samedi 11 juillet 2009

Saleh Ould Hanenna, ancien putschiste et candidat pour la 2ème fois à la Présidence mauritanienne





« Vous m’accusez injustement et vous me renvoyez de l’Armée, je ne l’oublierai jamais ». Cette phrase est de Saleh Ould Hanenna, candidat à l’élection présidentielle du 18 juillet courant, qui s’adressait à ses supérieurs hiérarchiques après son bannissement des forces armées, en 2000. L’homme avait été suspecté par son ancien chef d’état-major, le général à la retraite Moulaye Ould Boukhreiss, de fomenter une tentative de putsch contre le régime de l’ancien président Maaouya Ould Taya (1984 – 2005). Originaire du centre-est mauritanien (le Hodh Elgharbi), Saleh Ould Hanenna est né au début des années 60, peu de temps après l’accession du pays à l’indépendance. Il a fréquenté le lycée d’Aioun, capitale de cette région et berceau du courant nassériste (en référence à Gamal Abdel Nasser) en Mauritanie. Selon ses anciens promotionnaires, le jeune Saleh affichait l’image d’un élève frondeur, imbibé de nationalisme arabe et avait une allergie particulière aux programmes d’enseignement du français. Issu d’une famille guerrière, Ould Hanenna savait déjà parfaitement manier les armes à feu lorsqu’il a intégré l’Armée mauritanienne dans laquelle il s’est bien retrouvé dans sa peau. Il y a tissé de précieuses amitiés, facilitées, il est vrai, par la prédominance, à l’époque, de ses proches dans ce corps. C’est d’ailleurs probablement à cause de ce facteur qu’une suspicion a été nourrie par certains à l’égard de ce jeune officier compétent et rouspéteur. Il finira par être mis à la porte sans autre forme de procès. Ressentant profondément l’injustice, Saleh Ould Hanenna se fond dans l’ombre et adopte un véritable profil bas, le temps de se faire oublier par les Renseignements généraux. Il fait le taximan pour subvenir à ses charges familiales tout en mûrissant son projet revanchard, à l’image des grands héros du nationalisme arabe, tels Gamal Abdel Nasser ou Michel Aflaq. Le moment venu, Saleh approche ses anciens amis de l’Armée chez qui il parvient aisément à attiser la fibre nationaliste arabe pour gagner leur adhésion à la tentative de putsch amorcée la nuit du 6 au 7 juin 2003. Lui-même à dos d’un blindé effectua cette nuit là une parade à l’intérieur du Palais présidentiel avant de se positionner devant la Radio d’où il conduisait les opérations sur le terrain. A partir de cette position, le jeune putschiste négocie avec le chef d’état-major, feu le colonel Mohamed Lemine Ould N’diayane, qui proposait un dialogue pacifique entre les deux parties. Mais « c’était trop tard, les dés sont jetés », avait tranché Ould Hanenna. Le surlendemain, la tentative est avortée, Saleh réussit à quitter le pays via le territoire malien et s’installe au Burkina Faso d’où il reviendra à la charge en août 2004. Cette fois aussi, la chance ne lui sourit pas et, pire, il sera arrêté à Rosso avant de quitter la Mauritanie. Incarcéré et torturé, « l’ennemi public no 1 », tel que présenté par les media officiels mauritaniens, est jugé et condamné à la perpétuité en février 2005, six mois avant le renversement du président Taya. Ould Hanenna bénéficie alors de la grâce accordée par le Conseil militaire pour la justice et la démocratie (CMJD) qui vient de prendre le pouvoir. Il se lance aussitôt dans la politique en créant sa propre formation, le Parti mauritanien pour l’unité et le développement (HATEM). Elu en 2007 député à l’Assemblée nationale, Saleh ne se suffit pas de cet exploit et pousse ses ambitions en direction du Palais brun de Nouakchott en présentant sa candidature au poste de président de la république. Il obtient 8 % des voix au premier tour et rallie le leader de l’opposition, Ahmed Ould Daddah, au second tour. Après le nouveau coup d’Etat qui a déposé Sidi Ould Cheikh Abdellahi le 6 août dernier, le président de HATEM se range du côté des putschistes dirigés par le général Mohamed Ould Abdelaziz. Il a appuiera même la candidature de ce dernier à l’élection présidentielle du 6 juin avant son report en vertu de l’Accord de Dakar. Mais l’homme change brusquement de position et décide de participer lui-même à la course pour le fauteuil présidentiel. Est-ce une révision de son alliance avec Abdelaziz ou tout simplement une tactique visant à lui porter secours dans un second tour où il serait éventuellement présent ? La réponse ne sera vraisemblablement connue qu’après le 18 juillet. Source : Agence de Presse Africaine

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