mardi 14 juillet 2009

Grippe daddahienne et « victoire » d’Aziz au premier tour : L’inquiétant scrutin de tous les dangers


dangers

A trois jours du scrutin, le parcours de la course présidentielle n’a pas encore creusé l’écart entre les concurrents. Dans le peloton de tête, trois candidats font le dernier sprint de fond à coudes serrés : Messaoud Ould Boulkheir, Ahmed Ould Daddah et Mohamed Ould Abdel Aziz.Deux seulement franchiront la ligne d’arrivée. La bataille électorale s’étant transformée en une guerre sans merci entre les trois principaux pôles économiques du pays (Idawaali, Smacides, Oulad Bousbaa) ayant rejoint chacun, avec armes et porte-monnaie, l’un des candidats, l’issue du scrutin prochain sera des plus dangereuses de l’histoire du pays.
Quel qu’en soit le vainqueur, elle ouvrirait une ère d’instabilité permanente. Au lendemain du 18 juillet, les perdants, quels qu’ils soient, seraient contraints de quitter le pays. C’est la règle du jeu dans le monde du business. La campagne l’a bien montré. Les citoyens ont assisté à une campagne matérielle, pas à une campagne politique.
L’enjeu s’est situé jusqu’ici autour de celui qui apporterait (ou achèterait, si vous voulez) plus de voix. Les menaces sérieuses et la détermination à en finir avec l’adversaire, proférées par candidats interposés, montrent que la bataille tourne autour du pouvoir financier (pétrole, banques, industries, commerce, trafic de tous genres).
Les Smacides provoquent une grippe daddahienne
Au lendemain du 3 aout 2005, Ould Abdel Aziz

n’a pas caché ses (mauvaises) intentions à l’égard de ceux qui, selon lui, ont « sucé le pays vingt ans durant », intentions qu’il a fini par dévoiler, publiquement, à Atar en promettant de leur « couper les têtes » une fois élu, puis au cours de son mega-meeting d’Arafat quand il a porté des accusations graves et nominatives contre le groupe Noueguedh, Ould Abeidna et Ould Taya. A présent, il est clair pour tout le monde ce qui attendrait les Smacides si Ould Abdel Aziz est investi : l’exil ou la prison.
En se jetant dans les bras d’Ahmed Ould Daddah, les Smacides pensaient avoir misé sur le meilleur cheval de l’écurie de l’opposition, assurés que celui-ci ira en ballottage, au second tour et croyant que Messaoud sera handicapé par quelques pesanteurs sociales. Or, la percée de ce dernier a montré la tendance inverse.
En entourant, massivement, Ould Daddah, les Smacides trahissent à la l’opposant de première heure aux coups d’Etat du 3 aout et du du 6 aout et ceux qui ont fait échouer le putsch, le FNDD. A l’inverse, Ould Daddah a soutenu tous les coups d’Etat…contre les Smacides. En lâchant Messaoaud, les Smacides, assurés de son vote au second en faveur de leur candidat, commettent une erreur de taille. Non seulement, ils auraient abandonné l’autre pôle économique dans la bataille (les Idawaali), mais ils se seraient isolés dans leur confrontation violente et directe avec les Oulad Bousbaa.
D’autant que l’influence, supposée ou réelle, des Smacides au Charg n’a pas jusqu’ici donné les résultats escomptés. Les réticences à l’égard d’Ould Daddah dans ces régions, surtout au niveau des officiers de l’armée et des électeurs, demeurent insurmontables dans bien des cas. Au contraire, la fibre régionale a plutôt joué en faveur de Messaoud. Ses meetings à Néma, Aioun et Kiffal’ont démontré. Dans l’hypothèse où Messaoud n’arriverait pas au second tour, il serait alors le « faiseur » du prochain président de la République. Dans ce cas, le verrou des accords de soutien mutuel signés entre Daddah et celui-ci pourrait sauter devant la « logique des intérêts », souvent brandie par les politiques pour faire payer une vieille traitrise. Ici, et en matière de principes,Messaoud Ould Boulkheir et le FNDD pourraient recevoir des leçons de tout le monde, sauf d’Ahmed Ould Daddah. La « victoire » d’Aziz au premier tour
« Aziz va passer au premier tour », c’est ce qu’on répète dans les tous sièges de campagne de l’auteur du coup d’Etat du 6 aout. Comment ? Personne n’avance la moindre analyse. A moins de cette réplique ironique de l’un de ses collaborateurs : « comme tous les candidats ne pensent qu’à arriver au second tour, on s’est dit haro sur le premier tour, il n’y a personne ».
Sur le terrain, en tous cas, Aziz n’est en tête dans aucune région du pays et s’il l’est, ce serait avec une avance assez négligeable. Au cours de la présidentielle de 2006, élection que connait bien d’ailleurs Ould Abdel Aziz, Sidi Ould Cheikh Abdellahi, arrivé en tête dans 10 régions sur les 13 du pays, a recueilli seulement environ 24% des suffrages. C’est dire qu’aujourd’hui une victoire au premier coup est assez aléatoire, voire impossible. Reste alors le scenario du coup d’Etat dont l’épouvantail a été remué par Aziz à Atar et pris au sérieux par l’opposition. La fraude, avec la bénédiction de la France, a été également évoquée par certains candidats qui estiment que le dernier meeting d’Arafat où l’afflux extraordinaire répondait plus à l’effet d’annonce par Aziz de scandales impliquant ses concurrents qu’à une réelle allégeance pour celui-ci. Robert Bourgi, l’influent avocat parisien et faiseur de « rois en Afrique », présent durant le meeting, aurait immédiatement téléphoné à la Cellule Africaine de l’Elysée en leur disant, en substance : « c’est la première fois de ma vie que j’assiste à une telle démonstration de force populaire ». Selon l’opposition, une campagne de presse serait alors en cours pour préparer l’opinion à cette « victoire » du premier tour. Mais, dans tous les cas, tout cela ouvrirait à des lendemains incertains et à une agitation permanente.

Henoune (La Presse) via Canalrim

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