vendredi 17 juillet 2009

La Mauritanie de coups d'Etat en élections

La Mauritanie de coups d'Etat en élections

A Nouakchott, lors de la campagne électorale de mars 2007 (photo Pascal Priestley / TV5monde)
Après 10 mois de régime militaire suivi d'un bref gouvernement d' "union nationale" aux prérogatives essentiellement techniques, 1,2 millions d'électeurs Mauritaniens sont appelés à élire un nouveau président de la République.

Tenue en mars 2007 au terme d'une autre période de pouvoir militaire, la précédente présidentielle avait consacré la victoire de Sidi Ould Cheikh Abdallahi.

Seize mois plus tard, il était déposé par une junte dirigée par le Général Ould Abdel Aziz (aujourd'hui candidat).

Le pouvoir de celui-ci n'a jamais été formellement reconnu par l'essentiel de la communauté internationale ni par l'opposition mauritanienne.


Le 3 juin 2009, les accords dits "de Dakar" fixaient le cadre d'une sortie de crise et de nouvelles élections.

Le premier tour de scrutin est fixé au 18 juillet 2009. Le second aura lieu le cas échéant au 1er août.
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Des élections pour rire ?

Des élections pour rire ?
par Pascal Priestley

Des élections exemplaires dans un climat de libertés acquises… c’était il y a un peu plus de deux ans, en mars 2007.

De l’Union africaine à l’Union européenne en passant par l’Organisation internationale de la francophonie, la communauté internationale saluait non sans arguments l’avènement d’une Mauritanie démocratique promise, disait-on, à devenir un modèle pour le continent.

La leçon aura duré moins de dix-huit mois.

Le 6 août 2008, une junte militaire dirigée par un Général ould Abdel Aziz aux états de services déjà chargés en la matière s’emparait du pouvoir, emprisonnant avant de le placer en liberté surveillée le Président élu Sidi ould Cheikh Abdallahi.

Dix mois plus tard, les accords de Dakar signés entre les principales composantes politiques du pays ouvraient certes la voie à de nouvelles élections. Mais ils entérinaient aussi dans les faits le coup de force de l’armée en confirmant la déposition du pouvoir civil légitime.

Quelle qu’en soit l’issue et même son équité, le scrutin d’aujourd’hui ne marque guère, à cet égard, un succès ébouriffant de la démocratie mauritanienne ni de l’État de droit.

Sauf, bien sûr, à considérer l’exercice électoral comme une fin en soi dépourvue d'implications.

Mais si l’opposition au régime militaire l'emporte - comme cela semble pouvoir être le cas -, la question centrale semble aujourd’hui moins le nom de l’élu que sa faculté à résister plus durablement que son prédécesseur aux coups de sifflets des généraux.


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Veillée d'armes




Les derniers jours de la campagne électorale.



Correspondance en images de Nouakchott pour TV5monde de Vincent Fertey (17 juillet 2009)
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Un scrutin “ouvert et libre“

Un scrutin  “ouvert et libre“
Entretien avec Ahmed Ould Cheikh, journaliste et directeur du journal mauritanien indépendant “le Calame“


Quelle est l'ambiance à la veille de cette élection ?

Pour l'instant, tout va bien. Les derniers meetings de campagne se tiennent normalement. La commission électorale est à pied d'œuvre pour assurer un bon déroulement du scrutin. On peut dire que cela se passe dans le calme.

C'est un scrutin ouvert et libre ?

Oui, pour le moment, absolument. Et il y a quatre candidats qui peuvent se retrouver au second tour, on peut dire que c'est ouvert.

Qui est favori ?

Pour le moment, c'est Ahmed Ould Daddah. Mais comme personne n'est assez fort pour gagner au premier tour, il y aura sûrement un second tour et les grands candidats décideront alors des reports de voix. Probablement contre le Général Aziz.

Le Général Aziz était au pouvoir. Il ne s'en trouve pas favorisé ?

C'est vrai qu'il est en campagne depuis au moins dix mois, il a pu sillonner le pays. Mais les Mauritaniens se sont habitués à la démocratie. Récemment, il a haussé le ton en menaçant les "prévaricateurs". Mais ce sont plutôt des effets de campagne.

Il y a un peu plus de deux ans, d'autres élections avaient été libres et ouvertes. Elles ont été remises en cause quinze mois plus tard...

Oui, mais la situation était différente. Sidi Abdallahi était l'otage de l'armée qui l'avait choisi et qui a pu le renverser. Ce ne sera pas le cas cette fois si Ahmed Ould Daddah remporte les élections.

Propos recueillis par Pascal Priestley

  • Sommaire du dossier

Repères sur la Mauritanie

MAURITANIE

Chef de l'Etat : Le Président du Sénat Ba Mamadou MBARE (à titre intérimaire jusqu'à l'élection)
Capitale : Nouakchott
Superficie : 1030700²
Population : 3283000 habitants
Gentilé : Mauritanien, Mauritanienne


Dossier "Mauritanie" réalisé par Pascal Priestley (TV5monde, juillet 2009)

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