mardi 28 juillet 2009

Après la victoire de Aziz : L’opposition face à son destin.


Après la victoire de Aziz : L’opposition face à son destin.
Après l’élection présidentielle du 18 juillet 2009 consacrant la victoire de Mohamed Ould Abdel Aziz, candidat de l’Union pour la République (UPR), l’opposition mauritanienne regroupée au sein de l’alliance encore « informelle » constituée par le Rassemblement des Forces Démocratiques (RFD) et le Front National pour la Défense de la Démocratie (FNDD), doit assumer son destin face à la nouvelle donne.

Se relever et marcher pour oublier la débâcle d’un scrutin aux allures de cauchemar, quelques soient par ailleurs la raison de cette défaite : faiblesse intrinsèque, absence de préparation face à un concurrent au discours démago populiste en campagne continue depuis une année avec les moyens de l’état, fraude et manipulation…..

Dans cette perspective, le leader du RFD, Ahmed Ould Daddah, a annoncé la couleur lors d’une conférence de presse dimanche « lutter contre la fraude par des moyens démocratiques» après un scrutin présidentiel qui a connu son épilogue « juridique » alors que le contentieux politique reste entier.

Pour régler le différend, le RFD formule un certain nombre d’exigences à propos du recomptage de « 34.000 suffrages exprimés et annulés, le non vote de 56.000 électeurs inscrits, mais qui n’ont pu localiser leurs bureaux de vote, une expertise sur la nature du bulletin de vote… ».

Au sein de l’autre composante de l’opposition: le Front national pour la défense de la démocratie (FNDD), on se remet difficilement de la défaite inattendue et on semble, au moins s’accorder sur deux choses: la nécessité de rester uni et l’alliance avec le leader historique de l’opposition, qui est qualifiée de « hautement stratégique ».

D’où la nécessité de décrypter aujourd’hui les nouveaux contours du compagnonnage entre les deux principaux segments de l’opposition à Ould Abdel Aziz. Sommé de prendre position, le front allait tenir hier, après quelques reports, une réunion de la plus haute importance pour décliner les balises du nouveau chemin à suivre.

Plusieurs variantes à l’horizon.

A l’issue de cette importante rencontre de « positionnement » par rapport au nouveau pouvoir, plusieurs options sont envisageables, selon différentes sources. Le FNDD pourrait par exemple décider de prendre simplement acte de l’élection du nouveau président de la République, sans le dire de manière formelle.
Autre hypothèse envisagée, prendre acte des résultats par une démarche formelle proche d’une reconnaissance du régime issu de l’élection présidentielle cuvée 2009.

La troisième option prévisible des amis de Messaoud Ould Boulkheir serait orientée vers un début de dialogue avec le général à la retraite Mohamed Ould Abdel Aziz. Une orientation dont la concrétisation suppose la réalisation d’un certain nombre d’exigences, l’offre de garanties solides relativement à l’avenir démocratique de la Mauritanie :

préservation des libertés fondamentales garanties par la constitution, bénéfice du statut de l’opposition démocratique conformément à la loi adoptée au crépuscule de la transition 2005- 2007, poursuite du dialogue politique conformément à la lettre et à l’esprit de l’accord de Dakar.
Une démarche consensuelle dans la poursuite de laquelle plusieurs questions doivent être traitées. Parmi celle-ci notamment la réforme des forces armées et de sécurité impliquées dans le jeu politique depuis une trentaine d’années.

Parallèlement à la prise de position attendue du FNDD, la mouvance de l’opposition de manière générale envisage de donner un contenu formel à son alliance par la signature prochaine d’une plate forme pour un programme et des actions communes allant dans le sens des exigences démocratiques fondamentales.

Une démarche collective et une organisation qui ne devrait point empêcher les inévitables défections vers des prairies plus verdoyantes : le camp du vainqueur de la présidentielle 2009. Vieille méthode qui ne règle pas les grandes questions politiques de fond, mais qui donne au pouvoir juste l’illusion de renforcer sa position.

En suivant la voie ainsi tracée, l’alliance RFD+FNDD préparait bien les futures élections législatives et municipales, données comme la suite logique de la victoire de Mohamed Ould Abdel Aziz.

Il faut d’ailleurs noter qu’en provoquant des élections générales anticipées, le vainqueur du scrutin du 18 juillet dernier pourrait déplacer le débat relatif à la contestation des résultats en tournant l’attention des mauritaniens vers de nouvelles batailles. Ce qui serait la trouvaille d’un vrai stratège politique.

Mais cela n’empêche pas l’opinion de continuer à s’interroger sur l’avenir de la coalition du FNDD- RFD. Leurs soutiens ne savent plus à quel saint se vouer et ne trouvent toujours pas d’explication objective à la débâcle électorale subie par leurs candidats. Ils n’ont pas non plus de discours politique adapté à la nouvelle donne politique. Toutes ces questions demeurent dans réponses. L’aptitude de l’opposition à y apporter des solutions sera déterminante dans son maintien ou non en selle.

Kouchka
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