mardi 7 avril 2009

HCE-FNDD : le bras de fer a-t-il commencé ?









HCE-FNDD : le bras de fer a-t-il commencé ? Convertir en PDF Version imprimable Suggérer par mail
Écrit par MOMS
05-04-2009

Les violents affrontements qui ont opposé le militant du FNDD aux forces de l'ordre jeudi dernier, constituent un tournant dans la crise politique que traverse le pays depuis le coup d'Etat d'août dernier. Les autorités qui avaient été visiblement surprises par le raz-de-maréeImage des militants du RFD au Stade de la Capitale la veille avaient désarçonné les décideurs affidés au RFD. En fait, personne, du moins dans les cercles de décision, ne tablait sur une si importante affluence. Une réunion de sécurité convoquée en urgence aurait scellé la nouvelle orientation du régime.

Et pourtant, le régime a tout à perdre dans l'escalade qu'il envisage d'instaurer. A la place du dialogue et de la concertation, le HCE préfère de dialoguer par les matraques et les lacrymogènes. Retour sur une soirée qui pourrait être le début d'un tournant.

Tout a commencé jeudi dernier, aux environs de 17 heures. Les leaders du FNDD se retrouvent au siège de l'UNAD, juste en face de l'église. Une foule s'amasse dans l'attente de voir les leaders diriger la marche. Une autre partie de militants se retrouve au lieu initialement fixé pour le regroupement : l'Hôpital Sabah. Des unités de police avaient quadrillé les lieux depuis l'aube. Les militants qui n'étaient pas informés du changement du lieu de regroupement se dispersent et s'orientent vers la BMD. Là-bas, des unités de police armées jusqu'aux dents quadrillent les accès au marché. Des débuts de manifestation se forment. L'instruction de se retrouver au siège de l'UNAD pour le départ de la marche fait le tour dans les milieux de l’opposition, et l'affluence commence. Vers 17h 30, les leaders sortent du siège de l'UNAD. Messaoud Ould Boulkheir, Gémil Ould Mansour, Mohamed Ould Maouloud, Ould Bedredine, Bâ Mamadou Alassane, plusieurs députés, et des ministres du régime déchu sont à la tête du cortège. Lequel s'oriente vers le centre ville. C’est alors qu’intervient la police qui scinde la marche en deux, séparant les leaders de la foule. Alors que les têtes de file se dirigeaient résolument vers la BMD, les militants restaient bloqués au niveau de l’église. Le face-à-face entre policiers et manifestants devait durer près de deux heures. De temps en temps, des gaz lacrymogènes étaient parachutés dans la foule qui n’en démordait pas.

Arrivés au niveau de la BMD, les leaders du FNDD seront violemment chargés par la police. Les militants répliquent. Des jets de pierre commencent à pleuvoir. Un corps à corps est engagé. Des blessés tombent. Kebadi Ould Cheikh, député de Boghé est molesté. Il aura le bras gauche fracturé. Messaoud Ould Boulkheir, président de l'Assemblée nationale sera lui aussi mitraillé par un jet de lacrymogènes. Il s'effondre au milieu de la foule. Les militants se ruent pour le secourir et tentent de le placer dans une petite voiture afin de le conduire à l'hôpital. Les policiers se ruent sur la voiture à coups de matraques et de rangers. Les verres de la voiture se cassent sur le troisième personnage de ce qui fut la République.

La police s'oriente alors vers les manifestants qu'elle réprime. Des manifestants tombent. Des policiers s'acharnent sur des femmes et des jeunes avant de s’en prendre à Boubacar Ould Messaoud, Président de SOS-Esclaves, qu’ils rouent de coups. Un groupe de femmes s'interposent et l'arrachent des mains des policiers qui le traînaient avec eux. Le carrefour de la BMD est plein de monde. Des cris fusent de partout. Les leaders blessés sont conduits à l’hôpital par leurs proches tandis que ceux qui s’en étaient sortis sains, reprenaient leurs voitures sous les jets de pierre de policiers.

Au même moment, au marché de la capitale, on signale des heurts entre forces de l’ordre et manifestants. La police réussira malgré tout à prendre le dessus en imposant sa loi partout où elle est intervenue. Au fur et à mesure que la nuit tombait, les ardeurs s’apaisaient. C’est ainsi qu’au crépuscule, la ville reprenait son cours normal, avec des voitures de police placées aux coins des grandes avenues. Pour autant, les leaders du FNDD auront réussi à braver l’interdit en organisant leur marche.

Le lendemain, les proches du leader de SOS-Esclaves devaient accuser le commissaire Ould Negib, commissaire de Tevragh Zeina qui aurait des comptes antérieurs à régler avec leur leader molesté.

Vendredi, une cérémonie d'adhésion de la chanteuse Tahra mint Himbara à l'APP est organisée au siège de ce parti. Les femmes de l'APP et celles du FNDD s'y retrouvent en masse. Une fois la cérémonie achevée, elles improvisent une marche qui sera vite réprimée. Avec autant de violence que celle de la veille.

On le voit donc, le pouvoir se durcit et fait de la force son nouvel leitmotiv. Le clan des faucons du régime qui prône un traitement « à la baroudeur » des opposants serait en passe de l'emporter. Le clan des colombes qui militait pour une solution politique, donnant une mare de liberté aux anti-putsch semble avoir déserté le terrain, désemparé par la déferlante répressive des puissants baroudeurs du régime militaire. Que nous réserve le régime dans les prochains jours ? C'est la question que tout le monde se pose.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Vos commentaires et réactions sont bienvenus. Nous vous prions cependant d'éviter insultes et propos contraires à la morale et à la loi. Le Blog se réserve le droit de retirer tout texte enfreignant à ces règles.