dimanche 16 août 2009

Paysage politique :Où se situe l’opposition ?





Une quinzaine de jours après l’investiture de Mohamed Ould Abdel Aziz, élu président de la République à l’issue du scrutin du 18 juillet 2009 dont le résultat a été contesté par trois candidats à la magistrature, et juste après la formation d’un nouveau gouvernement, l’opposition mauritanienne fait face à la terrible équation du positionnement par rapport au nouveau pouvoir. Une situation d’autant plus précaire qu’elle n’est pas encore formulée de manière claire facile à faire comprendre au grand publique.



La reconnaissance de Aziz par la quasi-totalité des pays étrangers accentue la pression sur ce camp qui cherche encore à comprendre ce qui s’était passé dans les urnes.
Cette mouvance, constituée essentiellement du Front National pour la Défense de la Démocratie (FNDD) et du Rassemblement des Forces Démocratiques (RFD), est sommée de se déterminer dans un contexte politique sensible, marqué par une recrudescence du terrorisme islamiste, revêtu d’un visage nouveau, comme en atteste l’attentat suicide qui s’est produit à côté de l’ambassade de France le 8 août dernier. Et, un environnement économique en profonde crise dont l’expression serait notamment perceptible à travers certaines difficultés de trésorerie dans les finances publiques, selon plusieurs observateurs.Une position globale de l’opposition qui laisse apparaître des nuances d’une réelle ampleur et même parfois, carrément des différences d’approche allant d’un rejet totalement et sans concessions, à une idée prônant une reconnaissance pure et simple, sans conditions. Entre les deux thèses, les partisans de l’ouverture de négociations pour définir les modalités d’une éventuelle reconnaissance et exiger une contre partie.


Rejet radical du RFD et APP


Réagissant à la composition du nouveau gouvernement, rendue publique mardi soir, le RFD exprime une position de rejet par rapport à une équipe ne répondant point à l’attente des mauritaniens et incapable de faire face aux défis qui interpellent le pays.Ces défis sont « la situation économique et sociale désastreuse, matérialisée par la banqueroute de l’état du fait d’une année de régime militaire, la hausse des prix à la veille du mois béni du Ramadan, alors que les citoyens s’attendent en pareilles circonstances à ce que leur porte assistance. Et la situation sécuritaire dangereuse dont le dernier acte est l’attentat suicide perpétré à Nouakchott le 8 août 2009 ».Pire, pour le parti d’Ahmed Ould Daddah, le nouveau gouvernement constitue un prolongement du coup du 6 août 2008, responsable de l’utilisation des moyens civils et militaires de l’état au profit du général Mohamed Ould Abdel Aziz, à l’occasion de la dernière élection présidentielle. Une réalité illustrée notamment par le maintien du premier Ministre.Un discours à travers lequel on imagine facile l’absence de dispositions pour une quelconque forme de reconnaissance de légitimité au nouveau pouvoir.Même son de cloche du côté de l’Alliance Populaire Progressiste (APP), par la voix de Sidi Ould Samba, haut responsable de ce parti, ex porte parole du président de la République, Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi, renversé le 6 août 2008, puis démissionnaire fin juin 2009, sur la base de l’accord de Dakar. Il dénonce un gouvernement « d’exclusion » dépourvue « d’expérience ».Cependant, au sein de cette formation historique de l’opposition, il faut noter l’attitude modérée et même conciliante du vice président Khalil Ould Teyib qui avait rencontré le président élu et s’était déplacé pour assister à son investiture. Toutefois, on ne sait pas si cet homme, figure connue du nassérisme en Mauritanie et ami du guide libyen et parrain et protecteur du jeune président Aziz, va réussir à renverser la vapeur et à raisonner son président Messaoud qui n’était pas chaud à travailler avec le nouveau pouvoir. Mais en politique, plus que dans tous les autres domaines de la vie, rien n’est exclu… Un nouveau contexte est généralement favorable à la création de nouveaux rapports et de nouvelles alliances.


Adel dans de bonnes dispositions


Quant au Parti Adel, autre composante du FNDD, il affiche de meilleures dispositions vis-à-vis des nouvelles autorités et prône une reconnaissance des institutions républicaines pour faire face à un contexte global de crise.Ainsi, au cours des derniers jours, le président de la formation, l’ancien premier Ministre, Yahya Ould Ahmed Waghef, a été longuement reçu en audience par le président de la République. Une rencontre perçue comme un véritable geste d’apaisement dans les deux camps. Faudra-t-il savoir ce qui s’était dit dans cette rencontre et les conditions cachées derrière sa réalisation.Toujours au sein de la vaste coalition du FNDD, l’Union des Forces de Progrès (UFP), admet le principe d’une reconnaissance négociée des nouvelles autorités. Invité sur la chaine Al Jazira, son vice président, Mohamed El Moustapha Ould Bedreddine, avait déclaré qu’ils ne sont pas seulement prêt pour le dialogue avec le nouveau pouvoir mais qu’ils en sont même demandeurs.Mais au-delà de l’opposition formelle, traditionnelle et connue, le nouveau pouvoir va devoir faire face à un nouveau front inattendu. Une lucarne ouverte par l’imam Ahmed Ould Habibou Rahmane, un homme traînant une réputation de soutien au coup d’état 2008 et de tous les régimes. Même s’il a sa propre explication théologique de ses positions. Une figure religieuse qui rejette cependant la présence de sept femmes dans la nouvelle équipe gouvernementale. Position tout à fait conforme à la ligne wahabite, qui représenterait la boussole de l’imam. En dépit de sa prudence légendaire et de son alignement avéré sur la position du gouvernement, n’importe lequel, l’imam de la grande mosquée a, dans son sermon du vendredi, fortement critiqué l’option de la présence ‘’excessive’’ des dames dans la nouvelle formation gouvernementale.Est-ce une position éphémère ou un positionnement dogmatique qui peut aller jusqu’à la rupture d’avec le nouveau président, Mohamed Ould Abdel Aziz ? Une évolution à suivre. Surtout que ceux sont présentés comme les plus radicaux des milieux islamiques et les plus politisés ‘’Tawassoul, seraient proches des thèses développées par le nouveau pouvoir.


Kouchka


© BILADI

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