jeudi 13 août 2009

Gouvernement post électoral : Marque déposée de la rectification.






Le décret nommant le premier gouvernement de l’ère Mohamed Ould Abdel Aziz, président de la République, est enfin tombé mardi soir, après une semaine d’attente. Officiellement reconduit au poste de premier Ministre dans la journée,Moulaye Ould Mohamed Laghdaf, n’a pas mis beaucoup de temps à rendre sa feuille sur la dernière ligne droite du parcours.

La nouvelle équipe gouvernementale, post élection présidentielle 2009, a été bâtie sur le même style que celle qui a suivi le coup d’état du 6 août 2008, point de départ du mouvement de la‘’rectification’’. Auteur unique d’un putsch, et vainqueur solitaire d’une élection présidentielle contre toute la classe politique, Aziz échappe à la logique de la « pression » des soutiens parfois encombrants.

A la lumière de la composition de ce gouvernement, dans la forme et dans le fond, le présidentAziz est resté fidèle à sa philosophie de renouvellement de la ‘’faune’’ politique en injectant au devant de la scène d’illustres inconnus et en foulant au sol le sacré saint critère des équilibres tribaux, régionaux et ethniques..

La nouvelle équipe gouvernementale est marquée par une espèce de symbolique avec le chiffre sept (7) : comme le nombre de femmes qui en sont membres, le contingent de négro-africains (revu à la hausse par rapport au quota traditionnel), les ministres rescapés du gouvernement sortant et les ministres originaires de la région du Trarza. Pure hasard ou volonté délibérée de respecter un chiffre fétiche ? Pour revenir au monde réel, loin des signes et symboles de l’administration de l’invisible, la logique de la récompense des amis a été globalement respectée.

Tous les membres de l’équipe gouvernemental sont issus de la majorité ayant soutenu la candidature du général à la retraite. Cependant, pris individuellement, les éléments du gouvernement du mardi 11 août 2009 ne jouissent pas de la réputation d’hommes drainant du monde derrière eux. Un critère jusqu’ici important dans le choix des ministres et autres hauts fonctionnaires de l’Etat. Jeunes cadres, politiquement « vierges » et non habitués aux fonctions de la haute administration, ils doivent presque tout au nouveau maître du pays.

D’où la poursuite par Mohamed Ould Abdel Aziz, de son action visant à changer le personnel qui anime la scène politique depuis parfois plusieurs dizaines d’années. Ainsi, le nouveau président de la République a snobé les plus anciens, y compris ses soutiens les plus fidèles. Le message est clair, net, précis et sans bavure : « les vieux doivent prendre la retraite » volontairement ou sous la contrainte des circonstances. Peu importe les moyens suivant lesquels un tel objectif peut être atteint. Aziz a envie de travailler uniquement avec de nouvelles têtes, les fossiles au placard de l’histoire. Par ailleurs, la composition de la nouvelle équipe renvoie le reflet de jeunes généralement bien instruits.

Staff de campagne laissé en rade.

Un autre fait frappant à la lecture de la liste du nouveau gouvernement est identifiable dans la faible présence des membres du staff de campagne du candidat Mohamed Ould Abdel Aziz. Une réalité dont l’illustration la plus éclatante est constituée par « l’oubli » deSid’Ahmed Ould Raiss, qui en était le directeur, et à ce titre, forcément un proche du président de la République.

Un constat qui induit la question de savoir s’il s’agit d’une réelle « rupture » entre le patron et son protégé, négociateur en chef au cours du premier round des pourparlers de Dakar ? Ou simplement d’une mise en réserve dans l’attente d’une nomination à une station stratégique de la République, comme par exemple l’importante direction du cabinet du chef de l’état ? Un mystère qui ne devrait pas trop tarder à être élucidé.

Absence de l’ombre du HCE.

La nouvelle équipe gouvernementale porte assurément l’empreinte d’un homme, resté désormais, seul maître à bord de la barque Mauritanie. D’où une absence notoire de l’ombre des anciens frères d’armes membres du Haut Conseil d’Etat (HCE). Même si un petit bémol contraint à remarquer que le choix des ministres de la défense et de l’intérieur a été effectué de manière à ne pas trop faire « barrage » aux différents chefs de forces armées et de sécurité.

Une nouvelle donne, face à laquelle certains esprits « tordus » perçoivent un changement d’orientation du nouveau président de la République, voyant en ses anciens alliés, de potentiels« tombeurs » par l’effet domino de l’incurable maladie des putschs militaires. Il faut également remarquer l’absence dans ce gouvernement, du Parti Républicain pour la Démocratie et le Renouveau (PRDR). Le Secrétaire Général, Sidi Mohamed Ould Mohamed Vall, ditGhrini, aurait exigé, dit-on, plus d’un poste ministériel.

D’où un décalage avec les prévisions d’un patron qui ne tenait pas à modifier sa feuille initiale. La forte présence de l’Union pour la Démocratie et le Progrès (UDP), par la présidenteNaha Mint Mouknass, aux affaires étrangères (voir encadré), et Sy Adama, Ministre Secrétaire Général de la présidence, pouvant s’expliquer par des « affinités » personnelles entre le président de la République et un homme qui connaît parfaitement la zone de l’Aftout et sur lequel il fonde beaucoup d’espoir.

Les grands Chantiers.

Une fois constitué, le nouveau gouvernement fait face à de grands chantiers, imposant de véritables travaux d’Hercules. Le premier est lié au contexte sécuritaire marqué par le premier attentat suicide dans notre pays enregistré samedi dernier. La lutte contre le terrorisme islamiste prend ainsi la dimension d’une priorité absolue. Le deuxième grand chantier porte sur le retour à la vie d’une économie anémiée par une année de crise politique. Un état au bord de la banqueroute. D’où la nécessité de ramener rapidement les partenaires au développement, états et organisations internationales, (Europe, USA, Banque Mondiale, FMI….). Vaste programme pour un gouvernement constitué en majorité d’hommes sans expérience avérée. C’est dire que Naha, Sidi Ould Tah et Kane Ousmane ont du pain sur la planche.

Kouchka


© Biladi

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