lundi 13 avril 2009

LE GRAND BLUFF DU GENERAL



 

 

Comme un bulldozer infatigable et sans repos, le tumultueux général qu’une nuée innumérable de flagorneurs a qualifié de général de la paix et des pauvres, fonce crânement en campagne électorale imposée par son clan dans toutes les régions affamées du pays.

Il leur promet de résoudre tous leurs problèmes comme s’il possède une baguette magique pour le faire dans un contexte de morosité économique, de crise politique aigüe, de banqueroute et de sanctions appliquées par la communauté internationale, qui, comme l’opposition, refusent le fait accompli.

Les zélateurs prébendés connus depuis Moctar Ould Daddah sont les mêmes qui l’encadrent et qui ne se rappellent nullement des ossuaires de Walata, de Jreïda, d’Inal, les charniers de la vallée du fleuve, les incendies des villages, les viols des femmes et déportations. Ils oublient aussi la répression qui s’est abattue sur le FNDD, qui a résisté contre le fascisme par des manifestations durement réprimées depuis Nouakchott, Nouadhibou, Zouerate, Rosso, Méderdra, Tidjikja, Boghé, Kaëdi, Mbout, Sélibaby et ailleurs. Même dans le saint mois du Ramadan, la résistance a continué.

Nos responsables ont fait le tour du monde pour sensibiliser et informer. La solidarité internationale s’est manifestée et la junte a été boycottée et isolée. A quoi lui sert le soutien du Sénégal, de la Libye et de l’Iran ? Sur quelle planète vit Sarkozy le président de la République française pour ignorer une telle résistance ?

L’échec de la médiation de Kadhafi, du renforcement de la résistance, du rapprochement du RFD et du FNDD, le succès du grand meeting d’Ahmed Ould Daddah où tous les présidents du FNDD ont été invités, la grande manifestation héroïque du FNDD du 2/4/2009, non autorisée de l’hôpital à l’assemblée nationale, ont déclenché les reflexes agressifs des nervis de la junte. Cette satrapie des fascistes dopés par la violence, la haine, le mépris des Droits de l’Homme a sauvagement réprimé de paisibles manifestants qui ne faisaient qu’user de leurs droits légitimes que leur donne la constitution.

Messaoud, Président de l’Assemblée Nationale, l’Architecte Boubacar Ould Messaoud Président de S.O.S. Esclaves, Jamil Ould Mansour, député, Président du Parti Tawassoul et tant d’autres ont été tabassés ; ce défi audacieux s’est soldé par plusieurs blessés et arrêtés. Cet homme hargneux et vindicatif peut –il être qualifié d’homme de paix et des pauvres ? Nous condamnons énergiquement cette répression inhumaine, qui, d’ailleurs, nous redonne du mordant, nous incite à resserrer nos rangs et à accentuer la lutte contre le despotisme jusqu’à la victoire totale.

Les flatteurs qui ne vivent qu’aux dépens de ceux qui les écoutent ont aussi oublié toutes les loques humaines torturées, déportées, qui trainent durement leurs besaces, rongés par le désespoir, la détresse et l’humiliation. Alors, réellement, peut-il être qualifié d’homme de paix et des pauvres ?

Le général candidat à sa propre élection, prétend réparer les torts et demander pardon, alors que toutes les conditions que nous avions citées dans notre dernier texte ne sont pas encore remplies. Quel bluff !

C’est dans ce contexte de mystification et de récupération politique que le général Aziz et son cousin, le colonel Ely ont entrepris deux croisades similaires pour parler des persécutés chacun à sa façon. L’un, le colonel, ancien Président du CMJD, à l’UNESCO, à Paris, à l’occasion de la célébration de la Shoa, la mémoire d’un ¼ du peuple juif exterminé en Europe dans la période de la deuxième guerre mondiale. Le général, quant à lui, a poursuivi sa pathétique pérégrination à la vallée du fleuve sur les tombes et les hécatombes des Haalpulaar’en, souffre douleur de ce pays qui méritent qu’on se rappelle de la mémoire de ces victimes, nous voulons dire de leur Shoa. Le général l’a fait d’une certaine façon à la vallée du fleuve, alors que le colonel n’en a cure.

Quant à l’alluré et impérieux général qui sillonna la vallée du fleuve, fief des victimes du génocide, il a bénéficié d’un accueil triomphal inespéré et a eu l’occasion de vivre intensément la spontanéité et la chaleur humaine non arabe de ce pays qui ne manifeste aucune animosité à son égard ; Car la culture pulaar enseigne : « hay so ko gaño maa, so o arii e maa, teddin mo ». Même si c’est ton ennemi qui te fréquente, il faut l’honorer.

En Irak, Georges Bush, président des USA, a esquivé des chaussures lancées par un journaliste irakien, alors qu’au Fouta Toro, berceau des prophètes armés, Suleyman Ball, El Hadj Omar Tall, Elimane Boubacar Kane et tant d’autres, le bourreau a été ovationné, accueilli en héros où les chants de « Lenngi », « Yelaa » des danses  de « Wanngo », « Rippoo » ont animé son inoubliable séjour. Peut-être que ce bonheur ineffable, tempèrera la haine et l’hostilité vis-à -vis d’eux.

Il a assisté à MBagne au « Bommbere » ou « Fiifiire » course de pirogues où une nationalité brimée, en liesse populaire a démontré sa belle et non outrageante singularité, son non arabité tolérante et pacifique, dont le colonel Ely n’en a jamais parlé, car, le concept africain est trop vague pour nous identifier. C’est une excellente leçon de morale, de civilité qui lui a été administrée. Saura-t-il en profiter pour comprendre que notre diversité doit être préservée et non charcutée ?

L’accueil de Kaëdi qui l’a projeté au « Nirvana de Bouddha », l’a libéré de ses fantasmes, de ses préjugés, le chatouilla, et pulaar, il parla !

Il est le premier responsable Maure au pinacle de l’Etat à avoir parlé le Pulaar. Une salve d’applaudissements a accueilli son discours. Peut-être que ce bain de foule ou de jouvence éclairera ses lanternes, le stimulera à s’orienter vers l’officialisation et l’enseignement de nos langues nationales. Nos luttes avaient contraint le Colonel Haïdalla à reconnaitre nos langues le 19 Octobre 1979 et à créer l’Institut des Langues Nationales.

Les réparations promises, doivent d’abord pour nous convaincre, commencer par la reconnaissance de notre « Shoa », c’est –à dire de notre humanité, qui passe par la promotion de nos langues, de nos cultures, de la reconnaissance de notre histoire. Nous le répétons que, tuer ces trois éléments est aussi un crime contre l’humanité. C’est pourquoi, nous exigeons la création d’une Académie des Langues Nationales comme au Sénégal présidées par le Dr Fary Kah. La réparation de ces injustices contribuerait à consolider notre coexistence. Car, coexistent ceux qui existent. Alors que chez nous, l’humanité de certains est reconnue, celle des autres est méconnue. C’est un triste sort, un drame inacceptable. Nous ne pouvons plus depuis un demi-siècle vivre dans une négativité et la transmettre à nos enfants.

C’est l’une des premières injustices la plus facile à réparer et qui, dans le moyen et long terme, facilitera le règlement des autres. Il faut dès maintenant prendre le taureau par les cornes.

A Kaëdi, il a dit : « ... Il y a eu des pertes humaines sans raison, parce que la parole de Dieu a été bafouée dans un espace où les hommes se remettent à Dieu et non de priorités que sa Vénération ». Dieu n’a-t-il pas dit : « Ne tuer pas l’homme qu’il vous est interdit de tuer sans une raison juste ».

Heureux, parce que les affligés qu’ils soient ici présents ou ailleurs, ont fait preuve de magnanimité et d’indulgence, parce que Allah leur a donné le courage de surmonter leur douleur et la force d’essuyer leurs larmes d’amertume sans ressentiment, parce qu’ils ont donné le bon exemple en se conformant aux préceptes de notre sainte religion, aux comportements prônés par notre Prophète Mohamad (Paix et Salut sur Lui).

 L’histoire des peuples n’est pas seulement faite, que de gloire, de moments de joie et fierté. Les annales de notre histoire enregistrent des moments difficiles pleins de tristesse et de mélancolie. Mais, grâce à notre attachement à la religion musulmane et notre attachement à Allah, la raison et la sagesse avaient toujours fini par nous réconcilier avec nous-mêmes. C’est par la fidélité à ces traditions, à l’amour à la Mauritanie et ses valeurs culturelles que le passif humanitaire est une blessure béante depuis des années sans pansement, a été réglée.

Aucune indemnisation n’équivaudra à une vie humaine ! L’être humain est en effet irremplaçable dans son milieu. Nous savons que si les ayants droit des victimes à la mémoire desquels nous allons prier ont accepté la procédure proposée par la commission chargée de résoudre la question du passif humanitaire, parce qu’ils ont décidé de venir à bout de l’agression par le pardon et repousser le mal parce qu’il est le meilleur.

« Aux veuves et aux orphelins que nous compatissons au fond du cœur, je voudrais dire que nous sommes là pour mettre fin aux souffrances du peuple quelque soit leur nature. Je voudrai dire aux mauritaniens que les évènements douloureux des années 90 sont étrangers à nos comportements et à nos valeurs, ce genre d’infraction à la morale et aux lois civiles ne doit plus jamais se reproduire chez nous ».

Il y a ajouté un pulaar confus : « Juulve Allah yettaama saka aadee » ; il a peut-être voulu dire « qu’on a demandé pardon à Dieu, il l’accepte ; alors pourquoi une personne à qui on la demande la refuserait ?» 

Ce rappel des versets coraniques doit être une règle d’or pour une République qui se proclame Islamique et non pour attirer des électeurs, ni amadouer la communauté internationale dans un contexte où notre pays est divisé, isolé, menacé par des sanctions, d’autant plus que ce n’est pas la première fois que notre état insane a violé la parole d’Allah en tuant sans raison des hommes qui le vénèrent réellement. Malheureusement, il ne verse que le sang des Noirs et plus particulièrement celui des Haalpulaar’en qui réclament la justice et l’égalité fondements de l’unité et de la fraternité. Ce sang a été versé en 1966, 1986, 1987, 1989/90/91.

Parmi les ethnies noires frustrées en Mauritanie elle est la seule jusqu’ici principalement qui se bat pour arracher ses droits . Certes, les Haratines ont commencé à refuser l’esclavage qu’ils subissent sur toutes ses formes. Nous nous solidarisons fermement à leur lutte qui vise à effacer l’esclavage en Mauritanie, et à leur donner les moyens pour s’assumer pleinement comme tous les autres hommes de la terre.

On le voit bien, ce n’est pas un hasard, c’est une tentative d’extermination d’une communauté rebelle, comme ce qui se passe au Darfour et avec les Anianias du Soudan organisés au sein du mouvement du Général John Garang, comme ce qui s’est passé en Irak avec le mouvement des Kurdes, comme ce qui se passe en Algérie avec la mouvement Berbère, etc. Toute histoire est faite par des tensions et des réconciliations, mais, pour un état qui a le Coran comme guide, doit d’abord favoriser le dialogue, la concertation pour régler ses contradictions afin d’éviter arbitrairement et inutilement de faucher des vies humaines qu’aucun capital ne peut indemniser.

C’est bien de le dire, c’est mieux de le faire, en commençant par décanter notre crise politique, en dialoguant avec tous les adversaires, y compris ses ennemis, arrêter le processus électoral unilatéral, libérer les prisonniers politiques, engager le débat avec tout le monde surtout avec Sidi qui incarne la légalité constitutionnelle. Votre victoire déjà gagnée avant les élections, parce que vous la voulez, empirera le chao dans lequel nous végétons.

A propos du passif humanitaire, si les déclarations du général sont sincères, c’est un pas accompli, mais insuffisant. Nous lui demandons de prendre notre déclaration appelée « Le passif humanitaire ou le génocide des Nègres mauritaniens ». Il faut y associer toutes les organisations qui se sont constituées pour la défense de ce passif humanitaire ; COVIRE, COPECO 89, AVOMM seules, ne suffisent pas. Notre proposition est plus complète.

 

La commission du passif humanitaire dont parle le général a travaillé dans l’obscurité, sans rendre public ses travaux afin de permettre aux autres de les enrichir. Ce travail est entamé, mais pas terminé. C’est une œuvre de longue haleine qui ne doit pas être bâclée.

Sa déclaration de Kaëdi est importante, mais il reste les actes. Il faut qu’il nous prouve qu’elle n’est pas destinée à bluffer, ni à appâter les électeurs. Le meilleur est d’extrader le colonel Taya, le juger, enquêter sur les crimes commis, décanter toute la situation et cicatriser les plaies. Tous les responsables de ce massacre doivent répondre de leurs actes.

Le dossier est enfin ouvert mais pas fermé.

Le général impassible, connu pour son impétuosité et son impartialité et dont nous exigeons la démission immédiate, a au moins marqué un point par rapport à une certaine opposition hypocrite qui a peur d’aborder ce grave problème, alors qu’il devait être l’une de ses préoccupations essentielles, comme elle l’a été avec le Président Sidi. C’est l’une des raisons qui nous a incités à le soutenir.

C’est pourquoi nous dénoncerons aussi ces nababs de l’opportunisme et de l’illusionnisme à l’esprit immonde, avocats de l’impertinence. C’est aussi un autre combat dans notre combat.

Par ailleurs, le grand périple du général qui vise à mobiliser les gens pour ses propres élections improbables a suscité et renforcé la conjonction des forces de l’opposition. Le meeting du RFD du 2 Avril 2009 où tous les leaders de l’opposition ont pris part, y compris Messaoud, président de l’Assemblée Nationale est une bonne augure.

L’offensive déclenchée par le FNDD qui a abouti à une manifestation non autorisée sauvagement réprimée, prouve que nous sommes dans une nouvelle phase de l’escalade et que la madagascarisation de la Mauritanie n’est plus chimérique.

Nous sommes dans un mois d’Avril où son poisson célèbre peut nous réserver des surprises : tensions sociales, le renversement du régime de la junte, et le retour du Président Sidi. Le chef de la junte doit se ménager une sortie honorable en objectivant notre proposition de sortie de crise, reprise d’une certaine façon par la communauté internationale et que d’autres, après l’échec de Kadhafi tentent de ressusciter.

 

 L’accentuation des sanctions décidées par l’Union Européenne de supprimer les relations bilatérales et multilatérales avec la Mauritanie pendant deux ans, non seulement incommode la junte, accroît le gouffre vers lequel nous évoluons. Si la junte accepte de négocier sincèrement, d’arrêter le processus électoral, de rejoindre ses casernes moyennant une amnistie et la sauvegarde de leurs intérêts, le pays sera sauvé et elle en tirera un bénéfice incommensurable.

Avec Allah nous vaincrons !

 

Nouakchott, le 12Avril 2009  DEKAALEM/RDNM

LE PRESIDENT DR MOURTOUDFO DIOP

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Vos commentaires et réactions sont bienvenus. Nous vous prions cependant d'éviter insultes et propos contraires à la morale et à la loi. Le Blog se réserve le droit de retirer tout texte enfreignant à ces règles.