lundi 20 juillet 2009

Présidentielle 2009:Aziz gagne la partie


Mohamed Ould Abdel Aziz, candidat de l’Union pour la République (UPR), ex chef de l’Etat et de la junte auteur du coup d’état du 6 août, est donné vainqueur du scrutin présidentiel du samedi 18 juillet 2009, avec un score dépassant 52% des suffrages exprimés.Certains candidats crient à la fraude et rejettent ce résultat, à leurs yeux, taillé sur mesure.Une estimation donnée, dimanche matin, par le Ministère de l’Intérieur et de la Décentralisation (MID) après le traitement de près de la moitié des 2514 bureaux de vote répartis sur l’ensemble du territoire national et dans les chancelleries mauritaniennes à l’étranger.


Une tendance lourde et irréversible, sauf « tremblement de terre » qui est venue d’abord du QG de campagne du candidat de la ‘’rectification’’ et qui a été confirmée par l’administration à travers les différents résultats rendus publics grâce aux organes de presse de l’Etat, repris par les médias internationaux.
Face à ces résultats rigoureusement conformes aux prévisions du candidat Mohamed Ould Abdel Aziz, qui n’a jamais douté de sa victoire au premier tour, en dépit de l’entrée en lice de l’Accord Cadre de Dakar (ACD) pour un retour inclusif à l’ordre constitutionnel, signé le 2 juin dernier, les troupes du général démissionnaire de l’armée jubilent. Elles n’ont pas mis trop de temps pour manifester la grande joie des vainqueurs. Ainsi, leur chef n’aura pas tronqué le treillis militaire contre un impeccable costume 3 pièces et même parfois un boubou Bazin de première qualité, à l’image du leader venu voter samedi au bureau 6 des domaines, pour se retrouver sur les carreaux, au purgatoire d’un chômage forcé pendant au moins cinq bonnes années. C’est-à-dire la durée d’un mandat présidentiel.
Pour marquer cet événement historique dans l’existence de tout homme et de toute formation politique, les partisans de l’officier général auteur de deux coups d’état en 2005 et 2008, ont organisé un défilé de voitures dans un assourdissant concert de klaxons.
Un résultat «logique, prévisible» et «parfaitement conforme» à la réalité politique et sociologique du pays, selon les vainqueurs.


Etrange ère de déjà vu

Complètement sonnés par une tournure « inattendue », les autres prétendants au fauteuil présidentiel initialement crédité d’un bon score synonyme d’un inévitable deuxième tour, et leurs partisans, protestent et dénoncent « une fraude à grande échelle ».
Ahmed Ould Daddah, candidat du Rassemblement des Forces Démocratiques (RFD), Messaoud Ould Boulkheir, du Front National pour la Défense de la Démocratie (FNDD), Ely Ould Mohammed Vall, indépendant (ancien chef de l’état) et Hamady Ould Meimou, indépendant, donnent une conférence de presse au petit matin du samedi, à une heure vraiment inhabituelle. Commentant les résultats distillés depuis la nuit par les médias de la presse publique nationale, les 4 prétendants malheureux rejettent « une comédie de chiffres visant à légitimer un coup d’état électoral ».
Ils lancent un appel pressant à la communauté internationale pour « qu’elle œuvre à l’ouverture d’une enquête indépendante » destiné à identifier la nature des manipulations électorales défiant la logique et la réalité politique sur le terrain.
Une manière de dire qu’une partie de l’électorat a été sensible au discours populiste du vainqueur, qui a promis monts et merveilles
Par ailleurs, les contestataires invitent le Conseil Constitutionnel et la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI) à « s’abstenir de valider » les chiffres contestés en attendant les résultats de l’enquête ainsi réclamée.
Mais au-delà de ces contestations et de l’incompréhension des adversaires, d’une bonne partie de la presse et des observateurs, aucun cas de fraude technique n’a encore été établi.
Même si dans le camp des vaincus on pointe du doigt le fichier électoral sur lequel n’ont pas été reportés 80% des électeurs inscrits après l’accord de Dakar, censés votés en faveur des candidats déclarés après le consensus entre l’Union pour la République (UPR), le Front National pour la Défense de la Démocratie (FNDD) et le Rassemblement des Forces Démocratiques (RFD).
Les mêmes sources proches des candidats contestataires font état aussi d’autres « manipulations » sous la forme d’une réserve électorale « dormante ». Des individus précédemment inscrits, dont les noms devaient être exclus pour diverses raisons matérielles et légales, n’ayant jamais été radiés du fichier dont les noms, numéros et cartes d’électeurs, auraient été utilisés à des fins frauduleuses. Allégations difficiles à établir en dehors de tout audit de la liste des électeurs.


Nouvelle donne

Après l’élection de Mohamed Ould Abdel Aziz, toute une série de questions relatives à l’avenir de la Mauritanie taraudent les esprits. L’homme pourra tenir ses promesses mirobolantes concernant l’amélioration des conditions de vie du peuple.
Sous quelle forme les vaincus du 18 juillet vont continuer le combat politique pour faire échec au nouveau coup d’état électoral ?
Le vainqueur tendra-t-il la main aux vaincus pour continuer le dialogue conformément à la lettre et à l’esprit de l’accord de Dakar ?
Au plan international, une certitude pointe à l’horizon pour l’heure : l’Union Africaine (UA), la Ligue Arabe et une bonne partie de la communauté internationale, qui ne demandaient pas mieux, va reconnaître les résultats sortis des urnes.
Du côté américain, la partie sera plus difficile à jouer. Ce qui naturellement laisse planer une hypothèque au sujet du nécessaire retour de l’importante assistance financière à notre pays de la Banque Mondiale et du FMI.

Kouchka

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