lundi 10 août 2009

AZIZ A GAGNE. IL L’A MERITE . QUELS ENSEIGNEMENTS EN TIRER ?











AZIZ A GAGNE. IL L’A MERITE . QUELS ENSEIGNEMENTS EN TIRER ?

En 2005, c’était lui, Aziz, qui avait renversé Taya. Le peuple entier fut pris d’euphorie. Normal, on sortait de la nuit la plus longue que le pays ait jamais connue. Le peuple entier était martyrisé. Mais, malgré cette reconnaissance unanime de toute la classe politique, de toutes les organisations civiles, et de toute l’intelligentsia intellectuelle et économique, l’homme décida de confier le pouvoir au colonel le plus ancien de l’armée de l’époque. Ely Ould Med VALL prit les rênes du pouvoir qui lui était offert sur un plateau d’argent. Toute la classe politique, à l’exception près de quelques organisations négro-mauritaniennes à l’image des Flam et de l’AJD « canal historique » et de quelques intellectuels, lui apporta son soutien. Cependant, le crime de lèse majesté commis par Ely et ses soutiens est d’avoir oublié, ou plutôt feint d’oublier, que le pays sortait non d’une crise de pouvoir comme ils voulaient l’entendre, mais d’une véritable crise d’existence. La cohabitation interethnique était laminée. Les biens publics n’étaient qu’au service d’une seule tribu, les smassides. L’état était partout inexistant. Le pays n’était pas gouverné, la loi n’existait plus. Le plus petit fonctionnaire, le policier de la rue publique, le gendarme, le garde national, le soldat de 2e classe, chacun faisait sa propre loi, chacun pouvait tuer, expulser, emprisonner sans aucune autre forme de procès. Mais tout fut fait pour que le pays ne retrouvât que ce qu’on appelle encore « l’ordre constitutionnel ». Chacun des leaders politiques y allait avec toute l’énergie dont il disposait espérant que c’est lui qui serait l’heureux élu du peuple lors des consultations électorales. Cependant il y avait une petite résistance. L’AJD organisait comme il le pouvait des sit in pour réclamer le retour des déportés et le règlement du douloureux problème du passif humanitaire. Les Flam, avec des messages électroniques inaudibles aux 99% des mauritaniens, tentaient, depuis des milliers de kilomètres de là, de relayer cette lutte alors qu’elles refusaient d’entrer dans l’arène. Ibrahima Moctar Sarr claqua la porte de l’APP pour protester contre le soutien de son parti à « La transition en dérive ». Alors que les FLAM/Rénovation

trahissaient leur ligne politique en accueillant Ely avec un tapis rouge à l’aéroport Charles de Gaulle de Paris, je pris mes responsabilités en claquant à mon tour la petite porte du mouvement. Je n’oublie pas d’autres résistances comme celles de Conscience et Résistance. Mais ces résistances, devant la force des soutiens opportunistes qui aujourd’hui se recomposent en FNDD, n’a pu obtenir que l’inscription dans les 24 points exigés par l’Union Européenne de quelques fondamentaux comme : le retour des déportés et le règlement du passif humanitaire, la lutte contre la corruption et le détournement des biens publics, la restructuration de l’administration… Nous savons ce qui s’est passé. Toute la fameuse liste de l’UE était mise au placard au profit exclusif de l’organisation rapide d’élections « libres et transparentes ». Le peuple fut trahi. Chaque ténor de parti pensait arriver au pouvoir. La théorie du « dialogue processuel » devait tout justifier . On demanda même aux candidats de ne pas prendre « les sujets qui fâchent » comme thème de campagne (Discours de Ould Maouloud à Paris). Sidi Ould Cheikh Abdallahi gagna les élections. Mais la résistance fut partiellement victorieuse. Ibrahiam Moctar Sarr fut crédité d’un score inattendu, tandis que des partis historiques comme l’UFP furent relégués en queue de peloton.Mamadou Alassane, l’autre négro-mauritanien candidat, fit un score misérable. Et pourtant les théoriciens du dialogue processuel parlèrent de « vote ethnique » au profit du charismatiqueIbrahima Sarr, feignant d’oublier que si Mamadou Alassane a eu son piètre score, c’est parce qu’il a été à Bruxelles pour soutenir « La transition en dérive », trahissant les principales préoccupations du peuple et principalement de sa communauté martyrisée pendant les années de braises de Taya. L’histoire nous donnera raison, en 2009, Ibrahima Sarr, trahissant sa position historique de 2005, fut à son tour sanctionnée par son électorat. Dans la seule région du Gorgol, il passa de 36% des suffrages en 2007, à 12% en 2008. Que s’est-il alors passé ?

Une fois au pouvoir, Sidi, qui n’avait aucune base politique lors de son accession à la magistrature suprême, tenta d’en trouver une. Il n’eût comme solution que la récupération des brebis que Tayaavait laissées sur place et qui erraient à la recherche d’un berger ou d’un enclos. Comment pouvait-on accepter que la seule personnalité de l’ère Taya qui déclara publiquement dans la presse qu’elle n’avait rien à regretter des forfaitures de son maître fut nommée Ministre Secrétaire général de la Présidence de la République, quand on sait que ce poste a en réalité plus de pouvoirs que le premier ministère ? N’en déplaise à mon ami et philosophe BA Khassoum Sidiki, le discours ne suffit pas, le peuple a besoin d’actes concrets, et en matière de discours, Khassoum feint-il d’ignorer que Sidi, lors d’une visite à Paris, a dit aux associations mauritaniennes qu’il ne pouvait pas ouvrir le dossier du passif humanitaire et qu’il demandait aux mauritaniens d’oublier ? Aziz, une fois de plus, a été obligé de prendre ses responsabilités. Oui Sidi a été élu, oui, les règles démocratiques ne s’accommodent guère de la prise du pouvoir par la force. Oui la communauté internationale a ses principes et ses intérêts. Mais avant tout, pensons mauritaniens, au nom d’abord des réalités et des intérêts mauritaniens. La gabegie et les assassinats politiques masquées ou tues, ne s’accommodent eux aussi pas du tout avec la démocratie. Le règlement du passif humanitaire, le soulagement des souffrances des veuves et des orphelins est beaucoup plus préoccupant que le retour à « l’ordre constitutionnel » et devait être la première préoccupation de tout politique qui se veut porte voix de son peuple. Mais quand Aziz demanda à nos politicards de participer à un gouvernement d’Union Nationale pour régler une fois pour toutes ces préoccupations, ils refusèrent au motif fallacieux auquel eux-mêmes ne croyaient pas, qu’il fallait d’abord le retour de Sidi au pouvoir. En réalité, chacun d’eux ne pensait qu’à sa propre accession au pouvoir. Ce qui fut le plus étonnant, c’est le refus de Ibrahima Moctar Sarr. En 2005, sous Ely, il exigeait ce que Aziz lui a proposé aujourd’hui sans contrainte et sans condition aucunes : le règlement de la douloureuse question du passif humanitaire. Mais inféodé à Ahmed Ould Daddah dont il est le Secrétaire Général à l’institution de l’opposition, il signa et appliqua des accords avec ce dernier, accords qui n’étaient en fait que la remise en cause d’un principe sacro-saint de la lutte des« nationalistes » négro-mauritaniens qui voulait que la résolution des questions liées à la cohabitation soit fondamentale et prioritaire sur toute autre question ou considération politique. En liant sa participation au gouvernement de Aziz au renoncement de ce dernier à participer aux élections comme le voulait Ahmed Daddah, Ibrahima Sarr avait trahi la lutte et avait fini d’avaler son fameux texte « La transition en dérive », qui au fil du temps, était devenu à ses yeux et aux yeux de beaucoup de ses supporters, plus important que les textes fondamentaux de son propre parti l’AJD/MR.
Heureusement pour le peuple, Aziz ne fléchit pas. Il poursuivra dans sa lancée sans aucun soutien politique conséquent issu des rangs de l’ancienne opposition. Et c’est Ibrahima Sarr, commeMamadou Alassane en 2005, qui paiera les pots cassés. Le peuple a jugé le 18 juillet 2009. C’était la déroute historique de l’ AJD/MR.

Aziz confia le dossier a un officier connaisseur du milieu. Le colonel DIA Adama géra la question avec lucidité et efficacité. Il fit le tour de toute la vallée à la rencontre des familles martyres. Il alla dans les coins et les recoins les plus éloignés de la région du Trarza jusqu’au lointain Guidimakha. Il sut écouter et partager les douleurs. Il rencontra et écouta les associations de victimes, les oulémas et les sages du pays. Le COVIRE, sous la direction de Abou SY, joua un rôle centrale dans l’aboutissement heureux de ce dossier. Une solution consensuelle fut dégagée. Ce qui était le plus important pour les victimes, contrairement à ce que véhicule une certaine opposition, ça n’a jamais été les questions d’ordre matérielle, comme s’il fallait marchander sur la valeur vénale des morts, mais bien sûr le geste sincère de la reconnaissance et de la repentance de l’Etat, comme sut le faire avec brio le Général Ould ABDEL AZIZ à Kaédi. Aujourd’hui encore, le Générals’engage à poursuivre ce processus.

Les mauritaniens les plus sceptiques parlaient des risques électoraux courus par le Général. On entendait par ci que la communauté arabe allait se détourner de lui suite à cet acte historique. L’opposition en mal d’alternative criait à l’exploitation politicienne des souffrances. Et le 18 juillet, une fois de plus, le peuple jugea. La communauté négro-mauritanienne su être reconnaissante. La communauté arabe quant à elle démontra avec brio que la Mauritanie était une et indivisible, et que surtout, il ne fallait pas assimiler les crimes de Taya à des conflits interethniques, et qu’elle était sincèrement derrière toute initiative tendant à la consolidation de l’unité nationale. Aziz fut élu avec brio. L’opposition ébahie, n’en revenait pas. Eh bien, elle n’avait pas su écouter et entendre le peuple. La révolution était en marche. En six mois, Aziz avait régularisé et réhabilité les gazra, diminué les prix des denrées de première nécessité, construit des routes goudronnées, et engagé une lutte sans merci contre la corruption et les détournements de deniers publics. Au moment où il soulageait les souffrances des mauritaniens, l’opposition faisait du verbiage par un discours dicté depuis l’occident, fait de retour à l’ordre constitutionnel et de retour des militaires dans les casernes. L’Occident, comme le disait mon grand frère feu le professeur Saïdou KANE, combat aujourd’hui pour le Bien Être, alors que nous, nous ne cherchons encore qu’à Être. La démocratie rêvée n’existera que lorsque le mauritanien recouvrera un minimum de dignité humaine dans sa vie de tous les jours. La démocratie n’est-elle pas avant tout l’égalité de tous les citoyens, non pas devant la loi, mais devant le manger et le boire, devant la santé, devant l’éducation et devant l’habitat ?

Le grand enseignement de cette élection du 18 juillet 2009, c’est que le peuple est beaucoup en avance sur ses élites politiques, et ceci en matière de Démocratie.

Amadou Alpha BA
Gretz Armainvilliers
France

© Points Chauds

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