mardi 14 avril 2009

Ould Daddah, le Rfd et les militaires : Chronique d’un feuilleton tragique




Le tsunami politique qui a frappé le Rfd, n’est que l’expression d’une précarité qui menace de plus en plus l’existence des formations politiques notamment celles de l’opposition. Triste destin que celui subi par le Rfd, un parti qui avait su s’imposer sur l’échiquier politique national, en résistant à toutes les secousses et vents des mauvaises saisons. Le leader de cette formation politique, voué aux gémonies par un Général tenace au pouvoir, passe actuellement la plus périlleuse période de son historique combat politique. Retour sur la vie d’un grand parti.

En dépit de divorces répétés qui ont émaillé la vie du Rfd, né des cendres de la défunte Ufd/ère nouvelle, malgré des divergences historiques entre Ahmed Ould Daddah et tous ses grands et anciens amis comme Messaoud, Ould Maouloud, Jémil Ould Mansour etc.…, ce parti disposait à chaque fois de son miracle, pour sortir de sa convalescence, renforcé et plus combatif.

De tous les leaders politiques, Ahmed Ould Daddah, fut incontestablement l’un des hommes de l’opposition, ayant le plus marqué les pages glorieuses de l’opposition en Mauritanie. Et aujourd’hui les plus sinistres ! Figure emblématique de la résistance contre le système Tayiste, il n’en est pas moins celui qui a souffert des tracasseries, des embastillements, des intimidations. Mais les mauvais rapports avec le régime de Taya et les victoires plusieurs fois remportées, mais expropriées par l’ex-PRDS, n’ont pu ramollir les ambitions de ce Trarzi et sa détermination inébranlable de livrer bataille contre ses adversaires. Il ne serait peut-être pas exagéré, de dire, que si Messaoud Ould Boulkeir est le plus grand harangueur des foules, Ahmed Ould Daddah, est celui qui a le plus fait montre de constance dans ses scores, au point d’avoir été auréolé de titre de chef de file de l’opposition démocratique en Mauritanie. Cette institution qu’il eut l’honneur de présider, même si on peut lui reprocher bien de maladresses à ce sujet. Le Rfd apparaitra, au sortir de la présidentielle de mars 2007, comme le plus grand parti qui a démontré sa force de frappe et d’organisation en devançant de très loin les autres formations de masse comme l’App, l’Ufp , l’Ajd /Mr. Arrivé en coude à coude au deuxième tour avec le candidat des militaires, qui s’appelait Sidioca, il sera battu avec les gros moyens employés par son challenger. L’apogée qui allait précéder le déclin politique de Ould Daddah, avait sans doute, consacré la fin du parcours du combattant pour ce sexagénaire avancé. L’heure des malheurs politiques sonna alors, avec la tempête politique qui intervint au crépuscule du court règne du Président démocratiquement élu Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi. Ahmed fut-il victime d’un mauvais sort, quand il participa activement aux cotés de la fronde parlementaire parrainée par la junte pour comploter contre Sidioca, l’homme qui a accordé pourtant le plus grand respect à Ould Daddah. Personne ne pouvait comprendre les motivations de ce démocrate, qui accepta de renier ses principes en soutenant un coup d’Etat militaire. Personne non plus, ne comprenait le jeu qu’il jouait à l’encontre de ses alliés naturels de l’opposition, auxquels, il préféra une alliance diabolique avec des putschistes. Ahmed restait sourd, aux nombreuses mises en garde que lui adresseraient ses amis de l’opposition, ses proches et même ses camarades du parti. Ahmed n’avait qu’une idée en tète : accéder au palais présidentiel avant que l’âge n’ait raison sur ses appétits personnels. Les erreurs du leader du Rfd grossissaient dangereusement, sans qu’il ne s’en rende, de sitôt compte. Le moment des inimitiés avec les militaires sera une désagréable trahison. Le général avait fini par l’utiliser comme un fusible politique, pour avaliser sa rectification et faire éclater l’édifice du front de l’opposition. Il a aussi grignoté toute la crème politique de ce géant aux pieds d’argile. Et patatras, l’édifice du Rfd s’effilocha, comme un château de cartes, sous les yeux hagards et impuissants de son chef, dont le charisme ne sauvera pas la maison du désastre. Ahmed ne voulait pas voir le danger venir. Il voyait pourtant les épais nuages annonciateurs d’un tsunami couvrir le ciel de son parti. Son retour catastrophique de son voyage, pour ne sortir qu’une décision de suspension de son aile dissidente, n’a fait que révéler l’impuissance du capitaine du bateau, à le sauver du naufrage. Que restera-t-il à l’opposant historique sinon faire son testament politique ?

"Ridiculisé" par le Général

Au cours de la toute dernière conférence de presse, qu’il avait organisée au terme de sa visite dans la capitale économique, le président du HCE, le Général Mohamed Ould Abdel Aziz a "chahuté" le chef de file de l’opposition M. Ahmed Ould Daddah, en disant que celui-ci, lui avait demandé le maintien des relations diplomatiques entre la Mauritanie et Israël, parce que cette normalisation constituait une garantie sûre de la stabilité de la Mauritanie.

Le Général Ould Abdel Aziz avait également dit " le président d’un parti politique, qui se sait, m’avait dit, il y a deux ans, que les relations entre la Mauritanie et Israël sont nécessaires pour le pays, mais, il a changé sa position, lui qui est connu par l’instabilité constante de ses attitudes. Il m’avait demandé la rupture de ces relations avec Israël". Et d’ajouter que ce chef du parti "pensait que la rupture des relations diplomatiques conduira la situation du pays à la détérioration totale, car il ne tenait pas réellement aux aspirations du peuple". Ould Abdel Aziz a indiqué aussi qu’Ahmed Ould Daddah avait soutenu le mouvement de rectification conduit par l’armée, et que même plus, il l’avait encouragé personnellement à faire le coup d’Etat, contre le président civil élu Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi.

Toujours dans cette conférence de presse, aux allures emportées, Ould Abdel Aziz avait minimisé les dernières déclarations faites par Ould Daddah, en disant "que les cellules n’existent que dans l’esprit de celui-ci". Il a affirmé aussi qu’il n’est pas concerné par la désintégration du Rfd et qu’il avait d’ailleurs, fait part de son point de vue, aux députés de ce parti, quand ces derniers lui avaient proposé leur retrait du parti, il y a de cela trois mois.

Face à cette provocation, le Rfd n’a pas encore réagi à ces déclarations peu indulgentes, faites par le Général Mohamed Ould Abdel Aziz à l’adresse de Ould Daddah. Des accusations qui portent fortement préjudice à l’image politique du leader du Rfd. Des hauts responsables du parti contactés pour s’exprimer sur cet incident politique d’extrême délicatesse entre Ould Abdel Aziz et le chef de file de l’opposition, ont préféré ne pas faire de commentaire, en attendant la position officielle du Rfd.

Toujours est-il que les militants du Rfd ont été profondément surpris par les propos tenus par le Général au cours de la dite conférence de presse du Général à Nouadhibou, à quelques jours de sa démission, au cours de laquelle, il est allé bec et ongles et sans retenue pour déverser sans haine sur le plus grand parti de l’opposition, en dénigrant son leader devant plusieurs milliers de mauritaniens.

C’est la seconde fois que le Général Ould Abdel Aziz fait une sortie virulente contre le Rfd. La première, était au cours d’un Conseil des ministres où Ould Abdel Aziz avait décrit Ahmed Ould Daddah, de personnalité confuse, égoïste, non disposée à toute issue politique qui ne la conduirait pas au pouvoir.

A l’époque le Général avait dit aux ministres, dont certains sont des proches du président du Rfd, qu’Ahmed Ould Daddah ne pourrait jamais être président de la Mauritanie, quoi qu’il fait, et qu’il est préférable pour lui de raccourcir le chemin et d’abandonner à jamais l’action politique. Les leaders du Rfd n’avaient pas cru à ces informations, qu’ils ont prises pour d’uniques rumeurs médiatisées par des organes de presse partisanes. Par sa dernière sortie, le Général est venu lever toute équivoque.

CTD et MOML

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