mercredi 26 août 2009

Bonne gouvernance : Une opération main propre serait en l’air



Premier conseil des ministres du nouveau gouvernement d’après élection du 18 juillet 2009, et voilà le nouveau président élu qui frappe fort. Le Directeur général de la Sonimex, Mahafoudh Ould Agatt et le président de la Commission Centrale des Marchés, M. Bâ Yayhya Bocar sont limogés. Pourtant les deux hommes sont présentés comme des « soutiens politiques solides » du tombeur de Sidi Ould Cheikh Abdellahi. Mais quelque part on semble oublier que Mohamed Ould Abdel Aziz candidat au fauteuil présidentiel s’était montré clair sur la lutte contre la gabegie et la corruption.

. Pour lui, disait-il, si parmi ses soutiens certains n’étaient pas propres, il n’hésiterait pas à les sanctionner. Donc, en joignant la parole à l’acte, Ould Abdel Aziz a frappé fort parmi ses soutiens. C’est un coup de massue qui donne la trouille aux nouveaux ministres qui en tremblent encore. Ils doivent veiller à la bonne gestion des ressources publiques de l’Etat mis à leur disposition. Le message Ould abdel Aziz est plus que clair.
Sans attendre, déjà pour la Sonimex, Mourtéji Ould Elwavi aurait été proposé au Conseil d’Administration de la Société Mauritanienne d’Import Export pour remplacer Ould Agatt. Que reproche t-on de si grave aux deux hommes pour qu’ils soient relevés de leurs fonctions en même temps ? S’agissant de la Commission Centrale des Marchés, la thèse la plus plausible parle d’un marché ayant fait l’objet d’un appel d’Offres et qui aurait fini par être attribué à une société sénégalaise au détriment de la société ATTM, une filiale de la SNIM, malgré qu’elle ait été la moins disante. Bien que les collaborateurs de Bâ Yahya Bocar aient donné les bons conseils d’usage en la matière, le président de la Commission Centrale des Marchés n’aurait rien voulu comprendre estimant, semble t-il, que même si l’offre d’ATTM était la moins disante, il doute que la société soit en mesure d’exécuter ce marché dans les délais, car elle aurait un calendrier chargé. Vraie ou fausse, cette histoire serait la coupe qui aurait fait déborder le vase car le président de la Commission Centrale des Marchés, n’était pas, dit-on, dans le sérail de son institution, un homme facile. Il semble qu’il entretenait des relations de travail difficile avec ses collaborateurs. En fait, semble t-il, il n’en faisait qu’à sa tête et agissait comme bon lui semblait. Avec le secrétariat général du gouvernement duquel la Commission Centrale des Marchés (CCM) dépendait, les rapports n’étaient pas des plus sereins. Bâ Ousmane, secrétaire général du gouvernement n’aurait pas apprécié le déplacement de Bâ Yahya Bocar au Canada sans son autorisation. Mis au courant, Moulaye Ould Mohamed Laghdaf, chef du gouvernement, aurait avisé en haut lieu des turpitudes du président de la « Génération du Concret » dont les déplacements dans le département central de Kaëdi et les engagements pris auprès des populations -dans le cadre du soutien politique apporté à Mohamed Ould Abdel Aziz- n’avaient pas les faveurs de la primature. Quant à la Sonimex, on avance des histoires de faux en écritures comptables pour expliquer son limogeage.

A qui le tour maintenant ?

De source bien informée, l’après ramadan ou même la fin du mois d’août réserve des surprises à bon nombre de responsables qui gèrent des institutions étatiques ou semi étatiques. Pour l’heure, Ould Abdel Aziz qui se serait tapé dix jours de vacances, aurait fait suspendre la signature du directeur du Budget, du trésor public etc. Une mesure qui laisse présager d’un coup de balai assez vaste dans ces deux institutions et qui, dit-on, pourrait toucher jusqu’au simple fonctionnaire. Une opération qui serait bénie par les partenaires au développement désireux de voir le nouveau président mettre fin à la corruption qui gangrène le budget et le trésor public. En effet, une véritable mafia s’est formée dans ces deux institutions où même le simple planton a pignon sur rue pour racketter les pensionnaires de ces deux institutions étatiques. Une situation devenue ingérable, car tous les coups y sont permis pourvu de mettre la main à la poche. Il n’y aurait pas que ces deux institutions qui soient concernées par l’opération main propre. Le projet qui serait encore gardé au secret, viserait, outre les services dépendants du ministère des finances, le ministère des affaires économiques et du développement ainsi que ses différents projets, le ministère de l’agriculture et de l’élevage, les mines et industries, la santé et les affaires sociales, l’équipement et transport, l’éducation nationale, la justice entre autres. Des audits de certains départements seraient diligentés pour faire l’Etat des lieux. On cite la fonction publique devenue un fourre-tout sans rapport avec le travail de l’administration. De source non confirmée, une compression d’un bon nombre de travailleurs non contractuels de l’Etat serait en gestation. Les institutions sécuritaires seraient également en ligne de mire des partenaires au développement. Quand bien même ils sont prêts à aider la Mauritanie à lutter contre le terrorisme, ils souhaitent voir au plus vite les responsables de la sécurité faire le ménage pour lutter contre la corruption qui gangrène le milieu. Ould Abdel Aziz saura t-il prendre le taureau par les cornes et aller en guerre contre la corruption et les détournements de fonds publics ? Rien n’est moins sûr, car les maux ont pris racine depuis plusieurs années.

Moussa Diop


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