samedi 1 août 2009

Le Président élu Mohamed Ould Abdel Aziz à RFI: «Je vais agir de manière efficace pour mettre fin à ce fléau qu'est la corruption»




Le président élu Mohamed Ould Abdel Aziz était, hier mardi, l’hôte de l’émission «Invité Afrique» de Radio France Internationale (RFI). Interviewé par notre consœur Marie-Pierre Olphand qui était l’envoyée spéciale de RFI pour couvrir la présidentielle du 18 juillet 2009, le président élu Ould Abdel Aziz, abordera les sujets de l’heure, sans détour.

Elu au premier tour de l'élection présidentielle du 18 juillet avec 52% des voix, il prendra ses fonctions dans une semaine, le 5 août, date de son investiture et tout juste un an après le coup d'État qui l'avait porté une première fois au pouvoir, le 6 août 2008. Que répond-il aux accusations de fraude de ses adversaires, comment entend-il lutter contre la corruption, quel est son analyse du risque terroriste dans le pays ?

RFI: Mohamed Ould Abdel Aziz, bonjour!
Mohamed Ould Abdel Aziz: Bonjour!

RFI : Plusieurs candidats contestent le scrutin. Certains, comme Ahmed Ould Daddah, demandent une expertise même des bulletins. Qu’avez-vous à leur répondre ?
MOAA : Ils ont le droit de contester de toutes les façons, parce qu’ils n’ont pas réussi là où ils voulaient réussir, de se faire élire président de la République. Mais, moi, ça ne me gène pas, qu’il ait toutes les expertises possibles. Ce qui est sûr, c’est que mon camp n’a pas fraudé, mon camp n’a pas fraudé. De toute façon, c’est une histoire qui concerne le ministère de l’Intérieur, c’est le ministère de l’Intérieur qui a fait ce marché. Ce n’est pas la première fois qu’on se sert de ce bulletin.

RFI : Certains candidats affirment qu’on leur annoncé les résultats avant le scrutin ?
MOAA : Ce ne sont que des pronostics seulement. Même moi, avant, j’ai souvent dit que je vais passer au 1er tour. Cela ne veut dire qu’on a fraudé.

RFI : Mohamed Ould Abdel Aziz, vous avez mené une campagne offensive. Vous avez sillonné tout le pays. Comment vous allez aujourd’hui remercier tous ceux qui vous ont soutenu ?
MOAA : Ceux qui m’ont soutenu, ce sont des gens qui ont voulu le changement dans le pays et je vais les remercier par des réalisations, par des constructions des routes, des hôpitaux, c’est par le travail que je vais remercier tout ce monde là.

RFI : Est-ce qu’ils pourront se reconnaître dans un gouvernement par exemple? Est-ce que vous avez déjà choisi votre Premier Ministre ?
MOAA : Moi, je n’ai pas encore choisi mon Premier Ministre mais en tout cas, je ne choisirai que des Mauritaniens compétents, des Mauritaniens qui vont ensemble travailler pour le développement du pays.

RFI : Donc, vous pourrez choisir un Premier Ministre ou des ministres qui ne viennent pas de la majorité. Est-ce que vous pourriez débaucher des gens pour faire un gouvernement d’ouverture ?
MOAA : Je ferai un gouvernement des Mauritaniens prêts à construire leur pays, des gens compétents. Pour le moment, je n’ai pas de nom à avancer.

RFI : Quel sera votre premier chantier dans les mois à venir ?
MOAA : Je ferai tout d’abord le bilan du pays. Ensuite, j’essayerai de redresser un peu tous les secteurs de la vie, l’éducation, la lutte contre le chômage, la lutte surtout contre la gabegie. Pour moi, c’est ce phénomène qui a mis ce pays dans cette situation actuelle.

RFI : On sait que ce n’est pas facile de lutter contre la gabegie. Est-ce que vous allez prendre des mesures symboliques comme par exemple la nomination d’un Monsieur anti-corruption ?
MOAA : Je vais prendre des mesures draconniennes, pas des mesures symboliques, parce que je vais agir de manière efficace pour mettre fin à ce fléau, qui est la corruption. Je ne mettrai pas de nom.

RFI : Vous serez prêts à vous attaquer à des proches ou à des gens qui vous ont soutenu, si besoin ?
MOAA : Pour moi la lutte contre la corruption c’est un axe et celui qui sort de cet axe aura à subir des effets néfastes et négatifs de cette lutte.

RFI : Est-ce que cette lutte aura un effet rétroactif ou est-ce qu’elle s’applique à partir d’aujourd’hui ?
MOAA : Je ne peux pas dire nous avons des dossiers s’il s’avère nécessaire de revenir en arrière je n’hésiterai pas à le faire.

RFI : Comment vous allez lutter contre la corruption ? Par quel moyen ?
MOAA : Vous avez des institutions qui n’ont jamais fonctionné par exemple la cour des comptes, qui a souvent fait des rapports, mais qui ont souvent été classés par des gens des anciens régimes. Nous avons l’Inspection générale, qui contrôle le jour au jour les finances publiques. Donc, ce qui reste, c’est l’application des textes et essayer aussi de renforcer le champ d’action de ces structures qui existent.

RFI : Les attentes sont toujours grandes, on vous appelle d’ailleurs le «président des pauvres». Avec quel argent, vous allez financer tous les projets qu’attendent les gens, on sait aujourd’hui que les caisses de l’Etat sont vides ?
MOAA : Certes, aujourd’hui, nous avons des problèmes de finances, mais c’est dû au fait que, le trésor public a pratiquement payé les encours, tous nos bons. Malheureusement, plusieurs hommes d’affaires ne sont pas venus renouveler les bons de trésor qu’ils avaient. Ils se sont évertués à assécher aussi le marché noir. Ce qui a fait que l’ouguiya a perdu un peu de sa côte. Mais, c’est vraiment provisoire, d’ici un ou deux mois, la situation va se redresser.

RFI : Est-ce que vous comptez sur une reprise de l’aide internationale, notamment ?
MOAA : D’abord je compte gérer correctement et avec parcimonie ce que nous avons et puis sur nos partenaires au développement, c’est tout.

RFI : Ces derniers jours, les opérations terroristes se sont multipliées dans la capitale, c'est-à-dire qu’il y a, donc, bien des cellules d’Al-Qaïda, ici, à Nouakchott ?
MOAA : Il y a eu quelques personnes qui ont été arrêtées et sont effectivement des terroristes. Ce sont des gens qui sont entraînés en dehors de la Mauritanie et qui sont venus en Mauritanie pour exécuter une mission ou même des missions. Malheureusement ils ont eu à commettre un assassinat, ils ont eu à tuer un citoyen américain. Ils ont été tous arrêtés et des recherches continuent pour éventuellement déceler d’autres cellules. Mais il n’existe pas de cellules proprement terroristes sur le territoire de la Mauritanie.

RFI : Face à ces nouveaux risques, est-ce qu’il faut imaginer des nouvelles structures de lutter contre le terrorisme ?
MOAA : Effectivement, il va falloir s’équiper, avoir une stratégie pour lutter contre ce phénomène. Lutter militairement mais aussi efficacement pour essayer de protéger la jeunesse qui pourrait être amenée à intégrer les rangs de ces terroristes.

RFI : On dit que vous avez le soutien de la France. Quelles relations vous avez avec Paris ?
MOAA : Qu’est-ce que je vais vous dire ? L’essentiel, c’est que quand je serai investi, le 5 août, je ferai tout pour améliorer les relations avec l’ensemble des pays et particulièrement la France. D’abord nous partageons la langue, des liens historiques, donc nous ne pouvons qu’avoir de très bonnes relations avec la France. De toute façon, c’est çà mon objectif.

Propos recueillis par Marie-Pierre Olphand
Transcription : Camara Mamady

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