lundi 13 avril 2009

Ould Abdel Aziz- Ould Mohamed Vall : Autant de ressemblance, autant de différence !




Jusqu’à cet instant, Mohamed Ould Abdel Aziz et Ely Ould Mohamed Vall sont considérés comme des officiers actifs au sein des forces armées et de sécurité, nonobstant leur statut actuel. Par un accident de l’histoire, le premier, est depuis 8 mois, peut-être encore pour longtemps, à la tête du pays. 

Par un autre hasard de circonstances, le second, avait conduit la transition politico-militaire de 2005-2007. Il n’a pas encore officiellement abandonné l’uniforme, qu’il ne portait plus, depuis les premiers temps du défunt Cmjd. Tous les deux nourrissent de grandes ambitions de présider aux destinées de la Mauritanie, mais chacun à sa tactique propre. 

En perspective de la future présidentielle de juin 2009, toujours objet d’une large contestation des forces politiques, principalement le Fndd et le Rfd, ces deux officiers que tout porte à dire, prétendants jusqu’à l’excès à la magistrature suprême, avec quelques différences prés, créent encore l’expectative générale, quand à la manière avec laquelle, ils comptent démissionner pour adapter leur profil politique à l’exigence de l’éligibilité constitutionnelle.. 

Le président du HCE, le Général Ould Abdel Aziz est décidé vaille que vaille d’aller à cette consultation présidentielle. Avec les tournées marathons effectuées à l’intérieur du pays, il est bien motivé dans ce projet, dont les préparatifs sont presque arrivés à terme. 

L’ancien chef d’Etat, le Colonel Ely Ould Mohamed Vall, compte lui aussi se porter candidat, mais, faut-il, pour lui, que des conditions minimales soient réunies, notamment autour d’un consensus politique entre les différents antagonistes du paysage politique, pour que cette candidature soit réelle. 

Les plus récentes informations relatives à la démission du Général Ould Abdel Aziz, qui ne fait d’ailleurs l’objet d’un doute depuis qu’il en a pris acte à Nouadhibou, donnent la date du 17 avril courant, pour que ce haut officier troque son treillis contre le boubou. Donc, probablement, vendredi prochain, juste après la présidence de deux Conseils des ministres de dernière minute.

Ce départ de la présidence du HCE et de l’armée du Général interviendrait à 48 jours de cette élection présidentielle toujours incertaine, quoique proche. Une fois, Ould Abdel Azizdébarrassé de ses galons de Général, dés lors, l’imminente présidentielle ne pourrait plus être reportée. Ceci est d’autant plus vrai, si l’on convient que l’organisation de cette consultation électorale du 6 juin 2009 et la démission du président du HCE, le Général Mohamed Ould Abdel Aziz, sont deux faits intrinsèquement liés et ne peuvent être dissociés.

Cela voudrait dire alors, que la classe politique et la communauté internationale, qui réclament fortement le report de cette présidentielle, jusque ce jour déclarée non recevable, tant que les conditions consensuelles ne se réalisent pas, doit plutôt exiger le départ du Général des commandes de l’Etat, mais pas de l’armée, car Ould Abdel Aziz ne saurait certainement sacrifier ses galons pour des choses politiques encore incertaines.

Il ne pourrait pas aussi se jeter dans la gueule du loup en abandonnant les affaires, pour s’exposer plus tard, aux mêmes poursuites judiciaires et autres ennuis, dont il se fait parrain aujourd’hui, à l’endroit des roumouz el vessad, des opposants ….

Alors, si la démission du Général intervient autour du 17 avril, pour que Ould Abdel Azizpuisse être éligible à la présidentielle qu’il veut gagner à tout prix, le Colonel Ely Ould Mohamed Vall, devra lui aussi démissionner de l’armée, quelques heures après, s’il compte lui aussi se présenter à la magistrature suprême. Une échéance électorale, où il pourrait présenter un semblant d’alternative à la résistance politique menée par les opposants de l’actuel pouvoir. A ce titre, on rappellera la dernière rencontre qui a eu lieu au domicile de l’ancien président entre Ely Ould Mohamed Vall et l’opposant farouche à Ould Abdel Aziz, le président de l’Assemblée nationale, M. Messaoud Ould Boulkheir.

Ely ould Mohamed Vall qui vient également de s’entretenir samedi avec la délégation africaine dirigée par le commissaire à la sécurité et à la paix de l’Union AfricaineRamdane Lamamra et le secrétaire libyen aux affaires africaines Abdessalam Triky, n’ira pas à une présidentielle perdue d’avance. Une élection qui souffre de plusieurs insuffisances dont principalement l’absence de consensus, la non neutralité de l’administration …..

Ce boycott de la présidentielle donnera alors toutes les chances à Ould Abdel Aziz d’aller favori à cette présidentielle, qui semble inéluctable. Il saisira cette opportunité politique inespérée de légitimer et d’asseoir son pouvoir et, par conséquent, d’être investi, bon gré, mal gré par le peuple, pour la réalisation de ses ambitions. 

Le programme politique du président du HCE, le Général Mohamed Ould Abdel Aziz, étant principalement axé sur la chasse aux sorcières, aux symboles de la gabegie comme le traduit ses actions menées ces 8 derniers mois. Légitimé, Ould Abdel Aziz n’épargnera personne,"ni l’herbe verte, ni l’herbe sèche".. N’a-t-il pas dit qu’il est possible de construire des prisons pour les auteurs de corruption, de détournements et de mauvaise gestion ?

Placé au haut perchoir de l’Etat, l’ex Général Ould Abdel Aziz, devenu président contesté, à l’instar de tous ses pairs du Maghreb arabe comme Zine Dine Ben Ali, Kadhafi,Bouteflika, ne pourra plus jamais être délogé, ni inquiété. A l’image de ces chefs d’Etat ayant à leur actif plusieurs réélections à la tête de leur pays, Ould Abel Aziz qui a pu résister à toutes les grandes secousses de l’opposition interne et de la communauté internationale, ces 8 derniers mois, n’aura plus de compte à rendre, devant des partenaires guidés par des intérêts séparés ou stratégiques, qui reviendraient quelques mois après demander des partenariats, contexte international oblige.

Alors, dans cette optique, le boycott de la présidentielle de juin 2009, recommandée au HCEpar la communauté internationale pour restaurer l’ordre constitutionnel, ne serait-il pas tout aussi catastrophique et très risqué pour la Mauritanie de demain, par opposition à participation qui peut déjouer la mascarade putschiste? It’s the question. 

Mohamed Ould Mohamed Lemine
 
mdhademine@yahoo.fr

 

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