vendredi 10 avril 2009

15 ans du génocide : l'appel de Kagame à "regarder devant"

08/04/2009 11:21:06 - AFP -

15 ans du génocide : l'appel de Kagame à "regarder devant"

15 ans du génocide : l'appel de Kagame à 15 ans du génocide : l'appel de Kagame à "regarder devant"© AFP

Une cérémonie a été organisée mardi au Rwanda pour commémorer les 15 ans du génocide, qui a fait quelque 800 000 morts en 1994. Le président Paul Kagamé a demandé à ses compatriotes d’aller de l’avant et a dénoncé la "lâcheté" de la communauté internationale, partie "avant même qu'un seul coup de feu ne soit tiré".

Le président rwandais Paul Kagamé a exhorté mardi, en commémorant le 15ème anniversaire du génocide de 1994, les rescapés à "regarder devant eux" et à "bâtir l'avenir du pays", tout en accusant la communauté internationale d'avoir échoué à protéger des milliers de personnes.

Environ 20. 000 personnes, dont de nombreux rescapés, ont pris part à la cérémonie organisée dans un lieu hautement symbolique: la colline de Nyanza, à Kigali, où environ 5. 000 personnes qui s'y étaient réfugiées furent massacrées le 11 avril 1994, après le retrait du contingent belge de la Mission des Nations unies au Rwanda (Minuar) qui les protégeait contre les tueurs.

Le gouvernement belge avait décidé de rapatrier ses troupes de la Minuar après que 10 de ses paracommandos eurent été tués le 7 avril 1994 par des éléments de l'armée régulière rwandaise.

Inhumation d’une victime

"Lorsque vous vous souvenez de ce qui s'est passé, cela ne doit pas vous faire oublier une autre obligation, celle de regarder devant vous", a déclaré en langue rwandaise M. Kagamé à l'adresse des rescapés. "Nous devons continuer à bâtir notre avenir", a-t-il dit, ajoutant: "Ceux qui ont avoué leur rôle (dans le génocide) et demandé pardon, ont également choisi de regarder devant eux; il y a maintenant des espaces où victimes et bourreaux se rencontrent; là où ceci a lieu, tout est possible".

Une atmosphère de recueillement, sans démonstration publique de tristesse ou de colère, a prévalu lors de cette cérémonie, a constaté un correspondant de l'AFP.

Rassemblée devant le mémorial érigé à la mémoire des victimes à Nyanza, l'assistance a écouté un prêtre catholique lire une prière, puis des chorales d'enfants chanter "l'espoir" pour l'avenir du pays.

Un cercueil contenant les restes d'une victime des massacres de 1994 avait été disposé devant le monument, puis a été inhumé au milieu des autres tombes.

La communauté internationale accusée de "lâcheté"

Dans son discours, M. Kagamé a également fustigé la "lâcheté" de la communauté internationale qui a selon lui "abandonné" les 5. 000 personnes tuées à Nyanza après le retrait du contingent belge. "Nous ne sommes pas comme ceux qui ont abandonné les personnes qu'ils étaient venus protéger; ils les ont laissées se faire tuer; ne sont-ils pas coupables?", a-t-il lancé.

"Je pense que c'est aussi de la lâcheté; ils sont partis avant même qu'un seul coup de feu ne soit tiré", a-t-il poursuivi.

Vénuste Karasira, l'un des rescapés de Nyanza, a raconté comment "le 11 avril, les gens de la Minuar ont commencé à plier bagages (…) Nous étions sûrs que leur départ allait sceller notre mort". "Les Interahamwe (miliciens extrémistes hutu) nous ont encerclés; ils ont ouvert le feu et lancé des grenades, nous étions tous couchés dans le sang; j'étais couché au milieu de cadavres, couvert de sang et de morceaux de chair; ils (Interahamwe) m'ont cru mort", a-t-il poursuivi.

"Jardin de la mémoire"

Le génocide, perpétré d'avril à juillet 1994 par des extrémistes hutu, a fait, selon l'ONU, environ 800. 000 morts parmi la minorité tutsi et les Hutu modérés. La prise du pouvoir à Kigali par l'ex-rébellion du Front patriotique rwandais (FPR) majoritairement tutsi, dirigée par M. Kagamé, avait mis fin au génocide.

A la fin de la cérémonie, les participants ont défilé en un long cortège devant le monument pour un dernier hommage aux victimes de Nyanza.

Le site est toujours en cours d'aménagement. Un projet prévoit d'en faire un lieu parsemé d'un million de pierres, une pour chaque victime, appelé le "Jardin de la mémoire". Kigali estime à au moins un million le nombre de victimes.

Mardi soir, une veillée funèbre était prévue dans le plus grand stade de Kigali.

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