mercredi 8 avril 2009

Au Sénégal, Ségolène Royal demande «pardon» pour le «discours de Dakar»






Au Sénégal, Ségolène Royal demande «pardon» pour le «discours de Dakar»




Le 26 juillet 2007, à l’occasion de son premier déplacement en Afrique subsaharienne, le chef de l'Etat africain avait estimé «que l’Homme africain n’est pas assez entré dans l’histoire».

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Ségolène Royal en visite au Sénégal.

Ségolène Royal en visite au Sénégal. (REUTERS)

L’ancienne candidate socialiste à la présidentielle, Ségolène Royal, a demandé «pardon» lundi soir à Dakar pour le discours controversé prononcé en 2007 au Sénégal par le président Nicolas Sarkozy, puis a demandé la fin de «ce qu’on appelle la Françafrique».

«Quelqu’un est venu ici vous dire que "l’Homme africain n’est pas encore entré dans l’Histoire"», a-t-elle déclaré, devant plus de 500 personnes réunies au siège du Parti socialiste sénégalais. «Pardon, pardon pour ces paroles humiliantes et qui n’auraient jamais dû être prononcées et -je vous le dis en confidence- qui n’engagent ni la France, ni les Français», a-t-elle ajouté.

L’assistance enthousiaste, en bonne partie constituée de militants socialistes, s’est alors levée pour l’applaudir et l’acclamer.

Le secrétaire d’Etat à la Coopération Alain Joyandet a qualifié d’«irresponsables» les propos de Mme Royal.

«Les déclarations de Mme Royal tenues à l’étranger sont choquantes, irresponsables et antidémocratiques. Elles sont tournées vers le passé», a réagi M. Joyandet dans une déclaration transmise à l’AFP. «Désirs d’avenir, c’est vraiment du passé», a-t-il ajouté, dans une allusion à l’association «Désirs d’avenir» de Mme Royal.

M. Sarkozy avait suscité une vive émotion, le 26 juillet 2007, à l’occasion de son premier déplacement en Afrique subsaharienne, en évoquant notamment «le drame de l’Afrique, (qui est) que l’Homme africain n’est pas assez entré dans l’histoire» ou «le paysan africain qui (…) ne connaît que l’éternel recommencement du temps rythmé par la répétition sans fin des mêmes gestes et des mêmes paroles».

Des intellectuels ont publié depuis plusieurs livres en riposte aux propos de M. Sarkozy, résultant selon eux d’«une vision manichéenne, raciale et paternaliste» de l’Afrique.

«Bien évidemment, vous avez fait l’histoire et vous continuez à la faire et vous l’avez faite bien avant la colonisation, pendant, avant et depuis. Et c’est avec vous que nous allons construire notre avenir» a répliqué Mme Royal.

«Pardon pour le passé, merci pour le passé», a-t-elle poursuivi, 161 ans après l’abolition définitive de l’esclavage en France et 49 ans après l’indépendance du Sénégal, ex-colonie française.

«Pour le meilleur et parfois, hélas, pour le pire, nos histoires ont été liées. Le pire, ce fut l’esclavage (…), le pire aussi ce fut la colonisation dont une partie de la droite a essayé de nous faire croire (…) qu’elle avait des +aspects positifs+», a poursuivi Mme Royal.

La présidente de la région Poitou-Charentes avait débuté son discours par «mes frères et mes soeurs» et s’était présentée comme «une fille de l’Afrique», née il y a 55 ans à Dakar où son père était sous-officier.

«La France républicaine mérite que cesse ce qu’on appelle (…) la +Françafrique+ et l’opacité de décisions prises dans le secret de quelques bureaux pour quelques intérêts particuliers», a-t-elle encore déclaré.

«Nous ne pouvons, nous Français, ni soutenir les dictatures, ni abandonner les démocrates», a insisté Mme Royal, adversaire malheureuse de M. Sarkozy au second tour de la présidentielle de 2007, s’exprimant souvent comme une présidentiable en campagne.

Le premier secrétaire du PS sénégalais, Ousmane Tanor Dieng, a jugé que le discours de Mme Royal avait «réhabilité la France aux yeux des Sénégalais».

En revanche, son programme prévoyait lundi une audience avec le président sénégalais Abdoulaye Wade qui n’a pas eu lieu. L’attachée de presse de Mme Royal a annoncé que l’entretien avait été «reporté» mais la présidence a assuré que «cela n’était pas à l’agenda du président lundi».

Mme Royal doit achever jeudi une visite de cinq jours au Sénégal.

(Source AFP)

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