mardi 21 juillet 2009

Les urnes ont-elles entériné la raison des armes ?


Les urnes ont-elles entériné la raison des armes ?
Le bras de fer aura duré onze mois. Le 06 août 2008 le Général Mohamed Ould Abdel Aziz reprenait un pouvoir qui a été confié quinze mois plus tôt -et avec un coup de pouce de lui- par 53% des mauritaniens à Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdellahi. Depuis, une résistance politique assez soutenue et conduite par un Front National de Défense de la Démocratie est engagée.

Objectif : faire échouer le coup d’Etat. Par le rétablissement du Président déchu dans ses fonctions. L’ambition est surréaliste mais il fallait placer la barre très haut –peut-être même trop haut- pour avoir raison du Général et de ses partisans.

La bataille se fait rude mais les moyens sont différents : la force et l’argent sont du côté du pouvoir. Le verbe et l’espérance, de celui de l’opposition. La pression était forte. Sous une forme ou une autre. Un député qui avait décidé de quitter le front se justifie alors : « Au Front ils n’ont que le micro, Aziz lui, a l’argent et les armes ». La victoire du général, lui a-t-elle donné raison ?

Pendant que les membres du FNDD s’employaient à faire des conférences de presse et à compter sur la communauté internationale, l’auteur du coup de force du 06 août s’attelait à ‘imposer’ son image aux mauritaniens. La Mauritania Al A’Maaq, celle des profondeurs, «a fini par tomber sous le ‘charme’ de celui dont les posters géants ont été retrouvés même dans le désert », commente un étudiant revenu du Maroc par la route.

On retiendra de ce qui s’est passé entre le 06 août 2008 et le 18 juillet 2009 que toute la Mauritanie a subi la logique d’un seul homme. Pas un jour ne s’est passé sans que les discussions de salons ne se soient passées autour de ce qu’il fera de la Mauritanie. La classe politique a joué son jeu sans s’en rendre compte : Le chef de file de l’opposition a cédé à l’illusion de devenir président de la République une fois Sidi O. Ch. Abdallahi renversé. Aussi a-t-il cru loisible de qualifier le putsch de « rectification » tout en espérant que l’auteur de cette «rectification» n’entrerait pas dans une compétition.

L’illusion perdue, Ould Daddah retourne dans son camp naturel : l’opposition. Cela donne un coup de pouce aux défenseurs de la démocratie qui croient être en train de faire reculer le général ou même à le faire échouer. Ensemble, les forces de résistance se font plus « menaçantes » par l’occupation de la rue. Il s’en suit un long processus de négociations dont les premières expressions ont été ‘Kadhafesques’ mais qui finiront par être sauvées par la sagesse d’un Abdoulaye Wade rompu à la lutte pour la démocratie.

Seulement, tout le monde a été emporté dans une logique tracée, peut-être sans l’avoir préméditée, par Ould Abdel Aziz. Rien ne pouvait être fait sans son aval : la démission de Sidi, le sort du HCE, le Gouvernement d’Union Nationale, la CENI et, l’élection… Sa propre élection a fini par jouir de la caution d’une classe politique persuadée par le cours des événements à se lancer dans une batille dont lui seul avait fixé les règles. Maintenant que Mohamed Ould Abdel Aziz a fait donner aux urnes la raison aux armes en se faisant élire dès le premier tour, comment va se jouer la politique pour les cinq années à venir ?

Kissima
Source : La Tribune n°460

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