samedi 1 août 2009

Procès de Teqadoumy Qui est jugé à travers Hannefi ?





L´AUTHENTIQUE

Le journaliste qui a été placé en prison il y a près de quarante jours, devra répondre des accusations qu'il a portées contre Sarr Ibrahima. Lequel se serait procuré une maison à Tevragh Zeina d'une valeur de 33 ou 57 millions d'ouguiyas, selon le site qui ajoute en substance que Sarr Ibrahima se serait acquitté en amont d'une dette de six mois d'arriérés de loyer auprès de son locataire. " Des accusations banales si elle ne s'étaient pas produites dans un contexte donné " soulignent des sympathisants du plaignant qui font remarquer que les textes publiés en la circonstance ont particulièrement cherché à ternir l'image du président de l'AJD/MR. En effet, prononcées dans un contexte de crise politique et institutionnelle consacrée par le boycott, par l'opposition traditionnelle, de la Présidentielle du 6 juin 2009, lesdites accusations peuvent laisser penser que Sarr Ibrahima qui s'est présenté aux suffrages de l'époque, a agi sous la pression de l'argent. En d'autres termes, il serait financé et appuyé par les militaires, pour jouer le rôle de faire-valoir dans une élection pipée d'avance et unilatéralement programmée par la junte au pouvoir. Alors que les deux parties se livraient à de chaudes discussions, l'une démentissant les accusations et mettant au défi l'autre de lui fournir la moindre preuve des accusations, l'autre persistait sur ses positions, allant même plus loin en soutenant qu'elle était en possession de faits encore plus troublants sur les activités de sa cible. Finalement, l'affaire fut portée devant la justice. Quelques jours plus tard, le journaliste Hannefi revenait d'un long périple des USA. A peine s'installera-t-il dans soin domicile à Nouakchott qu'il sera cueilli par des policiers. Il fut extrait de sa maison, menottes en mains, puis conduit à la prison de Dar Naïm. Un tel acte fit réagir la presse, les syndicats et même les hommes politiques qui ont d'emblée protesté contre l'ignoble traitement du journaliste. Pour l'ensemble des représentants de la société civile, l'affaire a été politisée. Parce que le site Teqadoumy gênait. Particulièrement les militaires qui avaient pris le pouvoir le 6 août dernier, contre lesquels il mènera une farouche opposition. Teqadoumy, qui était assez bien informé, deviendra, au fil du temps, l'une des plus fiables sources d'informations du pays. Une telle audience lui vaudra des centaines de postings par jour, certains émanant même des cercles du pouvoir. Chacun révélant, preuves à l'appui, des actes vils et ignobles perpétrés par ceux-là qui tenaient le pouvoir dans le pays et qui défendaient une fausse idée d'une lutte contre la prévarication et le détournement des deniers publics..

Une telle place sur l'échiquier national vaudra au site Teqadoulmy des ennemis, notamment du côté du pouvoir militaire qui a tenté un moment de fermer le site. L'affaire soulevée à l'époque, sera vite étouffée après que des organisations nationales et internationales des droits de l'homme, des associations de défense de la presse et de la démocratie, aient exprimé leur soutien au site Teqadoumy. Le Procureur de la République de l'époque, M. Sidi Mohamed Ould Cheina devrait y perdre ses fonctions, victime innocente de magouilles qui avaient été menées en haut lieu.


Mystère

Les raisons qui ont amené le Parquet à procéder à l'incarcération de Hannefi restent floues. Parce qu'en matière de délit de presse, c'est la première fois qu'un journaliste soit arrêté et déféré, avant même d'être jugé. Une situation qui a amené nombre d'observateurs à souligner que l'affaire Teqadoumy est belle et bien une affaire politique où l'exécutif (voire le pouvoir militaire) a agi de son poids sur le pouvoir judiciaire.

Mettre aux arrêts le journaliste gênant, le traîner devant la justice, l'humilier, et certainement le condamner à des peines (légères), sont des actes qui participeraient aussi d'une volonté du pouvoir militaire d'exprimer son soutien aux hommes politiques civils qui lui ont attesté de leur compréhension durant la crise constitutionnelle de 2008-2009. C'est ce qu'ont compris les parties opposées au coup d'Etat du 6 août qui n'ont jamais raté une occasion d'exprimer leur solidarité au journaliste. Le président déchu de l'époque, Sidi Ould Cheikh Abdallahi fera de la défense de Hannefi, une de ses préoccupations premières. Pendant la campagne électorale de juillet dernier, les candidats de l'opposition démocratique qui avaient finalement accepté de participer aux suffrages suite aux accords de Dakar, avaient repris le flambeau en faveur du journaliste. Chaque fois que l'occasion se présentait à eux, Gemil Mansour, Ahmed Ould Daddah et autres, revenaient sur la question exigeant la libération sans condition du journaliste. Finalement, le problème Hannefi emprunta un autre sentier, celui de la lutte fratricide que se livraient les anciens camarades de l'opposition : d'un côté Sarr Ibrahima et l'AJD/MR qui soupçonnent des hommes politiques d'être derrière cette affaire et de l'autre, des pans entiers de l'opposition démocratique qui voient dans la question une manipulation. C'est à la dite équation que devra répondre la justice. Le pourra-t-elle ? Rien n'est moins sûr… et pour cause… Ils ne sont pas nombreux ceux qui sont persuadés que le Parquet aura des peines à ne jouer ni le jeu des militaires, ni celui des hommes politiques.

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