mardi 28 juillet 2009

Ahmed Ould Daddah : A-t-il reconnu la légalité de la victoire de Aziz?


Au sujet de la validation des résultats de l’élection présidentielle mauritanienne du 18 juillet, Ahmed Ould Daddah, candidat du RFD, après avoir parlé de «coup d’Etat électoral», a dit devant ses militants que la crise a connu «un règlement formel.»

Le 23 juillet 2009, quelques heures après la proclamation des résultats définitifs de l’élection présidentielle mauritanienne du 18 juillet 2009,Ahmed Ould Daddah, candidat malheureux, dans une sortie musclée a dit :

«Après les coups d’Etat militaires successifs du Général Mohamed Ould Abdel Aziz, voici venu le temps de son coup d’Etat électoral. En se faisant proclamer aujourd’hui président de la République sans que fût examiné le recours motivé que j’ai présenté devant le Conseil Constitutionnel, le Général Mohamed Ould Abdel Aziz reste conforme à sa méthode de mépris des institutions et du passage en force.»

Cette déclaration laissait penser que le leader du Rassemblement des forces démocratiques (RFD) allait s’engager dans une logique de contestation de la légalité de tout pouvoir issu de ce qu’il considère «coup d’Etat électoral.» Trois jours après cette première sortie d’après validation de la victoire au premier tour du candidat Mohamed Ould Abdel Aziz, Ahmed Ould Daddah convoque les militant du RFD au siège du parti à Nouakchott.

Devant eux, il déclare en substance qu’avec la validation des résultats de la présidentielle du 18 juillet par le conseil constitutionnel, la crise connaît seulement «un règlement formel» Mais,«le problème politique demeure» car ces résultats ne sont pas «crédibles.»


Dans la version arabe de la déclaration, Ahmed Ould Daddah, à la place de «règlement formel» aurait dit «règlement juridique.». Dire que la crise que vit la Mauritanie depuis le coup d’Etat militaire du 06 août a connu un «règlement formel», est-ce une reconnaissance implicite de la légalité du nouveau président de la République?

L’élection présidentielle du 18 juillet a été jugée transparente par les observateurs nationaux et internationaux, cinq des neuf candidats en on reconnu les résultats et féliciter le vainqueur, la communauté international également continue de le féliciter.


Les militants du Front national pour la défense de la démocratie (FNDD) et du RFD qui ont, pendant des mois, manifesté contre le coup d’Etat du 06 août 2008, donnent quelques signes de lassitude.

La fraude « chimique », « les objets votants non identifiés » et le vote « sénégalais »suscitent moqueries et scepticisme. Le climat politique, les rapports de forces entre Ould Abdel Aziz et les trois candidat (Messoud Ould Boulkheir, Ely Ould Mohamed Vall etAhmed Ould Daddah) sont tels que beaucoup pensent qu’il serait très peu pertinent de s’engager dans une contestation de la légalité du pouvoir issu de la présidentielle du 18 juillet.

Avant la validation des résultats de cette présidentielle, les trois candidats contestataires de sa transparence avaient appelé leurs militants à prendre part à un meeting. Ce meeting qui devait avoir lieu le 25 juillet à Nouakchott a été reporté à une date ultérieure sans autres précisions.

Une fois la légalité du pouvoir issu de la présidentielle du 18 juillet reconnu, que feront Ely,Ahmed et Messoud ? Participer à un éventuel gouvernement d’union nationale où s’opposer durablement à ce pouvoir. Généralement : deux choses justifient l’entrée de ceux qui s’opposent au vainqueur d’une élection présidentielle dans son gouvernement : mettre fin à une tension politique ou trouver solution à un déficit de majorité parlementaire.

La dimension politique de la crise, «non encore réglée», selon Ahmed Ould Daddah, est-elle de nature à justifier l’ouverture du premier gouvernement de la présidence de Ould Abdel Aziz à l’opposition ? Pour le parlement, Ould Abdel Aziz, élu président de la République au premier tour, a le soutien d’une large majorité de sénateurs et de députés.


Avec la très forte propension des élus de prendre le chemin du camp de celui qui détient le pouvoir, cette majorité confortable pourrait dans les jours ou les mois à venir, devenir écrasante, voire étouffante.

«Si le général Aziz nous tend la main pour le gouvernement, nous allons y aller» disent les militants de l’AJD/MR. Les islamistes semblent être dans les mêmes dispositions. Si tout le monde, battus et vainqueurs, se retrouve pour gouverner ensemble, d’où viendra la note discordante sans laquelle le pluralisme, la démocratie ne peuvent avoir de sens ? Pour gouverner et mettre en œuvre son programme, le nouveau président pourrait se passer du soutien de la minorité FNDD/RFD au parlement.

Le FNDD et le RFD répondront-ils favorablement à un appel (très peu probable) du général pour prendre part à la gestion des affaires ? Les 10 mois de lutte contre le coup d’Etat, 10 mois pendant lesquels il a été expliqué aux mauritaniens que le pouvoir ne peut être pris autrement que par la voix des urnes, que l’armée ne pèse pas plus lourd que le suffrage universel… cette lutte, dit un militant du Front anti-putsch, « ne saurait se terminer par l’acceptation de quelques postes ministériels.»


Les dirigeants du FNDD/RFD sont-ils dans les mêmes dispositions que ce militant ?

Khalilou Diagana

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