel» pour la Mauritanie. Revenu en Mauritanie à la faveur du vent de liberté qui a soufflé pendant la première transition, Bios entend «poser sa pierre dans la construction de l’édifice national»

«Je suis rentré six mois seulement après le changement du 3 Août 2005 car, j’avis vraiment le mal du pays.»
. Il est aujourd’hui conseiller en communication au ministère de la Culture, de la Jeunesse et des Sports. Son prochain livre sera intitulé «Une vie de Sébile», une œuvre qui se situera dans le prolongement «Des os de la terre» où il vante les vertus de la diversité et prêche la tolérance. 

Sidi Moustapha Ould BELLALI 

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