vendredi 31 juillet 2009

Malam Bacai Sanha a remporté l'élection présidentielle en Guinée-Bissau avec 63% des voix, annonce la commission électorale.




Sanha, membre du Parti africain pour l'indépendance de la Guinée et du Cap-Vert (PAIGC), première formation au parlement, a été président par intérim entre 1999 et 2000.



Son rival malheureux, Kumba Yala, avait gagné la présidentielle de 2000 avant d'être renversé trois ans plus tard.

Le scrutin, dont le second tour a eu lieu dimanche, a été déclenché par l'assassinat en mars du président Joao Bernardo "Nino" Vieira.

Beaucoup espéraient que ce scrutin dans l'ancienne colonie portugaise soit l'occasion d'une cessation des violences et qu'il ramène la stabilité dans le pays après l'assassinat du président, quelques heures après celui de son rival, le chef d'état-major de l'armée.

La tâche de Malam Bacai Sanha s'annonce difficile, face à une armée qui n'hésite pas à intervenir dans le processus politique.

"Je vois pour l'instant deux défis majeurs", note l'analyste indépendant Richard Reeve, spécialiste de l'Afrique occidentale. "Le plus évident, ce sont les relations avec l'armée. Le second, c'est de collaborer avec succès avec le Premier ministre (Carlos) Gomes Junior. Ils viennent du même parti mais ne sont pas nécessairement sur la même longueur d'ondes sur tout".

"En fait, Sanha sera un président efficace pour les intérêts de la Guinée-Bissau s'il n'est pas un président très actif", ajoute-t-il.

OBSERVATEURS

L'Union européenne, l'Union africaine, les Etats-Unis, le Japon et la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cedeao) avaient dépêché des missions d'observation lors du scrutin.

Le chef d'état-major de l'armée bissau-guinéenne, José Zamora Induta, a appelé avant le vote les candidats à respecter le résultat des élections.

La communauté internationale s'est inquiétée du tempérament de Yala, personnage au comportement parfois imprévisible qui s'était autoproclamé président en 2005 et avait occupé pendant quelque temps le palais présidentiel.

Ses liens avec les forces armées constituaient également un sujet de préoccupation, mais la forte participation - 61% - comme l'ampleur de la victoire de son adversaire - 224.000 voix contre 129.00 - pourraient contribuer à asseoir la légitimité du nouveau chef de l'Etat.

Son rival a d'ailleurs reconnu sa défaite mercredi. "Notre responsabilité est de respecter la démocratie et la volonté du peuple qui s'est exprimée par le vote", a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse.

Les anciennes rivalités ainsi que les interventions régulières de l'armée dans la vie politique bissau-guinéenne ont été aggravées par l'influence de puissants cartels de narcotrafiquants latino-américains qui se servent de ce pays, désormais surnommé "la Côte de la coke", comme tête de pont vers l'Europe.

Les rues de la capitale Bissau étaient calmes mercredi après l'annonce des résultats. Des partisans du vainqueur, agitant des drapeaux et actionnant leurs klaxons, convergeaient vers le siège du PAIGC.

Version française Jean-Stéphane Brosse et Pascal Liétout

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