jeudi 13 août 2009

Premier gouvernement de la présidence Aziz : Obligation de résultat






Reconduit au poste de Premier ministre par le président Mohamed Ould Abdel Aziz investi le 5 août, le diplomate Moulaye Ould Mohamed Laghdaf a formé son nouveau gouvernement après une semaine d’intenses consultations.
Premier constat à la lecture de la liste des membres de cette équipe : il n’y a pas eu ouverture. Mohamed Ould Abdel Aziz gouvernera avec sa majorité.


L’équipe gouvernementale compte 27 portefeuilles ministériels, essentiellement attribués au camp de la majorité ayant soutenu la candidature de M. Ould Abdel Aziz à la présidentielle du 18 juillet dernier. L’opposition ne figure pas dans ce nouveau gouvernement composé de ministre relativement jeunes. Le nombre de femmes (5) y est aussi relativement élevé en comparaison des précédentes équipes qui n’en comptaient que deux ou trois.
Naha Mint Hamdi Ould Mouknass, est nommée ministre des Affaires étrangères et de la Coopération en remplacement de Mohamed Mahmoud Ould Mohamédou. La fille de Hamdi Ould Mouknass (brillant ministre des affaires étrangères des années Mokhtar Ould Daddah) devient ainsi la première femme à la tête de la diplomatie mauritanienne. Elle est la présidente d'un parti de la mouvance présidentielle, l'Union pour la démocratie et le progrès (UDP, qui compte deux députés). Autre femme au gouvernement, Coumba Bâ. Elle fait son entrée pour la première fois dans un gouvernement. Proche de Mohamed Ould Abdel Aziz, elle a la lourde mission d’assainir le ministère de la fonction publique, un département réputé nébuleux. L’équivalence des diplômes, le faux et usage de faux, le favoritisme, le tribalisme, le clientélisme la mise au placard du statut général de la fonction publique…ce ministère est un véritable concentré de tous les maux de l’Administration. Les nominations se font à la pelle sans aucun critère, les concours qui permettaient aux fonctionnaires de l’état d’avancer ont purement et simplement été supprimés. C’est l’énormité de la tâche qui attend la nouvelle locataire de ce département. A-t-elle reçu une feuille de route claire ou va-t-elle naviguer à vue et ainsi servir de fusible plus tard si jamais elle mettait le doigt là où il ne fallait pas ? Attendons de voir !

Parmi les entrants, le plus connu est certainement Kane Ousmane précédemment Administrateur Directeur Général (ADG) de la Société Nationale Industrielle et Minière (SNIM). Il est promu ministre des finances. Cet ancien de la Banque Africaine de Développement (BAD) bénéficie de la confiance du raïs en ces temps de vache maigre où il faut renflouer et surveiller les caisses de l’Etat. La tâche n’est pas mince. Le budget de l’Etat est une véritable nébuleuse gangrenée par la corruption et les tripatouillages de toutes sortes. Les impôts, la douane, les domaines fonctionnent de la même façon. Tous les secteurs sont profondément gangrenés. Autre entrée, celle du Dr Cheikh Ould Horma en qualité de ministre de la santé et des affaires sociales. Par cette nomination, c’est, d’un point de vue professionnel, l’homme qu’il faut à la place qu’il faut. Médecin de formation, Ould Horma connaît les maux qui gangrènent la santé. Des maux qui ont pour noms, corruption et affairisme. Ces deux domaines ont pris le pas, là aussi, sur toute autre considération d’intérêt général. En règle général, tous les secteurs de l’administration souffre de cette tare qui freine le développement économique et social du pays. Reste à savoir si Mohamed Ould Abdel Aziz va aller jusqu’au bout de ses intentions dans la lutte contre la gabegie et les détournements de deniers publics.
La candidature de Mohamed Ould Abdel Aziz a suscité un immense espoir au sein des économiquement faibles qui représentent environ 40% de la population mauritanienne.
Le candidat des pauvres a promis aux populations de Hay Saken (zone périphérique) de lutter contre la gabegie, d’instaurer la justice sociale, de combattre sans pitié les corrupteurs…Les espoirs sont tels que, pour le nouveau gouvernement, il n’y aura pas d’état de grâce.
Le premier ministre et son équipe sont astreints à une obligation de résultat. Pour eux, « nous avons essayé mais ça n’a pas marché » ne sera pas une excuse.

Moussa Diop
Le Quotidien de Nouakchott

1 commentaire:

  1. Maintenant le ministère des affaires étrangères appartient à la famille Mouknass, sinon comment Aziz a pu mettre une incompétente à ce poste .

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