jeudi 20 août 2009

La Mauritanie à la croisée des chemins: y'aura-t-il un pilote dans l'avion ?






Les modèles ou systèmes de gestion étatique ont dans la plupart des cas à répondre en posant des actes de nature à donner les premières impressions sur les fondements de la question inhérente au mode de fonctionnement gouvernemental. Ainsi 100 jours suffisent pour que tout gouvernement trace véritablement les grandes lignes de sa politique de gestion de la chose publique et partant son système de transparence ou non des deniers publics avec ses corollaires, le développement et autres fronts comme la lutte contre la gabegie et la corruption. Ould Abdel Aziz aura donné les gages de la gestion saine des ressources nationales pendant toute la durée de sa campagne et aussi et surtout lors de son investiture à la magistrature suprême survenu le 5 août dernier. Le chef de l'Etat mauritanien, arrivé au pouvoir avec une majorité l'ayant rendu victorieux dès le premier tour, sera-t-il en mesure de rompre avec les vieilles habitudes funestes héritées depuis l'ère Taya? Va-t-il se livrer réellement à une véritable bataille contre les prévaricateurs quand on sait que l'essentiel du pouvoir est détenu par des puissances tapies dans l'ombre et qui veillent au grain sur leurs intérêts partisans et somme toute révélateurs de trente ans d'emprise et de main mise sur tous les régimes qui se sont succédés. Va-t-il rompre avec les cercles puissants composés d'hommes d'affaires et de chefs de tribus qui détiennent entre autres les biens nationaux et savent à tout moment activer leurs réseaux pour mettre è genou le système de gestion allant dans le sens contraire à la préservation de leur supposé pouvoir? L'homme du 18 juillet ne va-t-il pas être pris dans un engrenage qui pourrait l'étouffer et le détourner de l'essentiel? Au-delà de la lutte contre les effets pervers liés à la corruption et à la gabegie, il est bien question d'une autre lutte, celle là même que la Mauritanie toute entière attend du président des pauvres depuis au moins trois décennies. Rien ne changera si Ould Abdel Aziz ne va pas plus loin que le combat qu'il veut mener en ne s'arc boutant que sur une lutte dont les racines profondes trouvent leur sève à partir d'un système établi et qui rend caduc toute intention de travailler dans le sens de l'intérêt supérieur de la nation. Il s'agit ni plus ni moins de revoir tout le système de gestion de la chose publique, en mettant en place des institutions fortes et modernes capables de fonctionner et de mettre l'homme qu'il faut à la place qu'il faut, en dépit des pressions malveillantes de ce qu'on peut appeler les brebis galeuses de la nation. Cela évidemment demande beaucoup de courage, de témérité même, quand on sait qu' une bonne frange du peuple s'est habituée à une spirale de d'atermoiements lorsque l'écrasante majorité du peuple aspire à un changement réel et imminent pour organiser et changer positivement son vécu. De manière effective. La tache est immense et le président élu, au soir du 18 juillet, a choisi de faire cavalier seul, en ne travaillant qu'avec ses soutiens, en dépit de son appel lancé à l'opposition pour bâtir le pays. Personne ne peut lui en vouloir, lui qui a passé le cap du premier tour. Il reste à savoir si les déclarations de bonne intention se transformeront en une réalité pour que le peuple voit enfin le bout du tunnel. Cela est possible. A condition que son slogan de campagne, gouverner autrement ait un contenu et requiert toute sa quintessence.
Mamadou Ousmane TALL © Points Chauds

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