mardi 18 août 2009

Scène politique post présidentielle : Quels repères pour Tawassoul, AJD/MR et HATEM.


Un mois après l’élection de Mohamed Ould Abdel Aziz à la présidence de la République, et une semaine après la formation du troisième gouvernement de Moulaye Ould Mohamed Laghdaf, le positionnement de trois partis de la scène politique nationale suscite de nombreuses interrogations chez les observateurs.

Il s’agit du Rassemblement National pour la Réforme et de Développement (RNRD- Tawassoul)- mouvance islamiste modérée, de l’Alliance pour la Justice et la Démocratie/Mouvement pour la Réconciliation (AJD/MR) et de HATEM, dirigé pat Saleh Ould Hanena.

Non arrimés à l’opposition classique constituée du couple Front National pour la Défense de la Démocratie (FNDD) et Rassemblement des Forces Démocratiques (RFD), les trois partis en question, semblent se trouver comme dans une position d’attente, sans que l’on sache exactement s’ils sont du côté du pouvoir ou s’ils finiront par la formation d’un centre qui n’est ni de l’opposition ni de la majorité. Jusqu’ici, ils restent sans voix !

La position de ces partis -en plus de celle du PRDR qui ne figure nulle part dans la composition de l‘équipe gouvernementale en dépit de son alignement dès la première au bataillon des partis putschistes et malgré qu’il fut représenté par deux ministres depuis le 6 août 2008- renvoie à une impression de « flou » fortement accentuée par le silence des principaux responsables de ces formations, étrangement avares en déclarations sur un sujet qui intéresse pourtant nombre de leurs compatriotes.

Les candidats de ces partis politiques, Mohamed Jemil Ould Mansour, Sarr Ibrahima Moctar et Saleh Ould Mohamedou Ould Hanena, battus à l’élection présidentielle du 18 juillet 2009, ont, tous les trois, rapidement reconnu la victoire de Mohamed Ould Abdel Aziz, et félicité le vainqueur. Juste un petit bémol pour l’une des figures historiques de l’Islam modéré, leader de Tawassoul, dont le staff de campagne a relevé quelques « manipulations, ne remettant pas en cause la sincérité globale du vote » avant de tirer leur chapeau au leader de l’Union pour la République (UPR).

Cependant, au-delà de cette attitude ‘’républicaine’’, l’alliance attendue des uns et des autres avec le nouveau pouvoir reste toujours du domaine du virtuel. Donnés « partants » dans la perspective de la formation de l’équipe gouvernementale rendue publique le mardi11 août dernier, HATEM, les islamistes et l’AJD/MR ne sont finalement pas représentés. Un fait dont la compréhension passe forcément par un petit coup d’œil dans le rétroviseur de la crise politique et institutionnelle de l’année dernière. Les élus de la formation de Saleh Ould Hanena se sont inscrits dès la première heure sur la liste des parlementaires de la fronde.

Du côté du leader Sarr Ibrahima Moctar et de ses amis, on a juste pris acte du changement anticonstitutionnel de régime le 6 août 2008. Bien que fortement ancré au FNDD, et ayant combattu le putsch pendant plusieurs mois, le RNRD, le parti de Jamil et ses amis, a pris ses distances avec l’opposition, sur la dernière ligne droite, au point de faire renaître dans l’esprit des mauritaniens l’idée et l’éventualité d’un soutien à la candidature de Mohamed Ould AbdelAziz, dans l’optique d’un second tour donné alors «quasi certain».

Difficile «mariage».

Toutefois, en dépit de tous les indices portant à croire à l’éventualité d’une alliance avec les nouvelles autorités, les trois partis n’ont pas été sollicités dans le cadre d’une nouvelle majorité élargie. Première hypothèse, qui apparaît comme la plus incertaine, Les instances de ces différentes formations n’ont pas opté pour le compagnonnage avec Aziz. Attitude difficilement explicable de la part d’organisations à caractère politique ne s’inscrivant plus dans une logique d’opposition au nouveau pouvoir. La deuxième hypothèse serait une absence de manifestation« d’intérêt » de la part des nouvelles autorités.

Un président de la République qui a gagné tout seul la bataille électorale en évitant le piège « mortel » d’un second tour de tous les dangers, qui dispose d’une majorité « préfabriquée »dans les deux chambres du parlement…, n’a assurément pas besoin de nouveaux alliés dans l’immédiat. Il faut également ajouter à ce paramètres l’hostilité, supposée ou réelle, des élus de la majorité, des acteurs attendant un retour d’ascenseur sous forme de récompenses multiples pour eux-mêmes et leurs proches à l’issue d’une victoire bien méritée.

Une ouverture vers de nouveaux alliés aurait entraîné inévitablement plus d’encombrement et des bousculades aux portillons pour les chasseurs de prébendes. Naturellement, cette dernière considération est de peu d’importance pour la Mauritanie et au plan politique. Cependant, l’attitude de la majorité dans le cas d’espèce reste parfaitement conforme à un trait dominant de notre psychologie collective. Tant pis si on risque de pousser de potentiels alliés à nouveau dans les rangs de l’opposition. Quelque soit l’option retenue, Tawassoul, l’AJD etHatem sont aujourd’hui dans l’obligation de donner une lecture claire de leur positionnement pour éviter les spéculations, sources de confusion.

Kouchka


© Biladi

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Vos commentaires et réactions sont bienvenus. Nous vous prions cependant d'éviter insultes et propos contraires à la morale et à la loi. Le Blog se réserve le droit de retirer tout texte enfreignant à ces règles.