mercredi 12 août 2009

Le gouvernement de toutes les surprises.


Le gouvernement tant attendu par les Mauritaniens a finalement été constitué mardi dernier. Même si l’on retrouve dans la nouvelle équipe dirigée par le Premier ministre sortant, Moulay Ould Mohamed Laghdaf, des anciens du gouvernement issu du putsch du 8 août 2008 (8 sur 29), le Président de la République, Mohamed Ould Abdel Aziz, a pris de court tout le monde.

Beaucoup de jeunes promis et pas mal de « poids lourds » de la nouvelle Majorité présidentielle laissés sur le tarmac ! Ainsi des proches du président comme Sid’Ahmed Ould Rayess et Mohamed Lemine Ould Guig, présentés par la presse comme des « premiers ministrables » ont été ignorés pour des raisons dont seul Ould Abdel Aziz a le secret.

D’autres comme Mohamed Mahmoud Ould Brahim Khlil, Mohamed Yahya Ould Horma(qui a remplacé Ould Rayess dans les négociations de Dakar, Mohamed Ould Maaouiya, ministre de l’Intérieur qui a préparé en fait le déroulement de la présidentielle, et Cheikhna Ould Nenni, président de la Commission de Communication de Ould Abdel Aziz, que d’aucuns avaient présenté comme le futur ministre de la Communication et des Relations avec le parlement, n’ont pas été cooptés dans ce qui devrait être le gouvernement du «Changement constructif ».

En attendant de voir si l’équipe mise en place par le nouveau président de la République se montrera à la hauteur de sa mission, les principales remarques à faire sont de plusieurs ordres.

D’abord, Ould Abdel Aziz a voulu déroger à la sacro-sainte règle, établie jusqu’alors, de réserver aux Négro-Mauritaniens trois à quatre départements, en doublant la quote-part de cette communauté nationale qui se retrouve avec sept ministères (Ministre Secrétaire général de la Présidence, Finances, Fonction publique, l'Equipement et Transports. Environnement et du Développement Durable, Secrétariat général du Gouvernement, Modernisation de l’Administration).

On peut déplorer seulement que les Wolofs ne soient pas représentés dans un gouvernement où il est de tradition de ménager les susceptibilités des uns et des autres. Les Harattines, conservent leur quota mais occupent un département de prestige (Ministère de l’Intérieur) qui échoit à un administrateur de talent, Mohamed Ould Boilil, sans doute pour renforcer la présence de sa tendance au Trarza où la compétition entre lui et Boïdiel Ould Houmeid est des plus rudes.

Ould Abdel Aziz a également frappé fort en augmentant la présence des femmes au gouvernement (6). Une marque de reconnaissance au rôle important joué par la gent féminine dans la victoire du Général à la dernière présidentielle et une orientation politique qui fait d’elle, avec les jeunes, l’un des principaux appui à la refondation de l’Etat que le nouveau président a promis d’accomplir dans les plus brefs délais.

Mais la force d’oser n’est pas sans risque. La grogne qui a accompagné l’Assemblée constituante du parti Union pour la République (UPR), risque de reprendre avec plus d’intensité. Les caciques du pouvoir qui pensent avoir joué un grand rôle dans la Fronde contreSidioca, la lutte pour la légitimation du putsch et la victoire au premier tour du GénéralMohamed Ould Abdel Aziz, n’accepteront sans doute pas d’être mis à l’écart aussi facilement.

Comme avec Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi, ils risquent de crier à la trahison, sans toutefois chercher la confrontation directe avec un Président de la République qui semble n’en faire qu’à sa tête, malgré tout ce qu’on dit sur la présence à ses côtés de conseillers de l’ombre. On verra bien quelle attitude auront les éventuels contestataires et de quels moyens de pressions, au niveau du Parlement et du Parti, useront-ils pour avoir leur part du gâteau.

En attendant, la nouvelle équipe doit s’atteler, dès à présent, à mettre en pratique les promesses électorales de Mohamed Ould Aziz, désormais affublé du titre à double tranchant de « Président des pauvres ».

La conjoncture économique actuelle est loin d’être favorable pour relever un tel défi mais l’appel du pied lancé à un pays comme la Libye, avec la nomination aux Affaires étrangères de Naha Mint Mouknass, à l’ancienne puissance colonisatrice, à laquelle on cherche à donner tous les gages possibles de lutter contre le terrorisme, peuvent constituer de précieux sésames dans les mois prochains.

En attendant que la Communauté européenne et les institutions de Bretton Woods(Banque mondiale et FMI) reviennent à de meilleurs sentiments envers le pouvoir « civilisé » du Général Aziz.

Amadou Diaara




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